Les exportations de pétrole du Soudan du sud vers le Soudan vont reprendre
Khartoum a annoncé une reprise, d’ici la fin du mois de mai, des exportations de pétrole du Soudan du Sud vers le Soudan, après une suspension de plus d’un an qui a coûté aux deux pays voisins des milliards de dollars.
"Le Soudan et le Soudan du Sud se sont mis d’accord pour débuter le pompage du pétrole à la mi-avril et les exportations d’ici la fin du mois de mai", a indiqué vendredi soir tard l’agence de presse officielle soudanaise Suna dans une brève information qui ne donne pas d’autres détails.
Une série de différends — portant notamment sur le partage de la manne pétrolière et la démarcation de la frontière commune — minent les relations entre les deux pays depuis l’indépendance en juillet 2011 du Soudan du Sud.
Cette nouvelle nation a hérité de 75% de la production du Soudan pré-sécession. Mais enclavé, le jeune Etat dépend de son voisin du nord pour exporter son brut par le biais de ses oléoducs et des infrastructures portuaires de Port-Saïd, sur la mer Rouge.
Le Soudan du Sud avait cessé sa production en janvier 2012, furieux que Khartoum ait effectué des prélèvements en nature sur son brut au titre des droits de passage, faute d’un accord sur leur montant. Il s’était ainsi privé de 98% de ses recettes. Lors de pourparlers en mars à Addis Abeba, Khartoum et Juba ont signé une série d’accords pour apaiser leurs nombreuses tensions, après des mois d’affrontements à la frontière, dont la reprise de la production pétrolière du Sud.
Les premières exportations doivent provenir du bloc 5A exploité par Sudd Petroleum Operating Company (SPOC), un joint venture entre le Malaisien Petronas et le gouvernement sud-soudanais, a indiqué à l’AFP le sous-secrétaire au ministère soudanais du Pétrole, Awad Abdul Fatah.
Des milliards de dollars pour Juba
Le pétrole doit être acheminé jusqu’à la frontière soudanaise et ensuite du Soudan jusqu’à Port-Soudan, a-t-il indiqué depuis la capitale sud-soudanaise, ajoutant: "un petit volume atteindra Port-Soudan à la fin mai".
Le bloc 5A est situé au sud-est de Bentiu, dans l’Etat d’Unité. En 2011, ce bloc produisait quelque 15.000 de barils par jour (bpj), selon l’Energy Information Administration du gouvernement américain.
Le gros de la production doit reprendre dans d’autres champs, dans le nord-est du pays, et devrait arriver à la frontière avec le Soudan "vers la fin mai, début juin", a ajouté M. Fatah.
En vertu de l’accord passé entre Juba et Khartoum, le Soudan doit percevoir entre 1 milliard et 1,5 milliard de dollars par an de frais de passage, estime un économiste international. Le Soudan du Sud doit toucher lui des milliards de dollars de recettes pour ses exportations de pétrole dont la Chine est le plus gros client. China National Petroleum Corporation (CNPC) est d’ailleurs un investisseur majeur dans le pétrole sud-soudanais.
Combats frontaliers
"Quand tout cela reviendra à la normale, je pense que nous recevrons du Sud-Soudan entre 250.000 et 350.000 bpj", a indiqué M. Fatah. Avant la partition, le Soudan produisait quelque 470.000 bpj.
Des accords économiques et pétroliers signés en septembre à Addis Abeba avaient déjà suscité l’espoir d’un règlement des différends inter-soudanais, qui menaçaient de dégénérer en conflit après des combats frontaliers au printemps 2012.
Mais ces accords étaient restés lettre morte, Khartoum soumettant leur application à l’obtention de garanties que le Soudan du Sud mettrait fin à son soutien, que Juba dément, à la rébellion dans les régions du Kordofan-Sud et dans le Nil-Bleu.
Après l’accord de mars, la livre soudanaise avait notamment regagné de la valeur face au dollar sur le marché noir, en s’échangeant à un peu plus de 6 livres pour un dollar, contre 7 auparavant.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...