Femen en Tunisie : Amina réapparaît à la télévision et critique ses consoeurs de France

La jeune Tunisienne, cachée depuis la diffusion de photos d’elle seins nus à la manière des féministes de Femen, est apparue samedi 6 avril dans un reportage où elle ne semble pas libre de ses mouvements et où elle critique ses consoeurs qui ont brûlé un drapeau salafiste à Paris.

Manifestation devant l’ambasse de Tunisie à Stockholm, le 4 avril. © AFP

Manifestation devant l’ambasse de Tunisie à Stockholm, le 4 avril. © AFP

Publié le 6 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

La jeune fille qui s’était identifiée sous le nom d’Amina Tyler avait fait scandale en Tunisie en publiant mi-mars des clichés d’elle la poitrine nue barrée des mots "mon corps m’appartient, il ne représente l’honneur de personne" ou encore "Fuck your morals", reprenant le mode d’action du groupe féministe Femen.

Les rumeurs sur sa disparition et sur les éventuels représailles de groupes salafistes en Tunisie avaient déclenché un mouvement de solidarité dans le monde entier.

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Une équipe travaillant pour l’Effet Papillon, une émission de reportages de la chaîne de télévision Canal Plus, a pu rencontrer la jeune fille à deux reprises, notamment jeudi soir, dans une maison située "à 3 h de Tunis" où elle vit avec sa famille.

Elle y apparaît fatiguée, apathique, sans que l’on puisse déterminer complètement si sa famille la séquestre ou la retient pour sa protection.

"Pas libre"

Interrogée une première fois par téléphone sur sa liberté de mouvement, elle répond en anglais: "je ne suis pas libre". Est-elle au courant du mouvement de solidarité autour d’elle ? "Non, je n’ai pas de connexion internet". Peut-elle téléphoner ? "Non, je ne peux pas".

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Elle avoue également avoir "un peu peur". La jeune tunisienne reçoit les journalistes jeudi soir et réagit à l’action menée la veille à Paris par trois Femen, deux Français et une Tunisienne, qui ont brûlé un drapeau frappé de la profession de foi musulmane (chahada) devant la Grande mosquée de Paris.

"Elles ont brûlé le drapeau de l’islam devant une mosquée à Paris. Je suis contre", dénonce-t-elle, soulignant que les Femen ayant écrit son nom sur leur corps, cela peut lui "faire du mal en retour". "Tout le monde va penser que j’ai encouragé cela. C’est inacceptable", dit-elle.

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Amina dit ne pas regretter son engagement et assure qu’elle reste et demeure une Femen. "Je le serai jusqu’à 80 ans", dit-elle, soulignant que ce sont de "vraies féministes".

Dans le sujet, Amina parle toujours sous le contrôle d’un oncle ou de son père. Selon des rumeurs relayées par Femen, elle était internée dans un centre psychiatrique de Tunis.

Un geste passible de six mois de prison

Récemment, Bochra Belhaj Hmida, célèbre avocate tunisienne et militante féministe de longue date, avait indiqué à l’AFP qu’elle se portait bien et se trouvait chez elle.

En théorie, elle s’expose par son geste à des poursuites pour "atteinte aux bonnes moeurs", un délit passible de six mois de prison.

Me Belhaj Hmida a indiqué que dans l’immédiat aucune plainte n’avait été déposée contre la jeune fille, ce que le ministère de l’Intérieur a confirmé à l’AFP.

Femen, un groupe de féministes ukrainiennes désormais installé à Paris et qui a fait des émules dans plusieurs pays du monde, est connu depuis 2010 pour ses actions "topless" pour dénoncer le sexisme, l’homophobie, la prostitution et la religion.

Les Tunisiennes disposent depuis les années 1950 des droits les plus avancés dans le monde arabe, mais de nombreuses inégalités demeurent surtout en matière d’héritage. Les associations féministes accusent régulièrement les islamistes d’Ennahda au pouvoir de chercher à s’attaquer aux acquis des Tunisiennes.

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