Gaza encerclé, Blinken attendu en Israël puis en Cisjordanie
Après une semaine de combats dans le nord de la bande de Gaza, les soldats israéliens sont parvenus où se trouve le « centre de l’organisation terroriste Hamas ». Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est attendu ce 3 novembre en Israël, pour appeler à des « mesures concrètes » afin d’épargner les civils. Plus de 1 400 Israéliens, selon les autorités, et plus de 9 000 Palestiniens, selon le Hamas, ont été tués depuis l’attaque du 7 octobre.
Israël a annoncé avoir encerclé la ville de Gaza après une semaine de combats au sol et des frappes meurtrières sur le territoire palestinien, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, attendu ce 3 novembre en Israël, appelant à des « mesures concrètes » pour épargner les civils.
Le secrétaire d’État américain débute sa deuxième tournée au Proche-Orient depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas le 7 octobre, sur fond de craintes d’un embrasement régional. « Nous allons parler de mesures concrètes qui peuvent et doivent être prises pour minimiser les dommages causés aux hommes, aux femmes et aux enfants de Gaza », a déclaré Blinken avant de quitter Washington.
Crainte d’un embrasement
La visite de Blinken, qui doit ensuite se rendre en Jordanie, intervient à un moment où les craintes d’un embrasement sont au plus haut. Le président Joe Biden s’était dit le 1er novembre favorable à une « pause » dans la guerre, même si Washington ne soutient pas les appels à un cessez-le-feu.
Israël a annoncé avoir mené une « vaste frappe » le 2 novembre dans le sud du Liban sur des cibles du Hezbollah, allié du Hamas, en riposte à des tirs qui ont visé son territoire. Cette frappe a fait quatre morts dans les rangs du Hezbollah, selon la formation chiite libanaise. Le discours de son chef Hassan Nasrallah, prévu à 13 h GMT lors d’une cérémonie pour honorer les « martyrs » du mouvement, est attendu avec appréhension au Liban mais aussi dans la région. Il s’agit de son premier discours depuis le début du conflit et il doit indiquer si sa formation, soutenue par l’Iran, entrera de plain-pied dans le conflit.
À la frontière israélo-libanaise, les accrochages armés quotidiens ont fait 70 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte, dont 52 combattants du Hezbollah et au moins sept civils. Huit soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités.
« Siège complet »
En Israël, au moins 1 400 personnes ont été tuées selon les autorités depuis le début de la guerre, en majorité des civils. Plus de 240 personnes ont été prises en otages. Depuis le 9 octobre, le « siège complet » imposé par Israël à la bande de Gaza prive la population de livraisons d’eau, de nourriture et d’électricité. Le territoire était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
Les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza vivent sous les bombardements menés par Israël, qui a promis « d’anéantir » le Hamas. Selon ce dernier, plus de 9 000 personnes, dont 3 760 enfants, ont depuis été tuées dans les frappes israéliennes sur la bande de Gaza.
Après une semaine de combats acharnés dans le nord du territoire, les soldats israéliens ont « achevé l’encerclement de la ville de Gaza », où se trouve le « centre de l’organisation terroriste Hamas », a annoncé le porte-parole de l’armée Daniel Hagari. « Nous sommes au cœur de la campagne [militaire], nos succès sont impressionnants », s’est félicité le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou le 2 novembre lors d’une visite sur une base militaire près de Tel-Aviv. Le dirigeant a toutefois reconnu que l’opération est « difficile » et qu’Israël enregistre des « pertes douloureuses ». L’armée a fait état de 332 soldats tués depuis le 7 octobre.
Des vidéos postées par le Hamas montrent des combattants du groupe islamiste surgissant de tunnels pour attaquer les chars israéliens dont la progression est rendue difficile par les destructions. Pour la branche armée du Hamas, « Gaza constituera une malédiction pour Israël ». Les Israéliens doivent s’attendre au « retour de davantage de [leurs] soldats dans des sacs noirs », a averti le 2 novembre le porte-parole des brigades al-Qassam.
L’armée israélienne a indiqué avoir procédé à de nouvelles frappes à Gaza au cours de la nuit du 2 au 3 novembre et y avoir combattu « un certain nombre d’unités terroristes » qui ont fait usage de « missiles anti-chars » et d’« IED » (engins explosifs improvisés).
Premières évacuations
Depuis la mi-octobre, l’armée israélienne appelle la population à fuir le nord de la bande de Gaza, notamment la ville de Gaza, très densément peuplée, où les bombardements ont rasé des quartiers entiers et où se concentre l’essentiel des opérations militaires.
Le 2 novembre, selon un nouveau bilan de l’ONU, 60 Palestiniens blessés ainsi que quelque 400 étrangers ont pu quitter Gaza via Rafah, seule fenêtre sur le monde pour le territoire assiégé par Israël et plongé dans une situation humanitaire catastrophique. Un premier contingent de plus de 400 personnes avait été évacué mercredi. L’Egypte a affirmé se préparer à accueillir jusqu’à « 7 000 » étrangers.
Israël a par ailleurs annoncé dans la nuit du 2 au 3 novembre renvoyer à Gaza tous les travailleurs gazaouis qui se trouvaient sur son sol au moment de l’attaque du Hamas – soit jusqu’à 4 000 personnes, ont évalué des médias israéliens.
« Grave risque de génocide »
La guerre a également exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où quelque 130 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l’Autorité palestinienne. De nouvelles manifestations sont prévues à travers la Cisjordanie en marge de la prière du vendredi.
Plus de 370 camions d’aide humanitaire sont arrivés depuis le 21 octobre dans la bande de Gaza selon l’ONU, qui réclame une aide plus massive. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé le 2 novembre que 14 hôpitaux sur un total de 36 et deux centres spécialisés n’étaient plus opérationnels, en raison de la guerre et du manque de carburant.
Selon le Hamas, des frappes israéliennes, le 31 octobre et le 1ᵉʳ novembre, sur le camp de réfugiés de Jabaliya, le plus grand de la bande de Gaza, dans le nord du territoire, ont fait 195 morts et 120 disparus. Le Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a estimé que les bombardements sur ce camp, qui abrite 116 000 réfugiés, pourraient constituer « des crimes de guerre ».
Par ailleurs, des experts de l’ONU, dont la rapporteure spéciale sur la situation des droits humains dans les Territoires palestiniens occupés, ont estimé jeudi que le peuple palestinien « court un grave risque de génocide ».
(avec AFP)
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