Syrie : attentat meurtrier à Damas, la bataille fait rage à Qousseir

Un attentat à la voiture piégée a tué neuf policiers dimanche à Damas, au moment où la bataille de Qousseir, lancée il y a deux semaines, faisait rage avec des bombardements systématiques de l’armée sur les positions rebelles.

Photo prise au téléphone portable le 2 juin 2013 et montrant des tanks syriens. © AFP

Photo prise au téléphone portable le 2 juin 2013 et montrant des tanks syriens. © AFP

Publié le 2 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

Alors que la guerre ne donne aucun signe de répit, la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie doit présenter mardi un rapport qualifié de "terrifiant", à la veille d’une réunion à Genève ONU-Russie-Etats-Unis pour préparer une conférence de paix qui pourrait avoir lieu en juillet selon Paris. Le régime a donné son accord de principe pour participer à cette conférence initiée par Washington et Moscou, mais l’opposition a exigé au préalable le départ du président Bachar al-Assad et l’arrêt des combats, particulièrement ceux impliquant le Hezbollah libanais aux côtés de l’armée à Qousseir.

Après quelques semaines de répit dans les attentats à la voiture piégée à Damas, une attaque de ce type a frappé le matin le quartier de Jobar, dans l’est de la capitale, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). "Au moins neuf membres des forces du régime ont été tués après une forte explosion provoquée par une voiture piégée près d’un commissariat de police", a déclaré à l’AFP le chef de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

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L’attentat, qui n’a pas été revendiqué, ressemble aux nombreuses attaques similaires perpétrées par les jihadistes du Front al-Nosra, fer de lance des rebelles qui a fait allégeance à Al-Qaïda, a précisé l’OSDH. L’agence officielle syrienne Sana a confirmé l’explosion d’une voiture piégée, en évoquant un bilan de 10 civils blessés.

Le quartier était dimanche le théâtre de combats intenses entre armée et rebelles, a ajouté l’OSDH, qui s’appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires. Après avoir reçu de nouveaux renforts à Qousseir, les troupes du régime appuyées par des centaines de combattants du Hezbollah resserraient davantage l’étau autour des rebelles, désormais retranchés dans le nord de cette ville stratégique située près de la frontière libanaise, a précisé l’OSDH.

Rapport "terrifiant"

Les troupes du régime bombardaient par avion et à l’artillerie lourde les positions rebelles dans le nord de la ville et à la périphérie, selon la même source. L’armée et le Hezbollah ont lancé le 19 mai l’assaut contre cette ville, longtemps place forte de la rébellion, qu’ils cherchent à prendre pour ouvrir un passage sûr entre Damas et le littoral syrien, base arrière du régime.

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Devant le déluge de feu sur la cité, l’ONU s’est inquiété pour les civils pris au piège en parlant d’une situation générale "désespérée" dans la ville. L’OSDH a fait état de milliers de civils et d’un millier de blessés bloqués à Qousseir. Alors que la communauté internationale s’est régulièrement inquiétée des crimes de guerre commis en Syrie où les violences ont fait plus de 94.000 morts depuis mars 2011, Paulo Pinheiro, président de la commission d’enquête internationale et indépendante de l’ONU, a prévenu que le rapport qu’il doit présenter mardi était "terrifiant".

La magistrate suisse Carla Del Ponte, membre de cette commission créée en 2011, a évoqué des crimes "d’une cruauté incroyable". "Je n’ai jamais vu ça, y compris en Bosnie", a ajouté Mme Del Ponte, ancien procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, pour qui le rapport dénoncera, comme les précédents, des crimes "commis des deux côtés". Dénonçant "la combinaison de sectarisme, de radicalisation, d’escalade des violations des droits de l’Homme", M. Pinheiro a estimé que la Syrie était désormais plongée dans "un confit régionalisé et même internationalisé".

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Sur les efforts pour tenir une conférence de paix, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a affirmé que cette réunion, initialement annoncée pour juin, serait celle de "la dernière chance" et pourrait se tenir "en juillet". Et devant une foule nombreuse massée place Saint-Pierre au Vatican, le pape François a lancé un appel pressant aux responsables de prises d’otages en Syrie pour qu’ils fassent preuve d’"humanité" et libèrent leurs prisonniers, qu’il s’agisse d’enlèvements politiques ou confessionnels ou encore de séquestration de journalistes. Enfin, tout près de la frontière libanaise, un membre du Hezbollah et plusieurs rebelles ont été tués dans des affrontements samedi soir, alors que deux nouvelles roquettes tirées de Syrie sont tombées au Liban.

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