Au Burkina Faso, les opposants d’Ibrahim Traoré réquisitionnés pour la lutte antijihadiste
Une association burkinabè de défense des droits humains a dénoncé dimanche une « réquisition massive et ciblée de citoyens » critiquant la politique des autorités de transition.
« C’est avec indignation que le MBDHP [Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples] apprend que, pour la énième fois, le MPSR [Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, au pouvoir] procède, en ce moment même, à une réquisition massive et ciblée de citoyens, en application du décret portant mobilisation générale », a écrit l’association dans un communiqué.
Ces « réquisitions opérées par le MPSR concernent, pour l’essentiel, des membres du collectif d’organisations syndicales et de la société civile ayant annoncé la tenue d’un meeting le 31 octobre dernier à la bourse du travail de Ouagadougou, ainsi que des journalistes, leaders d’opinion et hommes politiques critiques sur la gestion actuelle des affaires de notre pays », précise le MBDHP.
Une quinzaine de syndicats réunis au sein de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B) avaient lancé un appel à se rassembler le 31 octobre pour dénoncer des « restrictions de libertés ». Une manifestation finalement interdite par la mairie de la capitale burkinabè, qui invoquait le « contexte sécuritaire » dans ce pays miné par les violences jihadistes.
La CGT-B a également dénoncé dimanche dans un communiqué des « réquisitions arbitraires » et « note un acharnement contre des citoyens ayant exprimé des opinions critiques vis-à-vis des autorités de la transition ». Elle s’est également indignée d’une « application punitive et sélective » du décret portant mobilisation générale.
Arrivé au pouvoir par le biais d’un coup d’État en septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré avait signé, en avril 2023, un décret de « mobilisation générale » d’une durée d’un an permettant, si besoin, de réquisitionner des « jeunes de 18 ans et plus » pour lutter contre les jihadistes.
Plusieurs cas d’enlèvements
Selon le MBDHP, ce décret « a été spécialement conçu et adopté non pas pour contribuer à la lutte contre le terrorisme mais pour réprimer toute personne émettant un avis sur la gestion actuelle de notre pays, qui ne rencontrerait pas l’assentiment des puissants du moment ».
Par ailleurs, plusieurs cas d’enlèvements ont été rapportés ces derniers mois par des sources locales à Ouagadougou. En avril, une autre organisation syndicale, l’Unité d’action syndicale, avait exigé la libération de personnes « enrôlées de force » comme Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils de l’armée.
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique, lesquels sont à l’origine de plus de 17 000 morts, civils et militaires, et de près de deux millions de déplacés internes.
(avec AFP)
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