Madagascar : la SADC demande aux trois principaux candidats à la présidentielle de se retirer
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a demandé vendredi aux trois principaux candidats à l’élection présidentielle malgache, dont l’actuel homme fort de Madagascar Andry Rajoelina, de se retirer afin d’éviter des troubles sur la Grande Ile.
Parmi les 41 candidats autorisés par la Cour électorale spéciale (CES) malgache à se présenter à la présidentielle du 24 juillet figurent l’épouse de l’ancien président Marc Ravalomanana déposé en 2009, Lalao, l’ancien président Didier Ratsiraka et Andry Rajoelina.
Or, les deux premiers – qui viennent de rentrer d’exil – n’auront pas résidé pendant six mois dans le pays le jour du scrutin comme l’exige la loi électorale, et la candidature du troisième a été déposée hors délai.
"Le sommet a exprimé sa vive préoccupation quant à la décision de la Cour électorale spéciale d’approuver des candidatures illégitimes pour l’élection présidentielle en violation de la Constitution malgache et de la loi électorale", a fait savoir le secrétariat de la SADC à l’issue d’une réunion de la troïka, l’organe de sécurité de l’organisation régionale, au Cap.
Candidature surprise de Rajoelina
La SADC, qui joue les médiateurs dans la crise malgache depuis le renversement de M. Ravalomanana par M. Rajoelina en 2009, a également exprimé "son mécontentement sur la décision de S.E. Rajoelina de revenir sur son engagement préalable de ne pas se présenter à l’élection présidentielle", selon le communiqué. Elle a également exprimé sa déception face à la décision imprudente de la Mouvance Ravalomanana de présenter Mme Lalao Ravalomanana, ancienne première dame de la République de Madagascar, en tant que candidate à la présidentielle.
MM. Ravalomanana et Rajoelina s’étaient engagés à ne pas se présenter, mais l’actuel homme fort de la Grande Ile a fait une candidature surprise pour répondre à celle de l’épouse de son prédécesseur et toujours grand rival.
"Le sommet a exhorté S.E. Andry Rajoelina, l’ancien président Didier Ratsiraka et Madame Lalao Ravalomanana à réfléchir au retrait de leurs candidatures au nom de la paix et de la stabilité à Madagascar", a conclu la SADC. L’organisation régionale appelle néanmoins tous les partis malgaches à respecter le calendrier électoral – un premier tour de la présidentielle le 24 juillet avant un éventuel second tour couplé avec des législatives le 25 septembre -, et invite l’ONU et l’Union africaine à venir superviser l’organisation du scrutin.
Vives réactions
A Madagascar, les réactions ont été très vives dès vendredi soir. "Suivant les lois en vigueur, les trois candidats ne peuvent plus retirer leur candidature", a observé Nirhy Lanto Andriamahazo, coordonnateur à la présidence de la Transition malgache, un proche d’Andry Rajoelina."Et je me demande si ce n’est pas l’inverse (le maintien des candidatures) qui peut apporter l’apaisement. En effet, dans l’état actuel des choses, nous avons des représentants des quatre mouvances (les quatre principaux partis malgaches, ndlr) dans cette élections à travers Andry Rajoelina, Didier Ratsiraka, Lalao Ravalomanana et Tabera Randriamanantso pour la mouvance de l’ancien président Albert Zafy", a-t-il ajouté.
Le dirigeant de la Mouvance Ravalomanana, Mamy Rakotoarivelo, a fait remarquer que Mme Ravalomanana était la seule candidate de son camp, alors qu’Edgar Razafindravahy, le candidat avancé par M. Rajoelina avant qu’il ne présente sa propre candidature, ne s’était pas encore retiré. "Si Andry Rajoelina se retire, il a encore Edgar Razafindravahy comme candidat à la présidentielle. Pour nous, si Lalao Ravalomanana se retire, nous n’avons plus personne pour cette élection présidentielle", a-t-il déclaré à l’AFP. "En plus, les décisions de la Cour électorale spéciale ne sont susceptibles d’aucun recours. Alors pourquoi la SADC fait-elle encore une telle demande ?", s’est-il interrogé.
Quant à Ange Andrianarisoa, chef de la délégation de la Mouvance Didier Ratsiraka, il s’est carrément emporté : "Pourquoi la SADC nous donne-t-elle des ordres ? La Cour électorale spéciale est souveraine sur ses décisions. La CES a déjà trouvé que ça vaut mieux que les dossiers des trois candidats soient validés. La SADC s’immisce trop dans les affaires malgaches !"
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