Les messages de soutien affluent du monde entier après l’hospitalisation de Nelson Mandela

L’ancien président sud-africain Nelson Mandela a de nouveau été hospitalisé dans la nuit de vendredi à samedi 8 juin, à Pretoria pour une infection pulmonaire. Ses médecins jugent « préoccupant » l’état de santé du héros de la lutte anti-apartheid, âgé de près de 95 ans, qui respire cependant sans assistance.

Nelson Mandela est âgé de 94 ans. © AFP

Nelson Mandela est âgé de 94 ans. © AFP

Publié le 8 juin 2013 Lecture : 4 minutes.

L’ancien président sud-africain Nelson Mandela a de nouveau été hospitalisé samedi à Pretoria pour une infection pulmonaire, ses médecins jugeant "préoccupant" l’état de santé du héros de la lutte anti-apartheid, âgé de près de 95 ans, qui respire cependant sans assistance.

Cette troisième hospitalisation depuis décembre 2012 du premier président noir sud-africain a suscité des milliers de messages de soutien du monde entier et de ses compatriotes qui semblent cependant s’habituer à l’idée qu’il devra les quitter un jour prochain.

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"Ce matin vers 01H30 (23H30 GMT vendredi) son état s’est détérioré et il a été transféré dans un hôpital de Pretoria. Son état est toujours préoccupant mais stable", a indiqué la présidence sud-africaine dans un communiqué au ton plus grave que lors des précédentes admissions.
Son épouse Graça Machel avait annulé dès jeudi un voyage à Londres prévu ce week-end, et se trouvait samedi à l’hôpital à ses côtés, a indiqué à l’AFP le porte-parole de la présidence Mac Maharaj.

Dans une interview à l’AFP-TV, M. Maharaj a par ailleurs précisé: "C’est une infection pulmonaire, une pneumonie, qui affecte beaucoup de choses dont la respiration. Mais les médecins m’ont dit qu’il respirait sans assistance, donc je pense que c’est un signe positif".
Selon M. Maharaj, Nelson Mandela était déjà traité depuis quelques jours à domicile, "mais très tôt ce matin (samedi), vers 01h30, son état s’est aggravé au point qu’il a été considéré comme nécessaire de l’hospitaliser", a-t-il dit, avant d’ajouter: "Madiba est un combattant, et à cet âge, aussi longtemps qu’il se battra, il ira bien".

Interrogé sur les inquiétudes pour la vie de Nelson Mandela, M. Maharaj a relativisé.
"Au début (lors des hospitalisations précédents ndlr) nous étions très anxieux, cette fois, notre anxiété est tempérée par une certaine compréhension de son âge et de sa fragilité (…) Nous n’avons pas besoin d’être trop inquiets, nous avons juste besoin de continuer à réfléchir à la façon dont sa vie a fait de nous des gens meilleurs".

Une forme de fatalisme

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Cette forme de fatalisme se reflétait dans les commentaires innombrables sur les réseaux sociaux, où nombre de gens demandaient simplement qu’on laisse en paix un très vieil homme qui a atteint la limite de sa vie.

"J’ai été choqué d’entendre ce matin à la radio qu’il était de nouveau à l’hôpital", a commenté Malunga Mbokodi, 62 ans, un habitant de Qunu, le village de Mandela dans la province du Cap oriental: "Je crois que nous devons simplement accepter que Mandela est vieux et qu’il va bientôt nous quitter", a-t-il ajouté, cité par l’agence Sapa.

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Sur Twitter, Natt Turner résumait une opinion très largement partagée en lançant: "La vie continue, nous devons accepter que nous partirons tous un jour. Personne n’est immortel, même pas Madiba, avec tout mon respect…"

Dès l’annonce de son hospitalisation, les messages de soutien ont commencé à affluer, venus des partis politiques et corps constitués, mais aussi, par milliers, des anonymes sur les réseaux sociaux.
Twitter bruissait samedi matin de messages dans toutes les langues du monde, souhaitant un prompt rétablissement au prix Nobel de la paix 1993, preuve s’il en fallait de son aura mondiale.

"Mes pensées sont avec Nelson Mandela, hospitalisé à Pretoria", a tweeté le Premier ministre britannique David Cameron.

Parmi les anonymes, les messages d’encouragement et d’amour étaient très majoritaires: "(@frenchclare) Tiens bon Madiba, nous avons besoin que ton âme lumineuse brille encore et encore sur ce monde amer. Nous t’aimons".

"Il a été un leader tellement incroyable, et une source d’inspiration pour tout le monde, je pense", a déclaré pour sa part Bill Gates, le cofondateur de Microsoft, sur la BBC.

L’ANC, l’ancien parti de Mandela, toujours au pouvoir en Afrique du Sud, a appelé le monde à s’associer aux prières des Sud-Africains: "Nous allons garder le président Mandela et sa famille dans nos pensées et nos prières et appeler les Sud-Africains et les citoyens du monde entier à faire de même pour notre bien-aimé homme d’Etat et icône, Madiba".

Madiba, comme l’appellent affectueusement ses compatriotes, doit fêter ses 95 ans le 18 juillet. Il est apparu très affaibli sur les dernières images de lui qui ont filtré fin avril, à l’occasion d’une visite à son domicile des plus hauts dirigeants du pays.

On y voyait le vieil homme assis sur un fauteuil, les jambes cachées par une couverture, posées à plat sur un repose-pieds. Son visage semblait de cire et n’exprimait aucune émotion, alors que ses visiteurs plaisantaient autour de lui. A un moment, il semblait prononcer un mot.

Le héros de la lutte contre le régime ségrégationniste de l’apartheid avait été hospitalisé pour la dernière fois fin mars début avril, pendant dix jours, également pour une infection pulmonaire récurrente, probablement liée aux séquelles d’une tuberculose contractée pendant son séjour sur l’île-prison de Robben Island, au large du Cap.

C’est dans ce bagne qu’il avait passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime de l’apartheid, cassant des cailloux dans une poussière qui a durablement endommagé ses poumons.

Mandela, bien que totalement retiré de la vie publique depuis des années, n’en reste pas moins vénéré par tout un peuple, pour avoir réussi à éviter une explosion de violence raciale lors du passage entre le régime ségrégationniste et la démocratie en 1994.

Cette transition réussie lui a valu le prix Nobel de la paix en 1993, partagé avec le dernier président de l’apartheid, Frederik De Klerk.

L’archevêque Desmond Tutu, autre figure majeure de la lutte anti-apartheid et lui aussi prix Nobel de la paix, l’a qualifié un jour d’"icône mondiale de la réconciliation".

(AFP)

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