Dans le nord de Gaza, les hôpitaux victimes de guerre

Au 38e jour de guerre, les combats se concentrent autour de la ville de Gaza. Le Premier ministre israélien a évoqué l’éventualité d’un accord pour la libération d’otages.

Des corps des personnes tuées lors d’un bombardement qui a touché une école abritant des Palestiniens déplacés, alors qu’ils gisent sur le sol dans la cour de l’hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, le 10 novembre 2023. © Khoder al-Zaanoun / AFP

Des corps des personnes tuées lors d’un bombardement qui a touché une école abritant des Palestiniens déplacés, alors qu’ils gisent sur le sol dans la cour de l’hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, le 10 novembre 2023. © Khoder al-Zaanoun / AFP

Publié le 13 novembre 2023 Lecture : 4 minutes.

Des milliers de Palestiniens espèrent quitter le site de l’hôpital Al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, sans eau ni électricité depuis quelques jours, et pris au piège des combats entre le Hamas et l’armée israélienne.

Vers un accord pour libérer les otages israéliens

En parallèle, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a évoqué dans un entretien à la chaîne américaine NBC, le 12 novembre, l’éventualité d’un accord pour libérer certains des quelque 240 otages enlevés par le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, une condition selon lui à tout cessez-le-feu.

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« Moins je m’exprime sur le sujet, plus j’augmente les chances que cela se matérialise », a déclaré le chef du gouvernement israélien, sans épiloguer sur les tractations pour la libération des otages, peu avant le 38e jour, ce 13 novembre, de la guerre déclenchée le 7 octobre dernier.

Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens incessants ont tué 11 180 personnes, majoritairement des civils, incluant 4 609 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les combats se concentrent au cœur de la ville de Gaza, dans le nord du territoire, notamment autour de certains hôpitaux soupçonnés par l’armée israélienne d’abriter des infrastructures stratégiques du Hamas, qui se sert de la population comme de « boucliers humains », dit-elle.

En trois jours, près de 200 000 Palestiniens ont fui le nord du territoire via des « corridors » ouverts quotidiennement pendant des « pauses », pour se réfugier dans le sud de la bande de Gaza, toujours selon l’armée israélienne.

Corridors humanitaires et « pauses »

Outre Al-Shifa, la situation reste compliquée dans d’autres hôpitaux de Gaza selon Mohammed Zaqout, directeur des hôpitaux dans ce territoire : des patients « sont dans les rues sans soins » après les « évacuations forcées » de deux hôpitaux pédiatriques, Al-Nasr et Al-Rantissi. Un autre hôpital de Gaza-ville, Al-Quds, a cessé de fonctionner le 12 novembre en raison d’un manque de carburant et d’électricité, selon le Croissant-Rouge palestinien.

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L’armée israélienne avait indiqué avoir « sécurisé » des passages pour évacuer les civils de certains établissements de santé dont le site de l’hôpital Al-Shifa où s’entassent 15 000 personnes selon les chiffres du Hamas et du bureau de la coordination de l’aide humanitaire de l’ONU.

L’armée israélienne a indiqué qu’un « corridor humanitaire » pour quitter l’hôpital vers le sud était toujours « en place ». Mais « les chars (israéliens) assiègent complètement l’hôpital », a dit le vice-ministre de la Santé du Hamas, Youssef Abou Rich, soulignant que « 650 patients, une quarantaine d’enfants en couveuse, tous menacés de mort » se trouvent dans cet hôpital.

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« Le monde ne peut rester silencieux »

Dans un message sur X, le patron de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a qualifié la situation à l’hôpital Al-Shifa de « grave et dangereuse » après « trois jours sans électricité, sans eau ». « Les échanges de tirs et les bombardements incessants dans les environs aggravent des circonstances déjà difficiles », a dit Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Le monde ne peut rester silencieux quand les hôpitaux, qui devraient être des havres de paix, sont transformés en scènes de mort, de dévastation, de désespoir. Cessez-le-feu maintenant », a-t-il ajouté.

Dans un entretien avec son homologue israélien Isaac Herzog, le président français Emmanuel Macron a dit, selon la présidence israélienne, qu’il n’ « accusait pas Israël de porter atteinte intentionnellement aux civils » à Gaza, en référence à une interview à la BBC au cours de laquelle il avait plus tôt « exhorté Israël à cesser » les bombardements tuant des civils à Gaza.

Principal allié d’Israël, qui dément viser délibérément les sites civils, Washington a dit s’opposer aux combats dans les hôpitaux à Gaza, « où des personnes innocentes, des patients recevant des soins médicaux, sont pris dans des tirs croisés ». Condamnant « l’utilisation par le Hamas d’hôpitaux et de civils comme boucliers humains », l’Union européenne a appelé Israël à une « retenue maximale » pour protéger les civils et à l’heure d’une crainte d’une régionalisation du conflit.

La communauté internationale craint une extension du conflit à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs quotidiens se sont intensifiés le 12 novembre, voire au-delà dans la région impliquant des milices pro-Iran, ennemi numéro un d’Israël et soutien clé au Hamas.

Le 12 novembre, les États-Unis ont lancé des frappes en Syrie « sur des installations dans l’est utilisées par le Corps des Gardiens de la révolution islamique d’Iran et des groupes affiliés à l’Iran, en réponse aux attaques continues contre le personnel américain en Irak et en Syrie », a déclaré le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin. Il s’agit de la troisième fois en moins de trois semaines que l’armée américaine prend pour cible des sites en Syrie qu’elle dit liés à l’Iran, qui soutient divers groupes armés accusés par Washington d’être à l’origine d’une recrudescence d’attaques contre ses forces au Proche-Orient.

(Avec AFP)

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