Au Cameroun, plus d’une vingtaine de villageois tués dans le Sud-Ouest
Une vingtaine de personnes, dont des femmes et des enfants, ont été assassinées lundi 6 novembre lors d’une nouvelle attaque de séparatistes dans le village d’Egbekaw.
Le drame a eu lieu dans la nuit du 5 au 6 novembre dans le village de Egbekaw (région du Sud-Ouest). « Des hommes, des femmes et des enfants… Plus d’une vingtaine d’habitants ont été tués, c’est inadmissible ! » a déclaré à l’antenne de la radio publique Mengot Victor Arrey-Nkongho, ministre chargé de mission à la présidence de la République.
En plein milieu de la nuit, les rebelles séparatistes, que les médias publics qualifient de « terroristes », ont attaqué « au moyen d’armes à feu et d’armes traditionnelles. Il y a une vingtaine de morts et sept [personnes] grièvement blessées, une dizaine de maisons brûlées », a détaillé à la radio publique Viang Mekala, le préfet du département de la Manyu où est situé Egbekaw.
Anniversaire de l’accession de Paul Biya au pouvoir
« Cela s’est passé à 4 heures du matin. Des jeunes gens armés […] ont tiré sur les habitants endormis dans leurs maisons et ont mis le feu à tout un pâté de maisons », a raconté un habitant du village qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité. « On a déjà sorti 23 personnes des décombres. Certaines ne sont même pas reconnaissables à cause de l’incendie », a-t-il poursuivi.
« On peut penser que c’est lié au 6 novembre, date anniversaire de l’accession du président Paul Biya au pouvoir », estime cet habitant, qui précise : « Un meeting du RDPC [Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir] était prévu dans les environs. »
Kidnappings et rançons
Les rebelles, qui se font appeler les « Ambazoniens » (du nom d’une « Ambazonie » dont ils ont proclamé unilatéralement l’indépendance en 2017), s’attaquent fréquemment à des civils qu’ils accusent de « collaborer » avec Yaoundé. Les forces de sécurité sont également régulièrement accusées par les ONG internationales et l’ONU de « bavures », tueries et autres tortures imposées à des civils qu’elles soupçonnent de sympathiser avec les rebelles.
Le 4 octobre, deux villageois ont ainsi été exécutés publiquement sur le marché du village de Guzang, dans le Nord-Ouest, par un groupe qui les accusait de renseigner l’armée. Les rebelles se livrent aussi à des kidnappings de civils accusés, ou non, de « collaborer », et qui se résolvent dans la plupart des cas par le paiement de rançons.
Un million de déplacés
Début juillet, Amnesty International s’était de nouveau alarmée des « atrocités » dont sont victimes les civils, énumérant des « exécutions extrajudiciaires », « homicides », y compris de femmes et d’enfants, « tortures » et « viols », perpétrés par les séparatistes armés comme par des membres des forces de sécurité.
Le conflit avait éclaté fin 2016 après que Paul Biya eut fait réprimer violemment des manifestations pacifiques d’anglophones dans les deux régions. Ils s’estimaient ostracisés et marginalisés par le pouvoir central. Depuis, le chef de l’Etat y dépêche massivement des troupes.
Le conflit a fait plus de 6 000 morts et forcé plus d’un million de personnes à se déplacer, selon l’International Crisis Group (ICG).
(Avec AFP)
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