En Algérie, Amira Bouraoui condamnée à 10 ans de prison par contumace
L’opposante, figure des mouvements Barakat et Hirak, réside aujourd’hui en France après avoir quitté l’Algérie malgré une interdiction de sortie du territoire, ce qui avait créé un incident diplomatique entre Alger, Tunis et Paris.
Le 7 novembre, le tribunal de Constantine a condamné à 10 ans de prison par contumace l’opposante franco-algérienne Amira Bouraoui, et à six mois ferme le journaliste Mustapha Bendjama, accusé de l’avoir aidée à s’enfuir en France.
Détention préventive
Le parquet avait requis 10 ans d’emprisonnement contre Bouraoui et trois ans contre le journaliste qui, compte tenu du temps déjà passé en détention préventive, aurait dû être libérable, a indiqué Khaled Drareni, représentant de Reporters sans Frontières, avant d’exprimer sa « grande préoccupation » face au maintien en détention de Bendjama.
« La loi est claire. L’article 365 du code pénal précise que l’accusé est libéré si son incarcération couvre la durée de la sentence », a expliqué Me Abdellah Heboul, avocat du journaliste.
Mustapha Bendjama a par ailleurs été condamné dans un autre dossier le 26 octobre à 20 mois de prison, dont 8 ferme, aux côtés du chercheur algéro-canadien Raouf Farrah, libéré après avoir purgé la même peine. Arrêté le 8 février dans les locaux de son journal à Annaba (est), il est en détention préventive depuis près de 9 mois.
« Exfiltration illégale »
Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), le journaliste « reste en détention car il fait l’objet d’un mandat de dépôt et ne peut pas bénéficier d’une confusion de peines », tant que le dernier jugement n’est pas définitif. « Il lui reste encore cinq mois à passer en prison, sauf acquittement en appel ou réduction de peine », écrit le CNLD sur sa page Facebook.
Amira Bouraoui, médecin de formation et âgée de 46 ans, était jugée en première instance pour « sortie illégale du territoire » après avoir franchi la frontière entre Algérie et Tunisie le 3 février, bravant une interdiction de sortie, avant d’être interpellée à Tunis alors qu’elle tentait d’embarquer vers Paris. La militante avait finalement pu s’envoler vers la France trois jours plus tard, malgré une tentative des autorités tunisiennes de la renvoyer en Algérie.
Alger avait qualifié sa fuite d’ « exfiltration illégale » menée à l’aide de personnels diplomatiques et sécuritaires français, et avait rappelé son ambassadeur à Paris pour consultations. Une brouille diplomatique résorbée en mars.
Détenu d’opinion
Amira Bouraoui s’est fait connaître en 2014 par son engagement dans le mouvement « Barakat » contre le quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, avant de s’engager dans le mouvement pro-démocratie « Hirak » et de travailler aussi pour la radio privée indépendante Radio M.
Cette radio appartient à Ihsane El Kadi, également patron du site Maghreb Emergent, qui purge une peine de 7 ans de prison pour « financement étranger de son entreprise », mais est considéré comme « un détenu d’opinion » par ses avocats.
(Avec AFP)
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