En RDC, la défense de Stanis Bujakera Tshiamala ferraille contre le procureur
Les avocats de notre correspondant en RDC, détenu depuis le 8 septembre, ont réfuté les accusations portées à son encontre et formulé une nouvelle demande de liberté provisoire.
Voilà bientôt deux mois que Stanis Bujakera Tshiamala, correspondant de Jeune Afrique en RDC, est détenu. Arrêté le 8 septembre à l’aéroport de Ndjili, il a depuis été incarcéré à la prison de Makala, à Kinshasa, et est jugé pour un article publié sur notre site concernant le meurtre de l’ancien ministre et député congolais, Chérubin Okende.
Au centre de son procès, une note attribuée à l’Agence nationale de renseignement (ANR) revenant sur les circonstances de la mort de ce proche de Moïse Katumbi, tué mi-juillet à Kinshasa, et dont s’était fait l’écho cet article publié le 31 août. Celui-ci ne porte pas la signature de notre confrère, mais celle de Jeune Afrique.
L’authenticité de cette note a été démentie par les autorités congolaises dans un courrier adressé à Jeune Afrique le 9 septembre, au lendemain de l’arrestation de notre confrère qui est désormais accusé de l’avoir lui-même fabriquée et d’en avoir été le premier diffuseur. Lors des débats, la défense a récusé le rapport du ministère public selon lequel le document incriminé a été partagé pour la première fois par le journaliste, et a demandé une contre-expertise.
Le procureur hostile à sa libération
Le procureur, Serge Bashonga, hostile à la libération du journaliste, s’est aussi opposé à une contre-expertise, estimant que cette demande « vise à retarder l’issue du procès, alors que le peuple congolais attend de connaître la vérité sur cette affaire ». « Le peuple congolais attend plutôt de connaître les résultats du rapport sur l’assassinat de Chérubin Okende, il veut savoir qui a tué Okende », lui a rétorqué Me Jean-Marie Kabengela, rappelant que Serge Bashonga fait partie de l’équipe d’enquête sur la mort de l’opposant.
Le tribunal a promis de se prononcer sur les deux demandes et prévu de poursuivre le procès dans deux semaines. Ouvert le 13 octobre, ce procès se tient devant le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe, siégeant dans l’enceinte de la prison de Makala.
« Solidarité envers Stanis »
Lors de cette troisième audience, des militants de mouvements citoyens étaient présents. « Nous étions là pour exprimer notre solidarité envers Stanis, lui dire de rester confiant », a déclaré Rebecca Kabuo, militante de Lutte pour le changement (Lucha).
« L’emprisonnement est une épreuve difficile, qui nécessite le soutien de ceux qui sont à l’extérieur afin de continuer la lutte », a ajouté la militante, elle-même détenue pendant six mois en 2016, lorsque son mouvement demandait le départ du président d’alors, Joseph Kabila.
L’arrestation de Stanis Bujakera Tshiamala, également directeur adjoint de publication du site congolais d’informations Actualité.cd et correspondant de l’agence Reuters, intervient dans un contexte politique tendu, à l’approche de la présidentielle du 20 décembre à laquelle le chef de l’État Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis 2019, est candidat à un second mandat.
(Avec AFP)
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