Tunisie : le parquet refuse de libérer Sami Fehri
Le parquet tunisien a refusé de libérer Sami Fehri, patron de la chaîne privée Ettounsiya TV, malgré un arrêt de la Cour de Cassation, a appris samedi l’AFP auprès de son avocat, et des pourparlers sont en cours avec le ministre de la Justice pour clore cette rocambolesque affaire.
"Il s’agit d’un problème juridique, les juges de la cassation ont estimé (vendredi) que Sami Fehri doit être libéré mais le ministère public à un autre avis. Il y a une contradiction, c’est un problème juridique et on doit trouver une solution juridique", a expliqué maître Abdelaziz Essid.
"Il s’agit de problèmes très techniques et je ne veux pas rentrer dans les détails avec les journalistes pour le moment (…) j’ai rencontré le ministre de la Justice hier (vendredi) pendant plus d’une heure et demie mais on n’est pas encore arrivé à une solution", a-t-il ajouté, espérant une issue "lundi".
Selon l’avocat, le ministre Nadhir Ben Ammou –un indépendant qui a pris ses fonctions au début du mois– "est à l’écoute". "Je suis optimiste", a relevé Maître Essid.
L’affaire Sami Fehri, en détention depuis la fin août 2012, n’en est pas à son premier coup de théâtre. En novembre dernier, la Cour de cassation avait déjà ordonné la fin de sa détention provisoire mais le parquet avait refusé de s’y plier.
Dix ans de prison ?
Cette fois-ci, la Cour a cassé l’ensemble de la procédure contre le patron de télé, renvoyant l’affaire devant une juridiction inférieure.
M. Fehri a été incarcéré dans le cadre d’une enquête pour complicité de détournement de fonds de la télévision publique remontant à l’époque du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. Il risque 10 ans de prison pour "préjudices financiers causés à la télévision publique" au profit de sa société de production Cactus Prod.
M. Fehri, qui a fondé sa chaîne en 2011, était auparavant un producteur associé de Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali aujourd’hui en fuite au Canada, et dont les parts (51%) dans Cactus Prod ont été placées sous administration judiciaire.
L’arrestation du patron d’Ettounsiya avait fait scandale car il avait annoncé quelques jours plus tôt cesser la diffusion d’une émission de satire politique sur le modèle des Guignols français à la suite de pressions des islamistes d’Ennahda qui dirigent le gouvernement tunisien.
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