Centrafrique : au moins 78 corps retrouvés, normalisation en cours à Bangui

Au moins 78 corps ont été retrouvés en une semaine dans les rues de la capitale centrafricaine, aux mains des rebelles depuis le 24 mars et où la situation se normalise, en attendant la nomination sous peu d’un nouveau gouvernement.

Le chef rebelle Michel Djotodia lors d’une conférence de presse à Bangui le 29 mars 2013. © AFP

Le chef rebelle Michel Djotodia lors d’une conférence de presse à Bangui le 29 mars 2013. © AFP

Publié le 30 mars 2013 Lecture : 4 minutes.

Le nouvel homme fort du pays, le chef rebelle Michel Djotodia, qui a déjà annoncé son intention de rester au pouvoir pendant trois ans, a assuré qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle théoriquement prévue en 2016.

Selon un responsable de la Croix-Rouge centrafricaine, Albert Yomba Eyamo, 78 corps ont été "ramassés" dans les rues de Bangui depuis la prise de la capitale par la rébellion du Séléka.

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Beaucoup de ces cadavres restent non-identifiés, et la population a été appelée à se rendre dans les diverses morgues de la ville pour aider à les reconnaître.

Après plusieurs jours de pillages, un calme relatif est revenu dans les rues du centre de la capitale, globalement sécurisé par les patrouilles des rebelles et les éléments de la force africaine. Ce retour à la normale devrait être facilité par le weekend de Pâques.

La situation sanitaire reste difficile dans certains quartiers, plus particulièrement dans les hôpitaux, du fait des coupures d’eau courante, d’électricité, et du manque d’approvisionnement en carburant.

"La police, malgré l’indigence matérielle, fait des patrouilles mixtes avec la Fomac (force multinationale d’Afrique centrale) et le Séléka. Les gens se plaignent encore, c’est vrai, mais il est important de rétablir la confiance avec des hommes en uniforme", a expliqué Josué Binoua, ministre sortant de la Sécurité publique.

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Jeudi, le chef rebelle Djotodia avait demandé à toutes les forces de sécurité, régulières ou issues de la rébellion, de travailler "ensemble" à un retour à la normale.

De nombreux ressortissants français ont quitté le pays jeudi par un vol commercial d’Air France, même si aucune consigne d’évacuation n’a été donnée par les autorités françaises.

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Proches de Bozizé "prêts à coopérer"

Sur le plan politique, les Centrafricains restaient toujours dans l’attente de la nomination d’un nouveau gouvernement, une semaine après l’offensive éclair du Séléka et la fuite au Cameroun du président François Bozizé.

Reconduit mercredi par M. Djotodia, le Premier ministre Nicolas Tiangaye, qui dirigeait le gouvernement d’union nationale depuis deux mois, a promis que toutes les tendances de la vie politiques seraient représentées dans son nouveau cabinet de "transition".

Des dirigeants de l’ancien régime se sont dits prêts à coopérer, alors que le président déchu a de son côté demandé l’asile au Bénin.

"Nous allons participer au gouvernement d’union nationale (…). Le nombre ne fait pas substance, il faut un programme d’urgence pour la République centrafricaine qui est tombée très bas. L’important c’est le peuple qui souffre. Il faut que tout le monde mette la main à la pâte", a déclaré à l’AFP Cyriaque Gonda, chef de l’ancienne majorité présidentielle.

Après une première offensive du Séléka en décembre, un accord de paix avait été signé le 11 janvier à Libreville entre le pouvoir, la rébellion et l’opposition prévoyant la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Dénonçant la "mauvaise volonté" de Bozizé à appliquer certaines clauses de cet accord, les rebelles avaient repris les armes il y a une dizaine de jours pour entamer leur marche victorieuse sur Bangui.

Nouveau président auto-proclamé du pays, Michel Djotodia, un ancien fonctionnaire ayant basculé en 2005 dans la rébellion, a déclaré qu’il comptait diriger la Centrafrique pendant "trois ans", jusqu’à l’organisation d’élections.

Annonçant la suspension de la Constitution et la dissolution de l’Assemblée nationale, il a précisé qu’il allait "légiférer par ordonnances".

Il a laissé entendre vendredi qu’il ne participerait pas à la présidentielle de 2016.

"Nous allons agir selon l’esprit des accords signés à Libreville", où il a été dit "que ceux qui seront à la commande de ce pays ne vont pas se présenter à l’élection présidentielle", a-t-il affirmé.

Au terme de cet accord, ni le Premier ministre ni le président Bozizé ne pouvaient se présenter à ce scrutin présidentiel de 2016.

"Je suis venu pour tout le monde"

"Le plus important pour l’heure ce ne sont pas les élections", a toutefois souligné M. Djotodia: "à partir du moment où le pays n’est pas sécurisé, l’économie est complètement à zéro, nous ne pouvons pas parler des élections".

"Des plans d’urgence" vont être "présentés bientôt aux bailleurs de fonds", a affirmé M. Djotodia. "Notre pays a des amis tels que la France, la Chine, l’Union européenne. Ce sera sur l’Union européenne que nous nous baserons pour faire avancer le pays", a-t-il promis.

Il a assuré que "le pays sera géré de manière claire", avec "la volonté de rétablir un Etat de droit".

De confession musulmane, Djotodia a voulu rassurer certains de ses concitoyens, en se faisant le défenseur d’un "Etat laïc": "je ne suis pas venu pour les musulmans, (…) je suis venu pour tout le monde".

La Centrafrique, ancienne colonie française, n’a connu depuis son indépendance en 1960 qu’une série de coups d’Etat, scrutins contestés, rébellions et mutineries. Le président Bozizé était lui-même arrivé au pouvoir par les armes en 2003.

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