Syrie : le régime rejette les accusations sur l’utilisation d’armes chimiques

Le régime syrien a rejeté samedi les accusations américaines et britanniques sur son recours supposé à des armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles, l’allié russe mettant en garde l’Occident contre l’utilisation de ce dossier comme un « alibi » pour intervenir en Syrie.

Le ministre syrien de l’Information, Omrane al-Zohbi, lors d’une conférence de presse à Damas. © AFP

Le ministre syrien de l’Information, Omrane al-Zohbi, lors d’une conférence de presse à Damas. © AFP

Publié le 28 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

Face à la multiplication de ces accusations, formulées également par l’opposition syrienne et Israël, le ministre syrien de l’Information Omrane al-Zohbi a riposté en parlant de "mensonge éhonté". "Les déclarations américaine et britannique ne correspondent pas à la réalité", a-t-il dit à la télévision russe RT, estimant que la peur de l’arme chimique était agitée comme un nouveau moyen de pression sur le régime. Selon lui, "la Syrie n’utilisera jamais (d’armes chimiques), pas seulement parce qu’elle respecte la législation internationale et les règles d’une guerre, mais en raison de problèmes humanitaires et moraux".

Il a accusé l’Occident de vouloir répéter en Syrie le "scénario irakien" qui a mené à la chute du dictateur Saddam Hussein, en prétextant la présence d’armes de destruction massive. Dans un communiqué, l’opposition syrienne a accusé le régime d’avoir eu recours encore cette semaine aux armes chimiques et appelé à l’envoi d’enquêteurs internationaux.

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"Des missiles à gaz toxique" se sont abattus jeudi et vendredi à Daraya près de Damas provoquant "d’épais nuages de gaz" et "42 cas de suffocation accompagnés d’une forte allergie et de vomissements aigus", a-t-elle affirmé en citant des militants sur place. Cela démontre que "le régime tient à utiliser les armes chimiques contre les villes et villages". En juillet 2012, le pouvoir a reconnu pour la première fois publiquement posséder des armes chimiques et menacé de les utiliser en cas d’intervention militaire étrangère mais jamais contre sa population. Jeudi, les Etats-Unis ont admis pour la première fois que le régime Assad avait probablement utilisé des armes chimiques, tout en soulignant que leurs renseignements n’étaient pas suffisants et qu’ils menaient une enquête "solide". Londres a fait état de "preuves croissantes" sur un tel recours.

Enquêtes en cours

Jusqu’à présent, la communauté internationale, bien que divisée sur le conflit syrien, est très réticente à une intervention militaire en Syrie. Mais le président Barack Obama a souligné qu’en cas d’une confirmation de l’utilisation d’armes chimiques, "la règle du jeu" changera. Pour l’émissaire du président russe Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient, Mikhail Bogdanov, dont le pays est l’une des rares puissances à soutenir Damas, les informations relayées sur les armes chimiques ne doivent pas servir d’"alibi" pour une intervention militaire en Syrie.

Il a néanmoins affirmé que "s’il y a des preuves sérieuses sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, il faut les montrer immédiatement et ne pas les dissimuler". Londres et Paris ont déjà demandé à l’ONU d’enquêter sur des accusations de l’opposition sur l’utilisation par le régime d’armes chimiques à Homs (centre) et dans les environs d’Alep (nord) et de Damas.

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Le pouvoir syrien a lui aussi accusé les rebelles d’avoir fait de même près d’Alep le 19 mars et demandé une enquête de l’ONU. Mais il a ensuite rejeté l’intention de l’ONU d’envoyer une mission sur l’ensemble du territoire syrien. En attendant une réponse du régime à une nouvelle demande de l’ONU sur un accès "sans entraves", les enquêteurs ont entrepris de recueillir des indices hors de Syrie.

Leur chef, Ake Sellstrom, sera lundi à New York après une mission à Londres où il a recueilli des informations sur des témoignages de personnes ayant fui la Syrie, ainsi que certains échantillons. "A ce stade il faudrait avoir plus d’éléments à la fois sur les victimes et le terrain, car c’est un domaine où la désinformation peut aller très vite", a dit Patrice Binder, médecin général, retraité du Service de Santé des armées.

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Enfin, alors que les pays voisins sont fragilisés par des violences frontalières, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a lié le conflit en Irak à la guerre en Syrie qui a fait plus de 70.000 morts depuis mars 2011. Les combats continuent de faire rage à travers la Syrie, notamment près de Damas, selon une ONG qui fait état d’un bilan provisoire de 32 morts.

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