Affaire Stanis Bujakera Tshiamala : une nouvelle demande de liberté provisoire rejetée

Le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe a une nouvelle fois refusé la remise en liberté provisoire de notre correspondant, dont le procès s’est ouvert le 20 octobre.

Le journaliste congolais Stanis Bujakera Tshiamala. © DR

Le journaliste congolais Stanis Bujakera Tshiamala. © DR

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Publié le 7 novembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Cela va faire deux mois, le 8 novembre, que notre correspondant en RDC a été arrêté. Stanis Bujakera Tshiamala s’apprêtait à prendre un vol pour Lubumbashi, depuis l’aéroport international de Kinshasa-Ndjili, lorsqu’il a été interpellé par la police judiciaire. En détention préventive depuis le 11 septembre, le journaliste a vu sa demande de mise en liberté provisoire rejetée de nouveau mardi 7 novembre.

Correspondant de Jeune Afrique et de Reuters à Kinshasa, Stanis Bujakera Tshiamala est aussi directeur adjoint de publication du site congolais d’informations Actualité.cd. Notre confrère est incarcéré dans la prison centrale de Makala. C’est aussi là que se trouve délocalisé le tribunal de grande instance de de Kinshasa-Gombe, où son procès a débuté le 20 octobre – après avoir été reporté à la suite d’une première audience le 13 octobre.

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Garanties rejetées

Le 7 novembre dans l’après-midi, le tribunal a rejeté pour la quatrième fois la demande de liberté provisoire déposée par ses avocats. La défense de Stanis Bujakera Tshiamala ne pourra en déposer une nouvelle qu’après un délai de quinze jours, d’après la loi congolaise. Pour appuyer leur demande, les conseils du journaliste avaient avancé le « manque d’assise matérielle » et de « sérieux » dans l’affaire ; mais aussi le fait que Stanis Bujakera Tshiamala dispose d’une propriété dans la capitale congolaise, appuyant son incapacité à fuir le procès.

Notre confrère est notamment soupçonné « d’avoir contrefait ou falsifié les sceaux, timbres, poinçons ou marques de l’État congolais et des administrations publiques », et « d’avoir fait usage des sceaux, timbres, poinçons ou marques de l’État congolais et des administrations publiques contrefaits ou falsifiés ». En cause, une note attribuée à l’Agence nationale de renseignement (ANR), statuant sur les circonstances de la mort de l’ancien ministre Chérubin Okende, et mettant en cause les renseignements militaires congolais.

Jeune Afrique a publié le 31 août un article, que Stanis Bujakera Tshiamala n’a pas signé, revenant sur ce document – dont l’authenticité a été démentie via un courrier adressé au journal par le ministre de l’Intérieur. Le journaliste est accusé d’avoir fabriqué ce document avant de l’avoir diffusé, ce qu’avance un rapport du ministère public.

Contre-expertise

Le 3 novembre, ses conseils ont déposé simultanément une demande de contre-expertise concernant les travaux rendus par la police judiciaire. Contacté par Jeune Afrique, l’un de ses avocats affirme notamment ne pas avoir eu d’éléments de comparaison entre un sceau émanant de l’ANR et celui apposé sur le document que Stanis Bujakera Tshiamala est accusé d’avoir créé de toutes pièces.

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Le procureur, Serge Bashonga, s’oppose à cette contre-expertise en affirmant qu’elle « [vise] à retarder l’issue du procès ».  Autre point soulevé par la défense de Stanis Bujakera Tshiamala : le procureur Bashonga a, par ailleurs, fait partie de l’équipe enquêtant sur la mort de Chérubin Okende, ce qui pourrait le placer dans une situation de conflit d’intérêts.

Le tribunal doit trancher sur cette seconde requête d’ici à la fin de la semaine, espère la défense. Mais le tribunal pourrait ne statuer que lundi 13 novembre.

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D’après une enquête de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) publiée le 2 novembre, Stanis Bujakera Tshiamala « n’est pas l’auteur de la note pour laquelle il risque dix ans de prison ». Plusieurs sources ont affirmé à une délégation de RSF, qui s’est rendue à Kinshasa à la fin du mois d’octobre, que le document « ressemblait en tout point à ce que peut produire l’ANR sur ce type d’événement », et ont indiqué que la note provenait bien des renseignements nationaux.

À l’instar de plus de cent personnalités et organisations de la société civile, Jeune Afrique continue à demander la libération de Stanis Bujakera Tshiamala et l’abandon des charges retenues contre lui.

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