Au Kenya, le Parlement approuve le déploiement de policiers en Haïti

En dépit des critiques, le Parlement kényan a approuvé jeudi 16 novembre le déploiement d’un millier de policiers en Haïti, pays plongé dans la violence des gangs, dans le cadre d’une mission soutenue par l’ONU.

Des policiers kényans à Nairobi, le 15 août 2022. © Luis Tato / AFP

Des policiers kényans à Nairobi, le 15 août 2022. © Luis Tato / AFP

Publié le 16 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Des policiers kényans s’envoleront-ils bientôt pour Haïti ? Début octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU avait donné son feu vert à la création d’une mission multinationale menée par le Kenya pour aider la police haïtienne. L’État des Caraïbes est en proie à la violence des gangs qui contrôlent 80 % de la capitale. Le nombre de crimes graves y a atteint des records, selon la représentante de l’ONU dans le pays.

Un recours déposé

« Les oui l’emportent », a laconiquement déclaré la vice-présidente du Parlement kényan, Gladys Boss Shollei, après avoir demandé aux élus de se prononcer à voix haute. Ce déploiement reste toutefois suspendu par la Haute cour de Nairobi, qui examine à partir de jeudi un recours déposé par Ekuru Aukot, un opposant arguant que cette mission est inconstitutionnelle.

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Si Nairobi a promis un millier de membres de forces de l’ordre, le nombre total et la composition de la force, soutenue par les États-Unis, ne sont pas finalisés. Le Kenya a déjà participé à plusieurs opérations de maintien de la paix dans des pays voisins (RDC, Somalie) et dans diverses parties du monde (Liberia, Timor oriental, ex-Yougoslavie…).

Mais le gouvernement essuie de vives critiques depuis l’annonce de sa décision d’envoyer des policiers en Haïti, hautement instable et dangereux. À l’origine du recours, Ekuru Aukot, a affirmé sur X (anciennement Twitter) que « ce déploiement est une mission suicide pour nos 1 000 policiers ». Des ONG de défense des droits humains soulignent de leur côté que la police kényane a l’habitude de recourir à la force, parfois létale, contre des civils, ce qui constitue un risque majeur dans un pays où de précédentes interventions étrangères ont été marquées par des violations des droits humains.

Une « mission pour l’humanité »

Selon le ministre de l’Intérieur Kithure Kindiki, le budget global pour le déploiement des policiers pendant un an s’élève à 600 millions de dollars. Nairobi a demandé le 9 novembre que le financement de la mission soit assuré par les États membres de l’ONU. « Nous n’envoyons pas une force d’occupation, nous envoyons une force pour soutenir les structures déjà existantes dans ce pays sur la base de leur demande », avait-il assuré.

Le président William Ruto a quant à lui affirmé qu’il s’agissait d’une « mission pour l’humanité » dans un pays ravagé selon lui par le colonialisme.

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Selon la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée en octobre par 13 voix pour et 2 abstentions (Chine et Russie) après de difficiles négociations, cette « mission multinationale de soutien à la sécurité », non onusienne, est créée pour « une période initiale de douze mois », avec une réévaluation au bout de neuf.

Le traumatisme du choléra

La résolution appelait d’autre part la future mission à « prendre les mesures appropriées en matière de gestion des eaux usées » pour empêcher la propagation de maladies. Une recommandation probablement destinée à rassurer les Haïtiens qui gardent un très mauvais souvenir de la dernière force internationale déployée sur leur territoire.

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Des Casques bleus de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), présente de 2004 à 2017, avaient en effet apporté le choléra, entraînant une épidémie ayant fait plus de 10 000 morts. Cet épisode explique en partie que la future force ne se déploie pas sous le pavillon de l’ONU.

(Avec AFP)

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