Pour Félix Tshisekedi, l’affaire Stanis Bujakera Tshiamala est « une curiosité »

Dans une interview accordée à RFI et France 24, le président congolais s’est exprimé sur le sort de notre correspondant à Kinshasa, dont le procès reprend ce vendredi 17 novembre.

Félix Tshisekedi lors de son entretien avec France 24 et RFI, le 16 novembre 2023. © DR

Félix Tshisekedi lors de son entretien avec France 24 et RFI, le 16 novembre 2023. © DR

Publié le 17 novembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Le 16 novembre, Félix Tshisekedi a accordé un entretien à RFI et France 24 à l’approche de l’élection présidentielle du 20 décembre. Le chef de l’État congolais a été interrogé sur « l’acharnement » que subit notre correspondant, Stanis Bujakera Tshiamala, incarcéré à la prison centrale de Makala depuis le 14 septembre.­

Son procès s’est ouvert le 13 octobre pour « faux en écriture », « propagation de faux bruits », « falsification des sceaux de l’État » et « transmission de messages erronés et contraires à la loi ». Il est accusé d’être l’auteur d’un article – non signé – publié sur le site de Jeune Afrique le 31 août et faisant état d’une note attribuée à l’Agence nationale de renseignement (ANR) impliquant les renseignements militaires congolais dans l’assassinat de l’ancien ministre et opposant Chérubin Okende. Un document que d’autres médias ont également exploité.

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« Je n’interviendrai que plus tard, peut-être »

« Je ne suis ni à l’origine de son arrestation, ni en train de tirer les ficelles pour qu’on l’enfonce. Je ne peux pas intervenir, a répondu Félix Tshisekedi à nos confrères Marc Perelman et Christophe Boisbouvier. Je n’interviendrai que plus tard, peut-être, s’il est condamné, pour une amnistie, une grâce ou que sais-je. Mais à ce stade, je n’ai rien à dire. »

Félix Tshisekedi a ensuite assuré être « le premier peiné par ce qui arrive » à Stanis Bujakera Tshiamala. « Mais en même temps, j’ai aussi besoin de savoir ce qu’il s’est passé, a-t-il précisé. Parce que je sais qu’en ce qui concerne le malheureux Chérubin Okende, ni mon régime ni mes proches n’y sont, de près ou de loin, liés. Je n’avais aucun intérêt à donner la mort à ce compatriote. […] Donc pour moi, c’était aussi une curiosité : pourquoi a-t-on voulu faussement attribuer aux services de renseignement la responsabilité de la mort de Chérubin ? »

En réponse à la question de savoir si Stanis Bujakera Tshiamala est responsable de cela, le président a ajouté : « Non, non, le journaliste, on peut l’avoir manipulé en lui faisant croire que c’était une information de première main. Et ensuite, on désoriente les enquêteurs. C’était peut-être ça le but. »

Lourdes accusations

Cette note attribuée à l’ANR est au centre de l’affaire. Son authenticité a été démentie par les autorités congolaises dans un courrier adressé à Jeune Afrique le 9 septembre, au lendemain de l’arrestation de notre confrère, qui est désormais accusé d’avoir lui-même fabriqué ce document et d’en avoir été le premier diffuseur. Une accusation que n’a pas réitérée Félix Tshisekedi lors de son interview à France 24 et RFI, évoquant donc pour la première fois la possibilité d’une « manipulation ».

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Le 19 septembre déjà, le président congolais avait été interpellé par la presse lors d’un déjeuner en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York. « Stanis Bujakera, c’est un jeune homme que j’aime bien, avait-il dit. Pour la petite histoire, il a couvert notre campagne électorale, il était de tous les combats avec nous, j’ai de la sympathie pour [lui]. Je regrette ce qui lui arrive, mais je ne peux pas faire entrave à la justice et ne pas lui permettre de faire toute la lumière.  »

Le 7 novembre, le tribunal a rejeté pour la quatrième fois la demande de liberté provisoire déposée par les avocats de Stanis Bujakera Tshiamala. Ils ne pourront en déposer une nouvelle qu’après un délai de quinze jours, conformément à la loi congolaise. Son procès reprend ce vendredi devant le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe, lequel se réunit au sein de la prison de Makala.

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