Présidentielle en Mauritanie : Ghazouani défend son bilan face à la presse

Le chef de l’État mauritanien s’est livré le 30 octobre au délicat exercice de l’interview, cette fois avec des médias mauritaniens, une première.

Le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le 30 octobre 2023. © AMI.

Le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le 30 octobre 2023. © AMI.

Publié le 2 novembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Si Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani fait toujours mystère de son souhait de briguer un second mandat, il s’affiche pourtant comme un candidat en pré-campagne. Ce 30 octobre, le chef de l’État mauritanien a reçu pour la première fois au palais présidentiel cinq médias nationaux (Alakhbar, Cridem, Essahra, Le Rénovateur et Sahara Médias) afin de leur accorder une interview. Depuis son arrivée au pouvoir, en août 2019, il ne s’était exprimé que dans les colonnes de la presse internationale, ce qui lui était régulièrement reproché.

Résultats et champ gazier

Lors de cet entretien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani n’a pas fait de révélations, ni de grandes déclarations. Jugé trop distant, il s’est cette fois efforcé de répondre aux questions qui préoccupent aujourd’hui les Mauritaniens, à moins d’un an de l’élection présidentielle, prévue en juin 2024. « J’ai trouvé le pays dans une situation difficile [aggravée] par la crise liée au Covid-19 et les dramatiques conséquences de la guerre en Ukraine », a déclaré d’entrée de jeu l’ancien chef d’état-major des armées.

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Sa politique économique a selon lui porté ses fruits, puisqu’elle a permis de « renouer avec la croissance [de -0,9 % à la fin de 2020 à 6,4 % en 2022], [de] réduire le taux de l’endettement extérieur et [de] renforcer la confiance des partenaires et des investisseurs ».

Toujours sur le plan économique, le président a assuré que le britannique BP, avec qui la Mauritanie est partenaire sur le champ gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé avec le Sénégal, « s’est engagé à faire le maximum pour accélérer les travaux restants et prévoit un début de production à la fin du premier semestre de 2024 ». Le pays a par ailleurs signé, en octobre 2022, toujours avec BP, un contrat de partage de production du champ gazier mauritanien Bir Allah, dont la prochaine évaluation devrait avoir lieu sous peu.

La fin de l’impunité ?

Interrogé sur la question de savoir si le procès de l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz marque la fin de l’impunité, son successeur a rappelé qu’une « nouvelle stratégie de lutte contre la gabegie et la corruption » a été mise en place au tout début de son mandat, « marquée par le refus systématique de la partialité et du règlement de comptes ». Selon lui, tous les responsables impliqués dans de telles pratiques ont été sanctionnés, « suivant la gravité des faits qui leur sont reprochés […], certes sans tapage ni publicité ».

Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a ensuite été questionné sur un sujet sensible, à savoir sa position à la suite de la polémique liée au projet de loi relatif à « la lutte contre les violences à l’égard de la femme et de la fille », dite Al Karama (« dignité »). Ce texte suscite le courroux des imams et des oulémas, qui estiment qu’il contrevient aux principes de l’islam. Le président a tenu à rappeler que de nombreux efforts ont été faits, notamment pour la « consolidation de la participation politique des femmes ».

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Quant au « draft de projet de loi », il a expliqué que celui-ci vise à « réfléchir aux mesures les plus à même de préserver encore la dignité des femmes et de les protéger contre les violences de toute sorte ». Il a toutefois tenu à « rassurer » l’opinion : tout texte de loi qui enfreint « ne serait-ce que de manière infime ou collatérale les préceptes de notre sainte religion » sera déclaré anticonstitutionnel.

Chômage des jeunes

Questionné sur l’exil des jeunes Mauritaniens, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a enjoint ces derniers à se « libérer de tous les stéréotypes stigmatisant certaines professions et métiers », qui proposent de « nombreuses opportunités d’emplois dans des secteurs prometteurs ». Il s’est dit persuadé de « réussir à inverser la courbe du chômage » grâce à la politique actuellement mise en place, visant à faciliter l’accès des jeunes à des financements adaptés et à développer des outils d’accompagnement entrepreneurial. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), le chômage touche près d’un jeune Mauritanien sur trois (31 %).

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Enfin, quant aux difficultés que rencontrent depuis plusieurs années « la majorité des Négro-Mauritaniens » pour se faire enrôler, il a répondu que « le gouvernement est résolument engagé à mettre en place tous les moyens nécessaires pour que l’opération soit couronnée de succès ». Une campagne a en effet été mise en place dans toutes les communes du pays afin d’apporter un appui aux populations qui ne parviennent pas à accéder à l’état civil biométrique. « Je peux vous assurer que tout sera mis en œuvre pour que chaque citoyen mauritanien soit enrôlé. »

Quant à la question de savoir s’il compte briguer un second mandat, Ghazouani a préféré ne pas se dévoiler totalement. « Servir mon peuple est toujours un honneur pour moi », a-t-il glissé.

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