Kenya : le calme règne après les violences de samedi
De brefs affrontements ont eu lieu dimanche matin dans un bidonville de Nairobi, mais le Kenya était globalement calme au lendemain de violences qui ont fait deux morts dans l’ouest, après la confirmation par la Cour suprême de la victoire de Uhuru Kenyatta à la présidentielle.
Dès l’annonce de la décision de la Cour suprême, samedi en fin d’après-midi, des jeunes partisans de Raila Odinga, principal adversaire de M. Kenyatta, avaient affronté la police jusqu’au milieu de la nuit à Kisumu et dans la soirée dans certains bidonvilles de la capitale Nairobi.
Dimanche matin, quelques dizaines de jeunes du bidonville de Mathare à Nairobi ont affronté à coups de pierres la police qui a répondu par des tirs de grenades lacrymogènes, selon des témoins. Le calme était revenu à la mi-journée mais d’importantes forces de police quadrillaient le quartier, où vivent de nombreux partisans de M. Odinga.
Selon Emmanel Owako, chef régional de la Croix-Rouge dans l’ouest, 24 personnes, dont "une quinzaine" blessées par balles, ont été soignées dans les hôpitaux de la région après ces violences entre jeunes et policiers. Seuls trois blessés étaient encore hospitalisés dimanche matin, a-t-il précisé.
Joseph Ole Tito, chef de la police de la région de Nyanza, a confirmé que deux personnes avaient tués et onze blessées à Kisumu, plus grande ville de la région et principal foyer d’affrontements samedi. Il n’a pas précisé la nature de leurs blessures.
Un responsable policier à Kisumu a de son côté indiqué à l’AFP que les deux morts avaient été tués par balles par la police.
Dimanche, le calme était revenu à Kisumu, où des tirs sporadiques ont été entendus jusqu’à minuit environ (21H00 GMT), selon un correspondant de l’AFP. Samedi soir, des passagers de voitures et motos caillassées ont été blessés et des passants dévalisés, a-t-il ajouté.
Uhuru Kenyatta investi le 9 avril
Dimanche matin, les habitants se rendaient à pied à la messe de Pâques, préférant ne pas utiliser leur voiture au cas où les rues seraient à nouveau bloquées par des émeutiers.
"La situation a été maîtrisée et revient à la normale" à Kisumu, a assuré de son côté dimanche matin le chef de la police kényane David Kimaiyo.
Il a également indiqué que des renforts avaient été envoyés samedi soir dans les bidonvilles de Kibera et Mathare à Nairobi, après des "affrontements" rapidement "maîtrisés" par la police. Les fortes pluies qui se sont abattues samedi soir sur Nairobi ont également sans doute contribué à calmer la situation.
Aucun incident n’a été signalé dimanche à Kibera, plus grand bidonville de la capitale et fief de M. Odinga.
Les affrontements de samedi et dimanche matin, relativement isolés et sporadiques, sont sans commune mesure avec les terribles violences qu’avaient provoqué fin 2007 l’annonce de la défaite de M. Odinga lors du précédent scrutin face, alors, au sortant Mwai Kibaki, à l’époque soutenu par M. Kenyatta.
La contestation politique avait dégénéré en deux mois de tueries interethniques faisant plus de 1.000 morts et 600.000 déplacés, les pires violences de l’histoire du Kenya indépendant qui ont durablement traumatisé le pays.
M. Odinga, qui avait appelé ses partisans au calme lors de l’annonce des résultats de la présidentielle par la Commission électorale le 9 mars, a indiqué samedi se conformer à la décision de la Cour au nom de "l’unité du pays" et admis sa défaite en souhaitant "bonne chance au président élu Uhuru Kenyatta".
Dans les fiefs de M. Kenyatta, proclamé élu dès le premier tour avec 50,07% des voix, ses partisans ont fêté sans incident au long de la nuit la confirmation de sa victoire.
"Ca ne doit pas être vu comme notre seule victoire, mais comme une victoire pour tous les Kenyans. Même ceux qui sont tristes devraient nous rejoindre et faire la fête car au moins le processus politique est terminé et on va passer à autre chose", a estimé l’un d’eux, George Kinyuru.
M. Kenyatta doit être investi le 9 avril quatrième président du Kenya, 51 ans après son père, Jomo Kenyatta, devenu en 1964 le premier chef de l’Etat du pays alors indépendant depuis un an.
Samedi soir, M. Kenyatta, inculpé de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale pour son rôle présumé dans les violences de fin 2007, a appelé les Kényans de tous bords politiques "à se donner la main".
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