Centrafrique : Djotodia affirme qu’il rendra le pouvoir dans trois ans
Le nouvel homme fort de Centrafrique, Michel Djotodia, a affirmé samedi qu’il « remettra le pouvoir » en 2016 et appelé à la « tolérance », lors d’un discours public à Bangui, où la situation se normalise, alors que la nomination du gouvernement devait être annoncée sous peu.
"Je demande à Dieu tout-puissant de me donner la force et l’intelligence à moi et mon Premier ministre (…) de bien gérer la Centrafrique pendant les trois ans à venir. Nous allons remettre le pouvoir à celui qui viendra nous succéder", a-t-il déclaré en sanguo, la langue nationale, devant 2.000 à 3.000 personnes venues manifester leur soutien au nouveau régime.
Les manifestants réunis samedi sur la place centrale de Bangui scandaient "Qui tire (bien tire) comme Séléka!", tandis que les rebelles lançaient des rafales en l’air.
M. Djotodia s’est également adressé aux anciens dignitaires du régime du président déchu François Bozizé, dont les proches ont fui en République démocratique du Congo et qui s’est lui-même réfugié au Cameroun.
Il a lancé "un appel patriotique et fraternel à tous ceux qui ont pris le chemin de l’exil de revenir au pays. Il n’y aura pas de chasse aux sorcières car nous devons ériger la tolérance, le pardon et le dialogue en méthode de gestion des affaires de l’Etat".
Dès la prise de la capitale par le Séléka, Michel Djotodia s’était posé en nouveau maître du pays. Cet ancien fonctionnaire ayant basculé en 2005 dans la rébellion a expliqué qu’il comptait diriger la Centrafrique pendant "trois ans", jusqu’à l’organisation d’élections.
Depuis, M. Djotodia n’a cessé de répéter qu’il respecterait "l’esprit des accords de Libreville", bien qu’il ait annoncé vouloir suspendre la Consitution et dissoudre l’Assemblée nationale.
Selon cet accord signé le 11 janvier entre la rébellion, le pouvoir et l’opposition suite à une première offensive rebelle en décembre, les hommes qui conduisent la transition du pays ne peuvent se présenter au scrutin présidentiel de 2016.
Le Premier ministre issu de l’opposition Nicolas Tiangaye a lui été reconduit dans ses fonctions mercredi et devait annoncer sous peu la nomination d’un nouveau cabinet de "transition" dans lequel il a promis que toutes les tendances politiques seraient représentées.
Situation sanitaire difficile
Après plusieurs jours de pillages, un calme relatif est revenu dans les rues du centre de la capitale, globalement sécurisé par les patrouilles mixtes des rebelles et des éléments de la force africaine régionale. Ce retour à la normale devrait être facilité par le week-end de Pâques.
Selon un responsable de la Croix-Rouge centrafricaine, Albert Yomba Eyamo, 78 corps ont été "ramassés" dans les rues de Bangui depuis la prise de la capitale par la rébellion du Séléka.
La situation sanitaire reste difficile dans certains quartiers, plus particulièrement dans les hôpitaux, du fait des coupures d’eau courante, d’électricité, et du manque d’approvisionnement en carburant.
De nombreux ressortissants français ont quitté le pays jeudi par un vol commercial d’Air France, même si aucune consigne d’évacuation n’a été donnée par les autorités françaises.
Les rebelles, qui avaient dénoncé la "mauvaise volonté" du président François Bozizé à appliquer l’accord de Libreville, avaient repris les armes il y a une dizaine de jours et entamé leur marche victorieuse sur Bangui, renversant le pouvoir en place.
Les Etats-Unis ont condamné samedi la prise de pouvoir "illégitime" des rebelles du Séléka "par la force" en Centrafrique, appelant à la tenue rapide d’une élection présidentielle et au "rétablissement d’un gouvernement conformément à la Constitution".
Un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) consacré à la Centrafrique se tiendra le 3 avril à N’Djaména, au Tchad. Le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé qu’il s’y rendrait, après un hommage aux 13 soldats tués en tentant d’empêcher les rebelles d’entrer dans Bangui dimanche.
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