En Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa veut surfer sur la victoire des Springboks

Le président sud-africain a truffé d’allusions électoralistes la célébration de son équipe nationale championne du monde de rugby… Il pense déjà aux délicates élections générales en avril prochain

Cyril Ramaphosa s’est fendu d’un discours, le 30 octobre, mêlant célébration de ses champions du monde et ambitions politiques. © Damien Glez

Cyril Ramaphosa s’est fendu d’un discours, le 30 octobre, mêlant célébration de ses champions du monde et ambitions politiques. © Damien Glez

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Publié le 2 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Le populisme sportif est parfois de bonne guerre. Quel chef d’État en quête de réélection ne surferait pas sur une performance internationale de son équipe nationale ? Après la victoire de l’Afrique du Sud à la Coupe du monde de rugby –12 à 11 contre la Nouvelle-Zélande, le 28 octobre dernier–, Cyril Ramaphosa s’est fendu d’un discours télévisé, le 30 octobre. Une adresse à la nation tendant à galvaniser une population enthousiaste habituellement plutôt démoralisée. Le président sud-africain doit affronter des élections générales en avril prochain…

Le chef de l’État a décrété un jour férié, le 15 décembre, et a surtout mis en avant des réalisations de son mandat qui donneraient, selon lui, des « raisons d’espérer ». Difficile, pour autant, de nier les difficultés actuelles d’un pays pourtant considéré comme l’une des deux puissances économiques majeures d’Afrique subsaharienne, avec le Nigeria. Le taux de chômage du pays s’élèverait à 42 % de la population active, soit le plus élevé du monde. La Banque mondiale considère, dans son dernier rapport « Africa Pulse », que la croissance 2024 du pays devrait se situer autour de 0,5 %, contre 2,5% pour l’ensemble d’un continent dont Pretoria est pourtant censé être une locomotive.

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« Refusons d’abandonner »

L’économie sud-africaine est notamment plombée par un taux de pauvreté élevé et des coupures d’électricité récurrentes qui minent la productivité… Ce tableau déprimant étant susceptible de faire perdre au parti présidentiel la majorité au Parlement – et donc la présidence du pays –, pour la première fois depuis l’ère Mandela, c’est dans le registre de la « résilience » que Ramaphosa a puisé ce qui apparaît comme un discours d’entrée en campagne. Pour lui, les performances des Springboks à la Coupe du monde « ont témoigné de leur résilience et de leur détermination ». Et d’appeler le peuple galvanisé par le sport à être « uni ». Uni derrière sa candidature ?…

Pour le président sud-africain, les causes des difficultés économiques seraient exogènes et les actions de son régime déjà porteuses d’espoir. Il assure que « l’approvisionnement en électricité s’améliore, que des emplois sont créés, que les coupables de capture de l’État sont traduits en justice et que des efforts sont en cours pour restaurer les systèmes logistiques du pays aux normes de classe mondiale”. Comme un rugbyman champion du monde, « refusons d’abandonner », a conclu l’orateur présidentiel…

Non seulement le Congrès national africain (ANC) est en mauvaise posture, mais Cyril Ramaphosa n’a pas manqué d’être contesté en son sein, après que le Parlement avait évoqué, début décembre dernier, l’éventuel déclenchement d’une procédure de destitution. Le parti de Madiba l’avait finalement remis en selle, validant la perspective d’un nouveau mandat à la tête du pays. En selle sur un étalon capable de gagner la course ?

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