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Journalistes africains, les nouveaux résistants

À l’heure où les professionnels des médias sont bien souvent sommés de choisir leur camp au nom d’un patriotisme dévoyé, Jeune Afrique vous propose le portrait de femmes et d’hommes qui tentent, malgré la pression et les menaces, de faire bouger les lignes.
FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 12 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

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Journalistes africains, nouveaux résistants

Stanis Bujakera Tshiamala, Samira Sabou, Anas Aremeyaw Anas… À l’heure où les professionnels des médias sont bien souvent sommés de choisir leur camp au nom d’un patriotisme dévoyé, Jeune Afrique vous propose le portrait de femmes et d’hommes qui tentent, malgré la pression et les menaces, de faire bouger les lignes.

Sommaire

C’est un constat qui n’incite guère à l’optimisme. Les journalistes qui, en cette fin de 2023, font « bouger les lignes » de Kinshasa à Gaza, via Niamey et Alger, ne sont pas des découvreurs enthousiastes surfant sur les promesses émancipatrices des nouveaux médias, mais des résistants exemplaires face au retour de pratiques liberticides surgies d’un passé que l’on espérait révolu.

Mesures à usage externe

Au Sahel, au Maghreb, en Afrique centrale, au nom d’impératifs sécuritaires, l’heure est à l’autocensure imposée et au « traitement patriotique de l’information » – traitement défini non pas par les journalistes mais par les pouvoirs en place en fonction de priorités qui n’ont en général rien à voir avec le droit de leurs administrés à l’information.

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Un peu partout, les lois protectrices et les avancées législatives chèrement acquises des années 1990-2010, qui avaient contribué à structurer le secteur des médias et à protéger l’exercice du métier de journaliste, sont remises en cause. Voire, comme en RDC qui possède pourtant l’un des codes de la presse les moins restrictifs du continent, ignorées en pratique comme s’il ne s’agissait que de simples mesures à usage externe.

Des résistants, donc. « Ni griots serviles, ni détracteurs stériles », comme disait Hervé Bourges, mais professionnels et surtout assez courageux pour résister aux pressions, aux menaces, à la prison, à la dangerosité d’enquêter dans les zones de conflit, à la raréfaction de sources souvent terrifiées, aux passages à tabac policiers lors des manifestations, aux perquisitions musclées, aux tentations du chantage et de la démagogie, et à la précarité financière pour continuer à pratiquer ce métier qu’ils aiment.

Desserrer l’étau

Ce combat pour desserrer l’étau de l’arbitraire est plus exigeant de semaine en semaine, ainsi que l’illustre la récente décision de la junte burkinabè d’envoyer au front des journalistes récalcitrants.

Il y a cinquante ans, quand la mainmise des pouvoirs sur le champ médiatique était totale, les journalistes fonctionnaires étaient sommés de jouer le rôle de promoteurs du militantisme révolutionnaire et du parti unique, bons petits soldats du développement, de la propagande et du culte de la personnalité. Les voici contraints, faute d’accepter de rejoindre la troupe des griots, de devenir soldats tout court. La boucle est bouclée et la régression, terrible.

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L’intégralité des portraits à retrouver ici :

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