Comment la montée des eaux va transformer l’Afrique
COP28 : la difficile bataille contre l’érosion côtière
De Casablanca à Dar es-Salaam, en passant par Dakar et Lagos, la montée du niveau de la mer sera au centre des débats qui commenceront le 30 novembre à Dubaï. Décryptage en infographies.
En Afrique, c’est déjà une réalité face à laquelle les populations côtières doivent s’adapter, tant bien que mal. Écoles, maisons, cimetières… Du Sénégal au Bénin en passant par le Maroc, des pans entiers de quartiers sont peu à peu grignotés par les eaux. Parfois, il s’agit de monuments historiques ou naturels, inscrits au patrimoine de l’humanité, à l’image des sites archéologiques dans le nord du Sinaï, en Égypte, ou du parc national du Sine Saloum, dans le sud du Sénégal.
Une étude publiée en 2022 dans la revue Nature Climate Change dresse un constat plus qu’alarmant : sur les 284 sites du patrimoine africain, 56 sont menacés par la montée des eaux dans le siècle à venir. Quelles sont les causes de ce phénomène ? Elles sont multiples, mais ont toutes en commun d’être causées par l’activité humaine. Le phénomène d’élévation du niveau de la mer est dû aux effets combinés de la fonte des glaces continentales et de la calotte glacière, ainsi que l’élévation de la température des mers. En se réchauffant, la mer « gonfle » et le niveau de l’eau monte.
Un phénomène potentiellement dévastateur en Afrique de l’Ouest, ou un tiers de la population vit en zone côtière. « Pour l’instant, l’érosion en Afrique de l’Ouest est principalement due au déficit de sable provoqué par la mise en place de barrages hydroélectriques, qui provoquent un déficit de sédimentation », explique Rafael Almar, océanographe physicien à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). « L’apport de sable a ainsi largement diminué dans les rivières. Quant aux inondations qui frappent les zones côtières, elles peuvent être dues au défrichement de la mangrove dans les estuaires, mais aussi engendrées par l’urbanisation galopante. »
1 m d’ici à 2100
Expert au sein du programme « WACA-VAR » (Zones côtières d’Afrique de l’Ouest), le chercheur participe à la cartographie des impacts du changement climatique dans cette région. Avec trois axes d’étude majeurs : vulnérabilité, adaptabilité et résilience. « Les côtes ouest-africaines sont des zones sableuses et très basses, ce qui les rend très mobiles et sujettes à l’érosion. Ces côtes s’inondent rapidement et sont donc sensibles à tout changement. »
Selon les estimations du Giec, la hausse du niveau des mers devrait atteindre près d’un mètre d’ici à 2100 dans le cas d’un scénario de réchauffement climatique à +4°C. Sur le court terme, ce sont entre 108 et 116 millions d’Africains résidant sur les zones côtières qui seront exposés dès 2030. Et la dynamique s’accélère : ils seront 265 millions à y vivre d’ici à 2100. Existe-t-il des pistes pour résoudre cette équation ? Rendez-vous ce jeudi 9 novembre, dans le second volet de cette analyse en infographie pour le savoir.
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