France-Algérie : l’opposant Amir DZ définitivement à l’abri d’une extradition
Le blogueur et opposant, qui a fait l’objet de neuf mandats d’arrêts internationaux lancés par des juges algériens et dont le président Tebboune avait directement demandé l’extradition à Emmanuel Macron, vient d’obtenir le statut de réfugié politique en France.
La perspective de voir les autorités algériennes obtenir l’extradition d’Amir Boukhors, alias Amir DZ, 40 ans, présenté comme opposant, blogueur ou encore lanceur d’alerte, est définitivement tombée à l’eau maintenant que l’intéressé a obtenu le statut de réfugié politique en France. Dans une décision qui lui a été notifiée le 2 octobre dernier, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a donné un accord favorable à la demande d’asile politique qu’il avait déposée le 2 février 2021.
Action en faveur de la liberté
L’octroi de ce statut est motivé par les dispositions de l’article 511-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. Celui-ci stipule que la qualité de réfugié est reconnue à toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la liberté, à toute personne sur laquelle le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés exerce son mandat et à toute personne qui répond aux définitions de l’article 1er de la convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés.
« Cette protection officialise tant le statut d’opposant politique d’Amir DZ que les risques de persécution de la part des autorités algériennes, indique à Jeune Afrique son avocat Éric Plouvier. Cette décision est en cohérence avec la décision de la Cour d’appel de Paris refusant de le livrer à Alger. » Son conseil précise que ce statut ne lui interdit pas d’exercer librement son métier et d’exprimer ses opinions sur l’actualité de son pays.
La décision de l’Ofpra intervient presque une année après que la Cour d’appel de Paris a décidé de débouter les demandes adressées par la justice algérienne à l’encontre d’Amir DZ. Le 21 septembre 2022, la Cour a émis un avis défavorable à sept demandes d’extradition fondées sur sept mandats d’arrêt délivrés entre 2015 et 2019 à l’opposant. Elle a également prononcé un autre avis défavorable à deux autres demandes d’extradition émises sur la base de deux autres mandats d’arrêt délivrés les 28 et 29 avril 2021. Elle a enfin ordonné la levée du contrôle judiciaire sous lequel l’opposant était placé, en France, depuis le 7 juillet 2020.
Animateur d’un compte YouTube suivi par 1,4 million d’abonnés sur lequel il pourfend régulièrement les autorités algériennes, Amir DZ a fait l’objet de poursuites judiciaires pour des délits divers et variés. Entre 2015 et 2019, il a été condamné à sept reprises par les tribunaux de Relizane, Sidi M’hamed, Chlef, Cheraga et Aïn Defla pour escroquerie, menaces, diffamation et chantage à la divulgation d’informations obscènes en vue de l’obtention de sommes d’argent, calomnie et atteinte à la vie privée, ou encore outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions.
En avril 2021, il a fait aussi l’objet de deux demandes d’extradition pour « adhésion et affiliation à un groupe terroristes dans le but de répandre la terreur parmi la population », « adhésion à un groupe terroriste subversif et organisation visant à nuire aux intérêts de l’Algérie », « incitation des citoyens à prendre les armes contre l’autorité de l’État » et « éloge des actes terroristes ».
L’extradition d’opposants réfugiés en France que le pouvoir algérien qualifie de terroristes fait l’objet de tensions et de frictions régulières entre Alger et Paris. Les responsables algériens n’ont de cesse de réclamer leur expulsion vers leur pays d’origine pour y purger les peines auxquelles ils ont été condamnés. Le président Abdelmadjid Tebboune a au moins évoqué une fois ce sujet avec son homologue français Emmanuel Macron. À chaque fois que ces demandes sont remises sur la table, la réponse de Paris sonne comme une fin de non-recevoir. Ces affaires, expliquent les Français, relèvent des attributions et des compétences des juges, et non des politiques.
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