Le pape François plaide en faveur d’une « Église pauvre pour les pauvres »

Le nouveau pape François s’est fait l’avocat d’une « Église pauvre pour les pauvres » au cours d’une rencontre samedi au Vatican avec des milliers de représentants de la presse mondiale, qu’il a séduits par sa simplicité et son sens de l’humour.

Le pape François lors de sa première apparition publique, au Vatican, le 13 mars 2013. © AFP

Le pape François lors de sa première apparition publique, au Vatican, le 13 mars 2013. © AFP

Publié le 17 mars 2013 Lecture : 4 minutes.

Le nouveau pape François s’est fait l’avocat d’une « Église pauvre pour les pauvres » au cours d’une rencontre samedi au Vatican avec des milliers de représentants de la presse mondiale, qu’il a séduits par sa simplicité et son sens de l’humour.

«Comme je voudrais une Église pauvre, pour les pauvres!», a déclaré Jorge Mario Bergoglio, qui venait d’expliquer pourquoi il avait choisi de s’appeler François, en référence à Saint François d’Assise, issu d’une famille aisée qui s’était fait pauvre parmi les plus pauvres. «François est le nom de la paix, et c’est ainsi que ce nom est venu dans mon cœur», a-t-il raconté dans le cadre grandiose de l’auditorium Paul VI, à deux pas de la basilique Saint-Pierre.

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«Durant l’élection, j’étais à côté de l’archevêque de Sao Paulo Claudio Hummes, un grand ami (…) Quand les votes ont atteint les deux tiers (le seuil pour être élu, NDLR), il m’a serré dans ses bras, embrassé et m’a dit: +Et n’oublie pas les pauvres!+». «Immédiatement, j’ai pensé à François d’Assise», a-t-il dit.

Le pape a été applaudi à plusieurs reprises par les journalistes invités à une audience étendue même à «leurs familles», dans un geste inédit d’un pontife qui, en moins de quatre jours, a étonné le monde par ses gestes de proximité.

Déjà en 2005, Benoît XVI avait convié les médias, mais sans élargir autant l’invitation. «Les événements de l’Eglise sont sûrement plus compliqués que les événements politiques ou économiques (…) C’est pourquoi il n’est pas facile de les interpréter, de les communiquer à un public vaste et varié», a expliqué le pape François aux journalistes.
Il a tenu à remercier les représentants de la presse pour leur travail depuis la démission de Benoît XVI le 28 février. «Vous avez eu beaucoup de travail, hein ?», a-t-il glissé dans un large sourire.

Les médias sont visiblement déjà conquis par le charisme du premier pape latino-américain, comme cela avait été le cas avec le Polonais Karol Wojtyla (1978-2005). Jorge Bergoglio a «un style très informel, vêtu de blanc mais avec une croix de fer et des chaussures noires, il a parlé debout dans la Chapelle Sixtine avec les autres cardinaux», fait observer à l’AFP le vaticaniste Marco Politi.

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Sergio Rubin, journaliste du grand quotidien argentin Clarin qui a co-écrit une biographie de Jorge Mario Bergoglio alors cardinal («El Jesuita»), a fait partie de la centaine de journalistes qui ont pu le saluer samedi. «J’ai vu le Jorge Bergoglio de toujours, la même simplicité, la même tranquillité, il n’était pas du tout solennel», a déclaré à l’AFP M. Rubin.

Le pape a confirmé «provisoirement» dans leurs fonctions samedi les chefs des ministères de la Curie romaine nommés par son prédécesseur mais, selon Marco Politi, ce pape gouvernera différemment. «Dans les mois et années à venir, il va remodeler la papauté comme institution dans un sens plus collégial, il va créer un mécanisme de consultation permanente avec les évêques», a estimé le vaticaniste.

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Cette réforme, «demandée par tous», sera «une tâche difficile» qui nécessitera des changements structurels, a confirmé le cardinal brésilien Claudio Hummes. Il faut «une réforme structurelle» de la Curie, et «cela commence par le fait de choisir le personnel adapté aux orientations d’une Eglise qui soit telle que le pape la désire, qui soit une Eglise missionnaire, avec plus de dialogue», a ajouté ce proche du pape.

Par ailleurs, le Vatican est monté au créneau pour désamorcer une polémique naissante, en qualifiant de «calomnieuses et diffamatoires» des accusations de passivité présumée à l’encontre de Jorge Bergoglio pendant la dictature en Argentine. Pour le Vatican, elles viennent de la «gauche anti-cléricale» argentine.

Celui qui était alors le «Supérieur» local de la Compagnie de Jésus a été accusé de n’avoir pas protégé deux jésuites enlevés et torturés par la junte. Mais, selon le Vatican, il a au contraire «fait beaucoup pour protéger» des gens menacés pendant la dictature.

Un des magistrats en charge du dossier de l’arrestation de deux jésuites s’est inscrit en faux contre les accusations portées contre Jorge Bergoglio, soulignant que la justice argentine les avait rejetées comme infondées. «Il est totalement faux de dire que Jorge Bergoglio a livré ces prêtres», a déclaré le juge German Castelli au quotidien La Nacion de samedi. «Nous nous sommes penchés sur la question, nous avons entendu ces allégations, nous avons passé en revue les faits et nous avons estimé qu’il n’avait rien fait dans cette affaire qui soit répréhensible juridiquement. Dans le cas contraire, nous aurions engagé des poursuites», a-t-il dit.

Prochains rendez-vous pour le pape: son premier Angélus dimanche place Saint-Pierre, et surtout sa messe d’intronisation mardi à Saint-Pierre, en présence de nombreuses têtes couronnées, chefs d’État et de gouvernement. Un million de personnes sont attendues, selon la préfecture de Rome.

Enfin, le pape François se rendra samedi prochain à Castel Gandolfo, la résidence d’été des papes près de Rome, pour un face-à-face avec son prédécesseur BenoîtXVI.
 

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