Mali : nouveaux combats dans le nord après des morts tchadiens et jihadistes
De nouveaux combats ont opposé samedi des rebelles touareg alliés aux forces françaises et un groupe armé dans le nord du Mali, où la traque des jihadistes se poursuit avec la mort, selon N’Djamena, de 13 soldats tchadiens et 65 islamistes dans le massif des Ifoghas.
Selon des sources sécuritaires régionale et malienne, des combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) ont affronté samedi matin les hommes d’un groupe armé à In-Khalil, localité proche de Tessalit et de la frontière avec l’Algérie, où un attentat-suicide avait visé la veille les rebelles touareg.
La source sécuritaire malienne a évoqué "des combattants arabes" affrontant le MNLA, sans plus de détails.
Samedi après-midi, le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA, autonomiste), créé en mars 2012, a affirmé à l’AFP avoir attaqué samedi vers 04H00 (locales et GMT) le MNLA en représailles à des violences contre des Arabes dans la zone.
Les affrontements se poursuivaient samedi après-midi mais avaient "baissé d’intensité", selon un responsable du MAA, Boubacar Taleb, qui n’a pas fourni de bilan.
Mohamed Ibrahim Ag Assaleh, responsable du MNLA basé à Ouagadougou, a assuré que les assaillants sont des "terroristes" menés par Omar Ould Hamaha, du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un des groupes islamistes ayant occupé le nord du Mali en 2012 et qui a revendiqué un attentat-suicide commis vendredi à In-Khalil.
Puis samedi après-midi, M. Ag Assaleh a indiqué que le MNLA avait repoussé "les jihadistes à 10 km plus loin au nord-ouest d’In-Khalil", sans enregistrer de victimes dans ses rangs. "Nos forces ont trouvé trois corps de jihadistes et un véhicule incendié", a-t-il dit.
In-Khalil est à plus de 175 km au nord de Kidal. Les forces françaises ont repris fin janvier le contrôle de l’aéroport de Kidal avec quelque 1.800 soldats, qui sécurisent la ville, contrôlée depuis peu par des islamistes se disant "modérés" et le MNLA qui y refuse la présence de soldats maliens mais assure collaborer avec la France.
La région de Kidal abrite aussi l’Adrar des Ifoghas, zone montagneuse entre Tessalit et Kidal-ville (1.500 km de Bamako) considérée par certains Touareg comme leur berceau et où se sont réfugiés de nombreux islamistes armés liés à Al-Qaïda traqués par l’armée française.
Le Tchad a annoncé vendredi soir avoir tué 65 jihadistes dans le cadre de cette traque, mais avoir aussi enregistré 13 morts dans ses rangs. Il s’agit des pertes connus les plus lourdes subies par les forces soutenant le Mali.
Le président français François Hollande a salué samedi l’action de l’armée tchadienne, qui "témoigne de la solidarité africaine à l’égard du Mali".
"Ces combats vont se poursuivre", a estimé M. Hollande. "C’est vraiment, là, la dernière phase du processus puisque que c’est dans ce massif-là que sont sans doute regroupées les forces d’Aqmi" (Al-Qaïda au Maghreb islamique).
Attentats jihadistes programmés
Cette semaine, la France a annoncé qu’un de ses soldats a été tué lors d’une opération dans l’Adrar des Ifoghas, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tessalit, le 19 février. Elle a indiqué avoir détruit "deux importants dépôts de munitions" des jihadistes et tué "plus d’une vingtaine" de "terroristes".
A 350 km au sud-ouest de Kidal, Gao, la plus grande ville du nord du Mali, l’armée malienne poursuivait des opérations de "ratissage" samedi, au lendemain de combats avec des islamistes infiltrés.
Vendredi, des soldats maliens avaient combattu les jihadistes à l’arme lourde – notamment contre la mairie de Gao, où s’étaient retranchés certains d’entre eux portant des ceintures explosives – avec l’appui de l’armée française.
A la mairie, les islamistes ont été "neutralisés" par les forces maliennes, "un élément du génie français est intervenu afin de désamorcer les charges explosives. Au cours de cette action, deux soldats français ont été très légèrement blessés", a indiqué l’état-major de l’armée française dans un communiqué.
De même source, une dizaine de jihadistes ayant tenté de fuir par le fleuve Niger ont aussi été "neutralisés".
Le Mujao, qui a annoncé récemment avoir envoyé des combattants à Gao, a réitéré samedi ses menaces d’attaques dans le Nord malien et évoqué des attentats programmés par les jihadistes à Bamako, mais aussi Ouagadougou et Niamey, capitales du Burkina Faso et du Niger voisins dont des troupes participent à la force africaine déployée au Mali.
Ce sont "des zones favorables pour nos kamikazes", a assuré le porte-parole du Mujao, sans plus de détails.
Les Etats-Unis ont indiqué vendredi avoir déployé plusieurs drones au Niger, en soutien aux forces françaises au Mali, pour effectuer des vols de surveillance au-dessus de la zone de conflit.
Samedi, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a estimé que la situation au Mali mettait en danger la sécurité de son pays, dont le Sud-Est a connu en janvier une sanglante prise d’otages par un commando islamiste.
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