Pour Ghannouchi, Valls a « insulté » Tunisie

La France est « le pays qui comprend le moins l’islam et les Tunisiens », et ces derniers se sont sentis « insultés » par les propos du ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, évoquant « un fascime islamique », a déclaré le chef du parti islamiste tunisien Ennahda.

Le chef du parti islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi. © AFP

Le chef du parti islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi. © AFP

Publié le 24 février 2013 Lecture : 2 minutes.

"La relation entre la Tunisie et la France est complexe. La France est un pays si proche de nous. Malgré cela, la France est le pays qui comprend le moins l’islam et les Tunisiens", a déclaré Rached Ghannouchi dans un entretien au Journal du Dimanche.

Au lendemain de l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, tué par balles le 6 février à Tunis, M. Valls avait mis en garde contre la montée d’un "fascisme islamique" dans les pays du Printemps arabe, Libye, Tunisie et Egypte.

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"Ennahda, les Frères musulmans, Al-Qaïda: Manuel Valls a mis tout le monde dans le même sac et, ce faisant, a montré qu’il ne comprenait rien à l’islam. À l’inverse, les Allemands, les Britanniques, les Américains y parviennent et savent que l’islam n’est pas uniforme et comporte des radicaux, des modérés, et que nous sommes à la tête des composantes modérées", a déclaré M. Ghannouchi.

"Oui, nous nous sentons insultés. Il suffit de se promener pour constater que la mosquée est ouverte, que les bars et les plages sont ouverts", a-t-il ajouté.

Le soutien français au régime mourant de Zine El Abidine Ben Ali début 2011 a laissé une certaine rancoeur en Tunisie, et les propos de M. Valls avaient suscité l’indignation des partisans d’Ennahda, illustrée par le slogan "France dégage" lors de dernières manifestations pro-islamistes.

M. Ghannouchi a par ailleurs estimé que le nouveau chef du gouvernement tunisien, l’islamiste Ali Larayedh, était un "militant connu pour sa modération et ses bonnes relations avec toutes les composantes de la classe politique".

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"Je pense que la Tunisie est entrée depuis vendredi dans une nouvelle ère pour la réalisation des objectifs de la révolution", a-t-il assuré.

"Nous prévoyons pour cette année la rédaction d’une nouvelle loi électorale, d’une nouvelle Constitution, l’élection d’une nouvelle Assemblée, d’un nouveau président. Il se peut que les élections se tiennent à l’automne prochain", a-t-il dit.

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Les tractations se poursuivent pour la composition d’un nouveau gouvernement en Tunisie, enlisée dans une grave crise politique et sociale, aggravée par l’assassinat de Chokri Belaïd. Le ministre de l’Intérieur Ali Larayedh, islamiste modéré, a été désigné vendredi après la démission d’Hamadi Jebali, dont la proposition de former un gouvernement de technocrates indépendants avait été rejetée par son propre parti Ennahda.

La vie politique est quasi-paralysée depuis des mois faute de consensus à l’Assemblée nationale constituante sur la future Constitution, en cours de rédaction depuis 16 mois.

 

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