Israël nie l’existence d’une « crise humanitaire » à Gaza, mais concède des « pauses » dans le nord

Ces fenêtres de « quatre heures sans opérations militaires », selon les États-Unis, permettront aux civils de fuir cette partie de la bande de Gaza, où les combats et les bombardements se concentrent, pour rejoindre le sud du territoire contrôlé par le Hamas.

Un jeune garçon fouille les débris de bâtiments détruits lors de bombardements israéliens, dans le sud de la bande de Gaza, le 10 novembre 2023. © Ahmad Hasaballah / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP.

Un jeune garçon fouille les débris de bâtiments détruits lors de bombardements israéliens, dans le sud de la bande de Gaza, le 10 novembre 2023. © Ahmad Hasaballah / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP.

Publié le 10 novembre 2023 Lecture : 4 minutes.

Ce ne sera pas un cessez-le-feu. L’armée israélienne a accepté d’observer des pauses humanitaires de quelques heures chaque jour dans le nord de la bande de Gaza, pour permettre aux civils palestiniens de quitter cette zone où les combats avec le Hamas font rage. « Un cessez-le-feu avec le Hamas signifie une reddition », a répété le 9 novembre au soir le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou sur la chaîne Fox News, réaffirmant son objectif d’ »éradiquer le Hamas » qui a déclenché la guerre en attaquant Israël le 7 octobre. « Rien ne nous arrêtera ».

Ces pauses « de quatre heures dans certaines zones du nord de la bande de Gaza, seront annoncées trois heures à l’avance », a précisé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison blanche, John Kirby, selon qui Washington a reçu l’assurance qu’« il n’y aurait pas d’opérations militaires dans ces zones pendant la durée de la pause ».

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Des combats le long du couloir d’évacuation

L’armée israélienne avait ouvert « un couloir d’évacuation » le 5 novembre, mais des Palestiniens ont témoigné de combats persistants le long de cette route, empruntée par 100 000 personnes depuis le 8 novembre, selon les chiffres de l’armée israélienne et du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).

La foule d’hommes et de femmes à pied, portant leurs enfants dans les bras, munis pour certains de quelques petits baluchons, a constaté un journaliste, vient grossir les centaines de milliers de réfugiés entassés dans le sud du petit territoire, dans des conditions désastreuses. « On n’a pas d’eau, pas de toilettes, pas de boulangerie », dit Oum Alaa al-Hajin, qui a trouvé refuge dans l’hôpital al-Nasser, à Khan Younès, dans le sud, après des jours de marche. « On a une miche de pain tous les trois ou quatre jours, et il faut faire plusieurs heures de queue. »

Selon l’Ocha, le nombre de déplacés à Gaza s’élève désormais à 1,6 million de personnes sur les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza.

Les abords d’hôpitaux bombardés

Dans le nord, où demeurent encore des centaines de milliers de personnes, « le manque de nourriture est de plus en plus préoccupant », s’inquiète l’ONU, selon qui aucune organisation n’a été en mesure d’y fournir une assistance depuis huit jours. Les hôpitaux qui n’ont pas encore fermé manquent de médicaments et de carburant pour faire fonctionner les générateurs. Ahmad Mhanna, médecin de l’hôpital Al-Awda de Jabaliya, décrit une situation « tragique ». Dans la maternité, « les médecins utilisent des lampes frontales », tout comme au bloc opératoire, où les chirurgiens opèrent « sous anesthésie locale ».

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Selon le ministère de la Santé du Hamas, les abords et les sites de plusieurs hôpitaux du nord ont été pilonnés dans la nuit de jeudi à vendredi, dont celui de Chifa, où sont réfugiés 60 000 personnes, celui pour enfants al-Rantissi et l’hôpital indonésien. Le Hamas a fait état de blessés mais pas de personnes tuées. Des images de l’AFTV montrent des bombardements massifs dans la soirée du 9 novembre près de l’hôpital indonésien à Beit Lahia, qui ont provoqué la panique dans l’établissement.

Les troupes au sol israéliennes, appuyées par des bombardements, resserrent leur étau sur Gaza-ville qui abrite, selon l’armée, le « quartier militaire » du Hamas retranché dans un vaste réseau de tunnels. Elle a affirmé avoir détruit des « entrées de tunnels, des ateliers de fabrication de missiles antichars et des sites de lancement de roquettes ». « Je pense que l’armée israélienne opère de manière exceptionnelle dans son combat contre les terroristes au sol et sous terre », a déclaré Netanyahu sur Fox News.

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« Crise de l’humanité »

Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir une nouvelle fois à propos de Gaza ce 10 novembre, le patron de son agence pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini a affirmé jeudi que la situation s’apparente « plus qu’une crise humanitaire, (à) une crise de l’humanité », lors d’une conférence internationale organisée à Paris par le président français Emmanuel Macron. Cette conférence a permis d’atteindre un milliard d’euros d’engagements, destiné à répondre notamment aux besoins de l’ONU pour aider la population des Territoires palestiniens.

Israël a cependant nié l’existence d’une « crise humanitaire », tout en reconnaissant les « nombreuses difficultés » auxquelles font face les civils palestiniens, dont le territoire est privé d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.

Selon l’OCHA, seulement 65 camions d’aide en provenance d’Égypte, via le passage de Rafah, y sont parvenus le 9 novembre, un volume « tout à fait insuffisant ». Le terminal s’y trouvant a par ailleurs rouvert le 9 novembre pour permettre l’évacuation d’étrangers, binationaux et blessés.

Frappes israéliennes en Syrie

Israël a frappé en Syrie ce 10 novembre à l’aube en réponse à un drone qui s’est abattu la veille sur une école à Eilat (sud), sans faire de victime, a indiqué l’armée israélienne. L’armée a également indiqué « poursuivre ses opérations pour détruire les infrastructures » du mouvement pro-iranien Hezbollah au Liban, avec lequel les échanges de tirs sont quotidiens. En soirée, l’armée israélienne avait également annoncé avoir intercepté un missile provenant de « la région de la mer Rouge » avec le système de défense anti-missile Arrow 3.

En Cisjordanie occupée, où les violences se multiplient, 18 Palestiniens ont été tués le 9 novembre dans plusieurs localités, dont 14 lors d’un raid israélien dans la ville de Jénine, bastion des groupes armés, d’après le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. Au moins 170 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens en Cisjordanie depuis le 7 octobre, d’après l’Autorité palestinienne.

(avec AFP)

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