Le Parlement libyen durcit les peines pour « normalisation avec l’entité sioniste »

Alors que la Libye rappelle qu’elle criminalise toute relation avec Tel-Aviv, la démarche est débattue, aussi, en Tunisie.

En août 2023, la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla el-Mangoush, avait été suspendue suite à une « rencontre fortuite et non officielle » avec son homologue israélien Elie Cohen. © Mohamed Hammi/SIPA

En août 2023, la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla el-Mangoush, avait été suspendue suite à une « rencontre fortuite et non officielle » avec son homologue israélien Elie Cohen. © Mohamed Hammi/SIPA

OLIVIER-MARBOT_2024

Publié le 15 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.

C’est une étape de plus dans le durcissement de l’attitude de Tripoli face à Israël. Le Parlement libyen a voté lundi 13 novembre, à l’unanimité, l’ajout de nouvelles dispositions à la loi n°62 de 1957 criminalisant « les relations avec l’entité sioniste », indique l’agence nationale Lana. Dans le détail, la loi vieille de plus d’un demi-siècle punit « les déplacements vers et depuis l’entité sioniste ou l’établissement de relations avec des entités physiques ou juridiques qui lui sont affiliées ».

La nouveauté du vote du 13 novembre, explique l’agence de presse, concerne les peines assorties à ces interdictions. Le nouveau texte dispose ainsi que celle, pour les personnes physiques traitant avec « les détenteurs de la citoyenneté de l’entité sioniste », peut aller jusqu’à cinq ans de prison et une amende de 10 000 dinars libyens. La peine infligée aux personnes morales qui violent les dispositions de ladite loi s’élève à sept ans de prison. Les contrevenants se voient également limogés de leurs postes professionnels et privés de leurs droits civiques.

la suite après cette publicité

On avait constaté, fin août, à quel point le sujet est sensible pour les autorités de Tripoli : à l’époque, la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla el-Mangoush, avait été suspendue suite à une « rencontre fortuite et non officielle » avec son homologue israélien Elie Cohen lors d’un sommet organisé à Rome. La polémique avait pris une telle ampleur que la ministre limogée avait finalement se réfugier à l’étranger pour échapper aux menaces dont elle était la cible.

La Tunisie tentée

La questions des relations avec Israël se pose d’ailleurs dans d’autres capitales arabes. Alors que certains des pays ayant procédé à une normalisation, en particulier dans le cadre des accords d’Abraham signés sous l’égide des Américains, tentent de tenir un discours équilibré mais condamnent de plus en plus fermement les frappes israéliennes sur Gaza, d’autres affichent une position beaucoup plus dure et inflexible.

C’est en particulier le cas en Tunisie. Si le président Kaïs Saïed a toujours affirmé son soutien indéfectible à la cause palestinienne, la question fait depuis quelques jours l’objet d’un bras de fer entre la présidence et le Parlement. Les députés souhaitent, comme leurs collègues libyens, adopter une loi criminalisant explicitement toute relation avec Israël, tandis que le président estime que le corpus juridique tunisien existant prévoit déjà toutes les dispositions nécessaires en la matière.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Le président des États-Unis, Harry Truman (gauche) rencontre le Premier ministre israélien David Ben Gourion à la Maison Blanche à Washington, le 8 mai 1951. © Leemage via AFP

Comment est né le « soutien inconditionnel » américain à Israël ?

Quelques mois après la proclamation de la création de l’État d’Israël, des délégués arabes et juifs se rencontrent le 6 juillet 1948, assistés par des membres du Comité de cessez-le-feu, pour déterminer leurs secteurs respectifs dans Jérusalem. © INTERCONTINENTALE/AFP

La Palestine : un peuple, une histoire, des exodes

Contenus partenaires