Qui est Boualem Boualem, le nouveau chef de cabinet d’Abdelmadjid Tebboune ?

Appelé à remplacer Nadir Larbaoui, propulsé à la tête du gouvernement, le conseiller juridique du président va concentrer entre ses mains énormément de responsabilités et de pouvoir, confortant son image d’homme clé du dispositif Tebboune.

Abdelmadjid Tebboune et son Premier ministre Nadir Larbaoui, le 15 novembre 2023. © DR

Abdelmadjid Tebboune et son Premier ministre Nadir Larbaoui, le 15 novembre 2023. © DR

Publié le 15 novembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Que sait-on vraiment de Boualem Boualem, au-delà de son influence grandissante auprès du chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune ? Peu de choses en réalité. Au point que la presse nationale et internationale n’a consacré que quelques lignes à l’annonce de sa nomination, le 11 novembre, comme chef de cabinet par intérim de la présidence en remplacement de Nadir Larbaoui, lui-même appelé à assurer la fonction de Premier ministre.

Stratège

L’homme est discret, c’est vrai, mais aussi de plus en plus présent aux côtés d’Abdelmadjid Tebboune. Des photos publiées par la présidence algérienne ont acté sa prise de fonction de chef de cabinet, 48h après l’annonce officielle, lorsque le chef de l’État a accordé une audience au ministre des Affaires étrangères du Nicaragua en visite en Algérie. Boualem Boualem figure sur les clichés, en compagnie du chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf.

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Ce mardi 14 novembre, il était aussi présent à la gauche du président de la République, avec une pile de dossiers devant lui, lors du premier conseil des ministres tenu depuis les derniers changements opérés dans l’organigramme de la présidence et à la tête du gouvernement.

Ancien conseiller à la Cour suprême, Boualem Boualem conserve en outre sa fonction de conseiller chargé des affaires juridiques, des relations avec les institutions, des enquêtes et des habilitations. Un cumul qui fait de lui le principal stratège du chef de l’État, avec de larges attributions portant sur des dossiers sensibles. Parmi ses nouvelles missions : suivre l’activité de l’exécutif, analyser et élaborer des notes sur la situation politique, économique et sociale du pays, livrer des éléments nécessaires à la prise de décision, suivre l’état de l’opinion publique sur les grandes décisions, assurer les relations avec les partis politiques et le mouvement associatif.

Ou encore évaluer le niveau d’organisation et de fonctionnement ainsi que les performances des services publics à la lumière des requêtes et pétitions émises par les citoyens et les associations dont il gère le traitement, préparer et coordonner les activités de communication destinées à faire connaître les directives et les orientations du président de la République et ses activités, superviser les relations avec les médias nationaux et étrangers, suivre le traitement et l’analyse des requêtes des investisseurs et opérateurs économiques et autres requêtes spéciales, en coordination avec les conseillers… Autant dire que sur bien des sujets hautement prioritaires, il sera l’unique interface du président de la République.

Supervision des conseillers présidentiels

En outre, le nouveau chef de cabinet aura aussi sous sa supervision les neufs conseillers nommés il y a plus d’un mois dans le cadre de la réorganisation des services de la présidence. Un point important : lors de la création de ce cénacle, beaucoup avaient remarqué et souligné que leurs missions semblaient dupliquer celles de l’exécutif, d’autant que ces neuf responsables sont habilités à coordonner avec les membres du gouvernement le suivi des dossiers en cours d’exécution.

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Le décret relatif à cette organisation avait beau préciser que les services de la présidence n’ont pas vocation « à se substituer aux institutions et administrations compétentes, ni à s’immiscer dans l’exercice de leurs attributions», la mesure avait clairement été perçue par des Algériens comme une volonté de centraliser davantage encore la prise de décision, à près d’un an du scrutin présidentiel prévu en décembre 2024.

D’une grande discrétion, peu loquace en public, Boualem Boualem occupe depuis trois ans déjà le poste de conseiller juridique du président. À ce titre, il garde un regard plus qu’attentif sur les procès en cours d’anciens hauts responsables accusés de corruption, à propos desquels il rédige des comptes rendus et observations à l’attention d’Abdelmadjid Tebboune.

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Avant d’accéder au palais d’El Mouradia, Boualem Boualem, que l’on dit aussi très proche de l’ancien président de la Cour suprême Kaddour Berradja, a longtemps piloté l’Organe nationale de prévention et de lutte contre les infractions liés aux technologies de l’information et de la communication, qui se charge notamment d’exécuter les opérations de surveillance préventive des communications électroniques et les demandes d’entraide judiciaires étrangères. Mais aussi de collecter les données utiles à la localisation et à l’identification des auteurs d’infractions, sur autorisation écrite de l’autorité judiciaire et sous son contrôle.

Un rôle central au cœur du dispositif chargé de récolter les informations les plus sensibles, qui confirme s’il en était besoin que le nouveau directeur est bien un homme clé, sinon l’homme clé actuel du pouvoir. Ou, pour reprendre une formule un peu usée, celui qui « murmure à l’oreille d’Abdelmadjid Tebboune ».

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