Gabon : trois opposants arrêtés après une manifestation contre les crimes rituels
Trois militants de la société civile proches de l’opposition ont été arrêtés samedi lors d’une manifestation différente de celle organisée par le pouvoir pour dénoncer les crimes rituels au Gabon, a constaté une journaliste de l’AFP.
"Quand nous avons commencé à marcher, les policiers ont lancé des gaz lacrymogènes et dans la confusion, ils ont arrêté trois personnes, dont le porte-parole du collectif ‘Ca suffit comme ça’, Georges Mpaga", a déclaré à l’AFP Marc Ona Essangui, figure de la société civile gabonaise et président de l’ONG Brainforest.
Certains dirigeants de la société civile avaient décidé de boycotter la manifestation, organisée notamment par l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR), lorsque la Première dame du Gabon Sylvia Bongo Ondimba, a annoncé sa participation. Dénonçant une récupération politique du pouvoir, ils ont appelé à une autre manifestation, dans un quartier populaire de Libreville, que les policiers ont interdite.
"Dès qu’on a amorcé la marche, ils nous ont chargés", a affirmé Annie Léa Meye, membre de "Ca suffit comme ça".
"Vendredi la présidence gabonaise avait démenti toute tentative de récupération. C’est au contraire ces gens-là qui veulent instrumentaliser la douleur des familles contre le pouvoir (…) comme si c’était le pouvoir qui organisait les crimes rituels", a déclaré le porte-parole de la présidence, Alain Claude Bilié By Nzé.
Intervention d’Ali Bongo
La manifestation conduite par la Première dame a rassemblé entre 3.000 et 4.000 personnes portant des tee-shirt, pancartes et banderoles clamant "Stop aux crimes rituels". Elle s’est achevée devant le palais présidentiel du bord de mer en présence du président Bongo.
Le chef de l’Etat a assuré que la justice devait être "notre rempart à tous", et demandé une modification du code pénal pour les auteurs de crimes rituels.
"Les auteurs des crimes de sang avec prélèvement d’organes devront encourir la condamnation à perpétuité, sans aucune possibilité de remise de peine. Ces mêmes peines seront appliquées aux complices et aux commanditaires éventuels", a annoncé le président, récoltant des applaudissements de la foule. "Aucune circonstance atténuante, aucune forme de clémence ne devra être permise", a-t-il ajouté.
Pour lutter contre ce phénomène, M. Bongo a également estimé que la Police devait être plus présente dans les quartiers. "Je demande par conséquent au Parlement de mettre à la disposition du Gouvernement tout l’arsenal législatif nécessaire (…) pour une plus grande efficacité de nos forces de police et de gendarmerie", a-t-il déclaré.
Un débat récurrent
La découverte du corps d’une fillette sur une plage de Libreville le 19 mars avait fait scandale et relancé le débat sur les crimes rituels, régulièrement relatés par la presse gabonaise. Début avril, l’interdiction d’une marche de protestation pacifique contre l’inertie des pouvoirs publics avait encore alimenté la polémique sur les réseaux sociaux.
Pratiqués par des cercles secrets adeptes de sorcellerie, les crimes rituels consistent à prélever le sang de la victime et certaines parties du corps – yeux, sourcils, oreilles, sexe, langue, lèvres, bouts de peau, cerveau – censées offrir santé, richesse, réussite et pouvoir.
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