Le doux Abidjan de Suspect 95, rappeur ivoirien
La capitale économique ivoirienne inspire l’artiste, qui partage avec Jeune Afrique quelques bonnes adresses pour découvrir « sa » ville.
Abidjan, mégalopole de demain
Considérée comme un modèle et une vitrine pour l’Afrique de l’Ouest, la capitale économique ivoirienne s’est considérablement transformée. Passé les élections locales de septembre 2023 et à quelques jours du coup d’envoi de « la CAN de l’hospitalité », embarquement sur les bords de la lagune Ébrié.
« Je vois la fierté dans vos yeux quand je rappe. Comme un ropéro derrière son boss qui fait le boucan. » Avec ses textes parfois en nouchi – argot né dans les ghettos abidjanais – et empreints d’humour, Suspect 95 s’est imposé comme un des rappeurs les plus influents de la nouvelle génération.
Né à Abidjan en 1995, Ange Emmanuel Gui, de son vrai nom, dit faire du « rap ivoire authentique ». « Je rappe ce que je vis et mon environnement avec un langage de chez nous, explique-t-il. J’affiche mon accent et ne cherche pas à le lisser. » Depuis une dizaine d’années, Suspect 95, qui a commencé la musique quand il était au lycée classique d’Abidjan, a enchaîné les singles. En 2020, il a été élu meilleur artiste rap lors du Prix international des musiques urbaines et du coupé-décalé (Primud), cérémonie annuelle qui récompense les artistes et les acteurs du spectacle en Côte d’Ivoire. En mai 2022, il a fait parti des jeunes artistes choisis pour se produire au Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua).
Dans son premier album, Société suspecte, sorti en 2023, Suspect 95 aborde des thèmes variés : de la corruption aux relations amoureuses, en passant par la dépression, sujet tabou qu’il voulait mettre en lumière après l’avoir lui-même vécu. Ses clips sont souvent tournés dans sa ville natale, qui l’inspire, et il cultive une proximité avec ses fans, qu’il appelle « le Syndicat ».
Vitrine du pays, Abidjan, la capitale économique, attire et séduit en Afrique de l’Ouest. Qu’on aime s’enjailler dans les maquis, profiter de soirées dans des clubs sélects, manger dans un restaurant gastronomique ou aller dans des expositions, dans des galeries d’art, « la ville qui ne dort jamais » regorge de lieux parfois atypiques. Suspect 95 nous fait découvrir ses adresses incontournables qui lui font dire qu’« Abidjan est doux ».
Mahori beach, le club sélect sur la lagune
Notre tour des bonnes adresses de Suspect 95 à Abidjan commence au Mahori beach, au bord de la lagune, à Abatta. Lunettes de soleil, sourire aux lèvres, il arbore une coupe afro parfaitement taillée. Au fil des années, celle-ci s’est imposée comme faisant partie de son identité visuelle. Il est accompagné de membres de son équipe.
En cette matinée, en pleine semaine, l’ambiance tranche avec celle des week-ends. Le lieu, habituellement bondé et connu pour ses soirées sélects, est très calme. Quelques clients profitent de la piscine. La décoration a des inspirations polynésiennes. « J’aime la tranquillité et pouvoir être moi-même, sans avoir à porter la casquette d’artiste surtout quand je passe du temps en famille », glisse l’artiste. Une philosophie qui transparaît dans le choix des endroits qu’il aime fréquenter.
Hélène Resto et Le Pêcheur
À Abidjan, Chez Hélène fait partie des incontournables pour déguster la cuisine ivoirienne, dans un cadre authentique et sans prétention. Son premier établissement est situé aux Deux-Plateaux, sur une rue piétonne où sont alignés maquis et buvettes. Grâce à sa renommée, la propriétaire a ouvert un nouveau lieu, un restaurant cette fois-ci. Plus soigné et calme que son maquis, il est situé à Angré. « Hélène Resto fait partie de mes deux adresses préférées pour manger à Abidjan. J’y vais quand j’ai envie de poulet braisé, d’attiéké, d’aloco, etc. »
« Mon deuxième lieu de prédilection s’appelle Le pêcheur. C’est ma femme qui me l’a fait découvrir. Nous y allons lorsque nous voulons manger quelque chose de différent », précise-t-il. Au Pêcheur, situé sur le boulevard de Marseille, à Marcory, la carte est plus axée sur les fruits de mer. Dans la salle à l’étage, des ampoules sont accrochées à une pirogue renversée. Les propriétaires du restaurant possèdent également une poissonnerie, Tuna & Co, ce qui leur permet de servir des produits frais.
Qu’aime-t-il y manger ? Sans hésiter, Suspect 95 répond : « Le tataki de thon au gingembre ! Je me suis promené sur la carte mais, ces derniers temps, je prends toujours la même chose. Il faut absolument le tester ! Ce n’est pas donné mais je n’ai jamais été déçu d’un plat dans ce restaurant. Les portions y sont assez généreuses. L’équipe est aimable et professionnelle », ajoute-t-il.
Cavally Lounge et la Villa Lepic
Plusieurs lounges adressés à une clientèle huppée se font concurrence à Abidjan. Parmi eux, Cavally Lounge, situé sur la rue Lepic, à Cocody. Le propriétaire des lieux, Joël Williams, est un jeune entrepreneur connu des Ivoiriens. C’est lui qui a été le Bachelor dans la première saison de l’émission de télé-réalité pour l’Afrique francophone, en 2022. « Le cadre est beau et l’acoustique a été bien réalisée de sorte que la musique n’agresse pas les oreilles. Bien souvent, c’est un aspect qui est négligé. Musicalement, je trouve mon compte en tant que fan de hip-hop. Les playlists du DJ sont variées. Il passe aussi bien des sons rétro que d’actualité », explique le rappeur. Il ajoute : « C’est un endroit idéal pour faire de belles rencontres. C’est un peu sélect et ça permet de faire du networking et d’augmenter son carnet d’adresses. Pour moi, c’est du tout en un. »
Non loin du Cavally, il y a la Villa Lepic, qui, depuis sa rénovation en 2019, est devenue une adresse incontournable pour ceux qui recherchent le calme et la discrétion. « C’est là que j’avais fait ma mise au vert pour mon mariage, cette année. On est à Abidjan, mais il y a toute cette végétation. La maison a également une histoire », souligne Suspect 95.
Ancienne résidence du premier gouverneur d’Abidjan, elle a été imaginée au début des années 1980 par l’architecte français Henri Chomette, qui a notamment travaillé sur l’hôtel de ville d’Abidjan et dans d’autres villes du continent.
Quitter Abidjan
« Cela peut paraître paradoxal mais pour moi, il faut profiter d’être à Abidjan pour aller visiter l’intérieur du pays et voir d’autres choses », estime l’artiste. Récemment j’étais aux piscines naturelles de Tabaoulé, vers San Pedro, puis à Grand Lahou. C’est comme à Assinie, où il y a la plage et la lagune sauf que là-bas, tu es seul sur la plage. C’est tellement paisible ! À Abidjan, il y a des clubs, certes, mais ce genre d’endroits marquent car ils permettent de communier avec la nature. »
Ces dernières années, San Pedro connaît un regain d’attractivité grâce à de nombreux investissements. La rénovation de la route côtière qui la relie à Abidjan a réduit de moitié le temps de trajet, le faisant passer de 8 à 4 heures.
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Abidjan, mégalopole de demain
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