Les tirailleurs sénégalais, les braises du souvenir et la flamme des JO
Depuis Dakar, le président du département français de Seine-Saint-Denis a proposé que l’ancien tirailleur sénégalais Oumar Diemé porte la flamme olympique, à l’occasion des Jeux Paris 2024.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 15 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.
Si les plus fameux porteurs de la flamme olympique restent des sportifs, comme le boxeur Mohamed Ali affaibli par la maladie de Parkinson en 1996, les critères fixés par le comité d’organisation des Jeux olympiques n’exigent ni carrière de champion ni notoriété de star. Pour contribution à « une société plus solidaire, plus inclusive, plus durable et plus juste », des inconnus relaieront, dans la perspective de « Paris 2024 », le footballeur Lilian Thuram, l’humoriste Jamel Debbouze ou l’astronaute Thomas Pesquet. Et dans le département de Seine-Saint-Denis, c’est un Africain pas si inconnu qui pourrait porter le prestigieux flambeau.
Inlassable témoin
À l’heure où la crise proche-orientale, vecteur d’antisémitisme, s’invite en France, certains comptabilisent les contributions des ressortissants de contrées majoritairement musulmanes à l’histoire hexagonale contemporaine. Loin du débat conjoncturel, le président du département de Seine-Saint-Denis suggère qu’un ancien tirailleur sénégalais porte la flamme olympique en juillet prochain, au titre du « travail de mémoire indispensable ». C’est à Dakar, en visite officielle, que Stéphane Troussel l’a proposé à Oumar Diemé, un nonagénaire qui vient de repartir vivre au Sénégal, à la suite du droit récemment accordé de toucher la pension d’ancien combattant tout en résidant dans son pays d’origine.
Né en 1932 au Sénégal, naturalisé français en 2017, Oumar Diemé fut engagé volontaire dans la Marine nationale française de 1953 à 1965. Il a participé aux guerres d’Indochine et d’Algérie, avant de militer, depuis la ville française de Bondy et pendant de longues années, pour que ses frères d’armes venus d’Afrique obtiennent des droits à la hauteur de leur sacrifice. Il a inlassablement arpenté les coursives des établissements scolaires pour parler de son histoire.
Plus le nombre de tirailleurs sénégalais se réduit, plus les hommages se multiplient. Des reconnaissances tardives de droits équivalents à ceux des anciens combattants d’origine française aux témoignages artistiques – comme le long métrage récent « Tirailleurs » de Mathieu Vadepied -, en passant par toutes sortes de médailles… Le port de la flamme olympique sera-t-il une nouvelle « décoration » pour Oumar Diemé ? Son nom figure sur une liste qui compte vingt candidats. Le porteur de flamme sélectionné doit être annoncé début 2024.
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