Au Cameroun, la Fecafoot condamnée à 1,6 million d’euros d’amende

La Fédération camerounaise de football va devoir dédommager Antonio Conceiçao, l’ancien sélectionneur portugais des Lions indomptables, après décision du Tribunal fédéral suisse.

Samuel Eto’o dans les tribunes du match de qualification pour la CAN 2023 entre la Namibie et le Cameroun au stade Dobsonville de Soweto, le 28 mars 2023. © PHILL MAGAKOE/AFP

Samuel Eto’o dans les tribunes du match de qualification pour la CAN 2023 entre la Namibie et le Cameroun au stade Dobsonville de Soweto, le 28 mars 2023. © PHILL MAGAKOE/AFP

Alexis Billebault

Publié le 9 novembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Visiblement, la Fecafoot va devoir prochainement passer à la caisse. La décision rendue le 3 novembre par le Tribunal fédéral suisse ne laisse guère de doutes sur l’issue du dossier. L’instance présidée par Samuel Eto’o a été condamnée en dernier recours par la juridiction basée à Lausanne : celle-ci a confirmé le verdict du Tribunal arbitral du sport, rendu le 8 mai dernier, lequel avait décidé que la Fecafoot devrait régler 1,6 million d’euros à Antonio Conceiçao.

Licenciement abusif

L’ancien sélectionneur de l’équipe du Cameroun avait été limogé en février 2022 avec une partie de son staff technique, juste après la Coupe d’Afrique des nations (CAN) organisée au Cameroun. Le président de la Fecafoot, Samuel Eto’o, qui ne portait pas le coach lusitanien dans son cœur puisqu’il ne l’avait pas choisi, avait décidé de s’en séparer alors que les Lions indomptables venaient de décrocher la troisième place du tournoi.

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Antonio Conceiçao, qui avait été nommé sous la présidence de Seidou Mbomba Njoya, le prédécesseur d’Eto’o à la tête de la fédération camerounaise, bénéficiait pourtant du soutien de Narcisse Mouelle Kombi, le ministre des Sports, lequel avait joué un rôle essentiel dans l’arrivée du Portugais à la tête des quintuples champions d’Afrique. Mais rien n’y a fait : Samuel Eto’o a préféré suivre son propre plan et le remplacer par le Camerounais Rigobert Song.

Ses valises à peine défaites lors de son retour au Portugal, Antonio Conceiçao s’était alors empressé d’attaquer la Fecafoot pour licenciement abusif. La commission du statut du joueur de la Fifa avait condamné l’instance à payer 1,6 millions d’euros à l’ancien entraîneur de Penafiel (Portugal) et du CFR Cluj. La Fecafoot avait alors saisi le Tribunal arbitral du sport (TAS) afin de contester la décision de l’instance faitière du football mondial, lequel avait pourtant confirmé la sentence.

Samuel Eto’o, qui n’est pas du genre à s’avouer vaincu, s’était donc adressé au Tribunal fédéral suisse. Manque de chance, l’autorité judiciaire suprême de la Confédération Helvétique n’a pas changé une ligne au verdict du TAS. La Fecafoot avait pourtant avancé ce qu’elle considérait comme des arguments sérieux. Ainsi, le limogeage de Conceiçao résultait selon elle de l’obligation inscrite dans son contrat de gagner la CAN, ou au moins d’atteindre la finale.

Qui va régler la facture ?

Le TAS avait rejeté cette démonstration, en expliquant que le technicien n’était pas soumis à une telle exigence de résultat et que ses obligations contractuelles avaient été respectées avec une troisième place décrochée lors du tournoi. La Fecafoot avait également argumenté sur le volet financier du contrat de Conceçao, estimant que l’aspect économique devait être assumé par le ministère des Sports. Une requête balayée par le TAS et le Tribunal fédéral suisse, lesquels ont estimé que l’État camerounais n’avait pas à supporter cette charge.

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Le recours de la Fecafoot devant le Tribunal fédéral suisse va même lui coûter un peu plus cher que prévu. En effet, en plus de la somme réclamée par Antonio Conceiçao, le comptable de l’instance devra signer deux autres chèques, le premier d’un montant de 17 100 euros au titre des frais judiciaires, et le second de 19 167 euros à titre de dépens. La Fecafoot en aura-t-elle les moyens, alors que certaines sources contactées par Jeune Afrique décrivent sa situation financière comme peu florissante ?

« Si elle ne peut pas payer, il y a des gens qui craignent que ce soit l’État, donc le contribuable, qui finisse par le faire », résume l’une d’elles. Une possibilité balayée d’un revers de main par une source au sein du ministère des Sports : « Le contrat a été signé par le ministre des Sports et l’ancien président de la Fecafoot, et il a été rompu par le nouveau président de la Fecafoot. C’est donc à lui d’assumer ! »

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Autre solution : la Fédération internationale de football et d’arbitrage (Fifa) pourrait demander à la Confédération africaine de football de retenir la somme due à Antonio Conceiçao, notamment sur les prochaines dotations attendues par la Fecafoot en vue de la prochaine Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire (13 janvier-11 février 2024). Jeune Afrique a tenté de joindre Me Florian Mbayen-Hegba, avocat au barreau de Paris et conseil de la fédération, ainsi que Blaise Djounang, le secrétaire général de l’instance, sans obtenir de réponse.

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