Au Niger, mise en service d’un oléoduc géant vers le Bénin
Le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine, nommé par les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger, a assisté mercredi 1er novembre à la mise en service d’un oléoduc géant devant acheminer du brut des gisements de pétrole du Sud-Est jusqu’au Bénin.
La fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin, à la suite des lourdes sanctions imposées par la Cedeao après le coup d’État du 26 juillet à Niamey, n’a pas empêché l’inauguration de cet oléoduc géant. Long de près de 2 000 km, il doit permettre au Niger d’écouler pour la première fois son brut sur le marché international, via le port de Sèmè au Bénin voisin.
« Les ressources issues de l’exploitation (…) seront destinées exclusivement à assurer la souveraineté et le développement de notre pays sur la base d’un partage équitable aux populations », a déclaré Ali Mahaman Lamine Zeine lors de la cérémonie de mise en service.
Bintou Camara et Simon Pierre Bossi, respectivement ministres de l’Énergie du Mali et du Burkina Faso, étaient présents à la cérémonie organisée sur le site pétrolier de l’Agadem, à plus de 1 700 km de Niamey, dans l’est désertique de la région de Diffa. Seuls le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des militaires, se montrent solidaires du Niger en maintenant leurs frontières ouvertes.
200 000 barils par jour en 2026
Lancé en 2019, le chantier du pipeline était censé s’achever en 2022. Mais la pandémie de Covid-19 l’a ralenti, avait expliqué à l’AFP la West African Oil Pipeline Company (Wapco), maître d’ouvrage. Au total, six milliards de dollars ont été investis, dont 4 pour développer les champs pétroliers (dans l’Agadem) et 2,3 pour la construction de l’oléoduc, selon le gouvernement nigérien.
Ces investissements ont permis de porter la production pétrolière du Niger à 110 000 barils par jour, sur lesquels 90 000 barils doivent être exportés. Le brut est extrait par la China National Petroleum Corporation (CNPC).
Officiellement, les réserves du Niger « tournent autour de deux milliards de barils ». Et selon les projections officielles, il produira 200 000 barils par jour en 2026. En 2022, les autorités nigériennes estimaient que les exportations devraient « générer le quart du PIB du pays » (plus de 13,6 milliards de dollars en 2020 selon la Banque mondiale) et « à peu près 50% des recettes fiscales du Niger ». Alors que la croissance du PIB devait atteindre 6% en 2023, stimulée par les exportations attendues de pétrole, elle pourrait tomber à 2,3% « si les sanctions internationales se poursuivent jusqu’à la fin de l’année », estime la Banque mondiale.
(Avec AFP)
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