À Riyad, un sommet Arabo-africain reporté et pourtant fructueux
Le sommet entre l’Arabie saoudite et les pays africains qui devait débuter le 11 novembre a été officiellement reporté alors même que de nombreux participants sont déjà sur place. Malgré ce tourbillon diplomatique, des accords ont tout de même été conclus.
Ce changement de programme est, selon les sources officielles saoudiennes, directement imputable à la guerre à Gaza, alors qu’un sommet extraordinaire de l’Organisation de la coopération islamique est prévu le 12 novembre à Riyad à ce sujet. Malgré ce remue-ménage d’agenda, les grands rendez-vous ont été maintenus, et les principaux accords devraient être signés à l’occasion de rencontres restreintes dirigées par des commissions mixtes.
Valse des présidents
Le royaume dirigé, de fait, par le prince héritier Mohammed Ben Salman avait-il d’autre choix que de maintenir un service minimum ? Nombreux sont les dirigeants et les responsables politiques africains à avoir en effet répondu présents à l’invitation initiale, et à avoir fait le déplacement jusqu’à Riyad. Parmi eux, plusieurs présidents : Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) ; le président de la transition guinéenne, Mamadi Doumbouya ; son homologue gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema ; Bola Tinubu (Nigeria) ; Faure Essozimna Gnassingbé (Togo) ; Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie) ; Prithvirajsing Roopun (Maurice) ; William Ruto (Kenya), Issayas Afwerki (Érythrée) et Samia Suluhu Hassan (Tanzanie).
Macky Sall (Sénégal) est en route pour assister à des réunions bilatérales en marge de ces rencontres officielles. Ils sont accompagnés de hauts fonctionnaires et de ministres, dont le vice-président sud-africain Paul Mashatile, et le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine. Ces dignitaires ont été accueillis par le prince Mohammed bin Abdulrahman, gouverneur adjoint de Riyad, à leur arrivée à l’aéroport international du Roi Khalid.
D’autres responsables africains se sont déplacés en Arabie saoudite pour rencontrer des partenaires économiques. Par exemple, Doudou Ka, le ministre sénégalais de l’Économie et du Plan, est présent pour finaliser des accords de financement du projet du train express régional. Ces négociations se déroulent principalement avec la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) et la Banque islamique de développement (BID).
L’énergie avant toute chose
« L’Arabie saoudite et le continent africain sont partenaires et ils partagent une histoire et un destin communs. Ainsi, la collaboration entre les deux parties est solide et en constante évolution à tous les niveaux », a déclaré le ministre des Finances saoudien, Mohammed Al-Jadaan en inaugurant cette réunion.
L’un des points forts de cette rencontre intercontinentale a été l’annonce par ce dernier de la signature d’accords de financement globaux d’une valeur de 533 millions de dollars (deux milliards de riyals) avec des pays africains. Ces accords, signés par le Fonds saoudien pour le développement, visent spécifiquement à soutenir des projets d’infrastructure et de développement dans le continent.
Le ministre saoudien de l’Investissement, Khalid al-Falih, a de son côté, fait part de l’intention du Fonds d’investissement public, doté de plus de 700 milliards de dollars, de réaliser des investissements significatifs stratégiques et « gagnant-gagnant » en Afrique, selon les termes du ministre. Un exemple concret est l’accord de financement de 158 millions de dollars signé par le ministère des Finances du Mozambique avec le Fonds de développement saoudien, destiné à des projets d’infrastructures incluant la construction de barrages et d’hôpitaux.
Parallèlement, le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdulaziz bin Salman, a conclu des accords préliminaires avec divers pays, dont le Nigeria, le Sénégal, le Rwanda, le Tchad et l’Éthiopie, afin de promouvoir le développement conjoint de solutions énergétiques durables et innovantes. Pour le prince, le développement du continent est une condition sine qua non au développement économique mondial. « Les économies africaines doivent se développer et les africains doivent prospérer. Si ces deux conditions sont remplies, l’économie mondiale s’accroîtra et cela aura un effet d’entraînement », a-t-il souligné lors de l’événement.
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