RDC : accord de paix régional et projet de force internationale robuste
Onze pays africains ont signé dimanche à Addis-Abeba un accord destiné à ramener la paix dans l’est de la République démocratique du Congo, notamment en renforçant la mission des Nations unies déployée dans la région pour y combattre les rébellions qui l’ensanglantent.
Les signataires de l’accord ont fait preuve d’un optimisme prudent, conscients qu’aucun effort de paix n’a réussi durablement depuis deux décennies dans l’Est de la RDC, dont les énormes ressources minières attisent les convoitises.
La piste la plus concrète de l’accord est un appel à "une révision stratégique" de la mission de l’ONU sur place (Monusco), une des plus importantes au monde avec 17.000 hommes, mais qui a échoué à faire prévaloir la paix.
"Brigade d’intervention"
Même si l’accord ne le mentionne pas explicitement, il s’agit d’adjoindre à la Monusco, sous une forme qui reste à préciser, une "brigade d’intervention" dotée d’un mandat beaucoup plus robuste pour en découdre avec les différentes rebellions.
"Le Conseil de sécurité a déjà discuté de l’idée de déployer une brigade d’intervention, cela sera encore discuté et décidé rapidement" à l’ONU, a déclaré le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.
M. Ban a estimé que l’accord d’Addis, dont il est garant de la bonne application, "allait vraiment faciliter le processus de déploiement de forces d’intervention dotée d’un mandat d’imposition" de la paix.
Signataire de l’accord d’Addis, et prêt à contribuer à la future brigade qui devrait compter 2.500 soldats au total, le président sud-africain Jacob Zuma a estimé qu’il s’agissait "d’un moyen réaliste de rétablir la sécurité dans l’est de la RDC dans les plus brefs délais".
"Il s’agira d’une brigade d’imposition, alors que comme vous le savez, la Monusco est une mission de maintien de la paix. Nous savons qu’en fonction de la situation sur le terrain, les forces de maintien de la paix doivent recevoir un mandat particulier, et je crois et j’espère qu’il s’agira en l’occurrence d’une opération d’imposition de la paix", a souligné M. Ban.
Les pays africains discutent depuis plusieurs mois de la création d’une nouvelle force chargée de combattre les rebellions en RDC, et ils se sont récemment ralliés à l’idée de fusionner une telle unité avec la mission de l’ONU.
L’accord d’Addis Abeba appelle également, une nouvelle fois, les pays de la région "à ne pas tolérer ni porter assistance ou soutien à aucune forme de groupes armés" en RDC. Le Rwanda et l’Ouganda ont été accusés par des rapports de l’ONU de soutenir le plus lourdement armé de ces mouvements rebelles, le M23, ce que les deux pays démentent.
Écrire "une page plus glorieuse"
Le M23 a mené une campagne militaire qui lui a permis en quelque mois de conquérir en novembre dernier Goma, la principale ville de l’est de la RDC.
Cette rebellion a finalement accepté de se retirer de la ville, en échange de l’ouverture de négociations avec Kinshasa, qui piétinent depuis.
Les présidents de RD Congo, d’Afrique du Sud, du Mozambique, du Rwanda, du Congo et de Tanzanie ont fait le déplacement à Addis Abeba pour signer l’accord, également paraphé sous les applaudissements par des représentants d’Ouganda, d’Angola, du Burundi, de Centrafrique et de Zambie..
Le président de la RDC Joseph Kabila a appelé à écrire "une page plus glorieuse que celle des deux dernières décennies, marquées par une guerre récurrente, des violations massives des droits de l’homme et le mépris de la vie humaine".
Le président rwandais Paul Kagame a pour sa part assuré "approuver sans réserve" l’accord d’Addis Abeba.
Il a en même temps appelé "à s’attaquer avec sincérité aux réels problèmes de droit, de justice et de développement", dans une allusion apparente à l’absence d’Etat de droit dans l’Est de la RDC et au traitement réservé dans cette région à la minorité tutsi, qui nourrit des liens étroits avec le Rwanda voisin.
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