Brice Clotaire Oligui Nguema : putschiste, président et… bâtisseur
Au Gabon, les nouvelles tenues vestimentaires du chef de la transition ont fait couler beaucoup d’encre. Mais le général tombeur d’Ali Bongo Ondimba ne veut pas en rester là : il entend aussi s’attaquer à des projets d’infrastructures.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 3 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.
Les putschistes se suivent et ne se ressemblent pas… tout à fait. Les dernières apparitions et déclarations de Brice Clotaire Oligui Nguema inspirent ainsi deux types de réflexions aux Gabonais. Les journalistes locaux n’ont pas manqué de noter que l’ancien commandant de la Garde républicaine gabonaise a commencé à arborer un costume-cravate de politicien. Le général à l’uniforme écarlate se « civilise » donc, comme son collègue malien Assimi Goïta.
Ce dernier enfile parfois un boubou, occasion pour laquelle il taille généralement sa barbe. Comme pour conjurer le sort qui s’était abattu sur le Burkinabè Paul-Henri Sandaogo Damiba – renversé peu de temps après avoir enfilé sa tenue de ville lors de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations unies –, son successeur, Ibrahim Traoré, ne quitte quant à lui jamais un treillis sous lequel les bookmakers de la silhouette croient deviner un embonpoint naissant…
Apprenti politicien ?
Mais il n’y a pas que la tenue de Brice Clotaire Oligui Nguema qui interroge. Légèrement moins chahuté que les autres putschistes, l’actuel chef de l’État gabonais n’a pas encore annoncé la date à laquelle il envisageait de quitter le pouvoir. Or, si le sigle CTRI (Comité pour la transition et la restauration des institutions) de sa junte n’évoque qu’une « transition » et une « restauration des institutions », l’apparition du dirigeant gabonais le 31 octobre dernier transpirait des ambitions à plus long terme.
Ce mercredi, le général en costume confiait en effet au secrétaire général du Conseil supérieur de l’Ordre gabonais des architectes la mission de réfléchir à la construction d’une nouvelle capitale pour le Gabon. Jean Noël Ngokouba doit plancher sur un projet de « Libreville 2 ». La formule avait été lancée, au cours de la campagne présidentielle, par le candidat Gervais Oniane, aujourd’hui haut représentant personnel du chef de l’État.
Par ailleurs, Brice Clotaire Oligui Nguema entend relancer l’érection d’un nouvel aéroport longtemps annoncé par Ali Bongo Ondimba – qui, lui, tentait bien d’inscrire ses mandats dans la durée. Et le projet ne saurait voir le jour sans un large aménagement des voiries urbaines et des voies de contournement. Avec ces réalisations qualifiées de « prioritaires » et devant être concrétisées « dans des délais raisonnables », la présidence entend « mettre en musique la vision de développement du président de la République ».
En se rêvant publiquement en bâtisseur, l’ancien partisan de la dynastie Bongo révèle-t-il son intention de s’éterniser au pouvoir, que cela soit à travers une transition à durée indéterminée ou via une reconversion personnelle en homme politique, une fois les treillis de retour dans leurs casernes ? C’est la question que se posent aujourd’hui tous les Gabonais.
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