L’armée israélienne à Al-Shifa, Gaza coupée du monde
Plusieurs services du complexe hospitalier, accusé d’être un repaire du Hamas, ont été détruits lors de l’inspection du site qui, faute de carburant, ne peut plus fonctionner. La famine menace les Gazaouis qui ne savent plus où trouver refuge.
Les tensions sont aussi vives à Jénine, en Cisjordanie occupée, où l’armée israélienne a annoncé vendredi avoir tué « cinq terroristes ». Dans la nuit, une équipe de l’AFP a fait état d’une importante opération israélienne dans ce bastion des mouvements armés palestiniens. Le Hamas avait revendiqué la veille une attaque sur un barrage de sécurité près de Jérusalem, dans laquelle un soldat israélien a été tué et trois autres ont été blessés.
Dans la bande de Gaza, le gouvernement du Hamas a affirmé que les soldats israéliens avaient « détruit » plusieurs services de l’hôpital Al-Chifa, un immense complexe situé dans l’ouest de la ville de Gaza, lors d’un raid débuté mercredi.
Corps d’otages retrouvés
Au 42e jour de guerre, l’armée a annoncé avoir retrouvé la dépouille de Noa Marciano, une soldate de 19 ans otage du Hamas, en fouillant un bâtiment adjacent à l’hôpital Al-Chifa. Le mouvement islamiste avait affirmé lundi qu’elle avait été tuée dans les bombardements qui ont frappé le complexe ces derniers jours. La soldate avait été enlevée le même jour dans la base de Nahal Oz, lors des massacres perpétrés par les commandos du Hamas dans le sud d’Israël.
Jeudi soir, le corps de Yehudit Weiss avait également été découvert également près de l’hôpital. L’otage âgée de 65 ans a été « assassinée par les terroristes dans la bande de Gaza », selon l’armée, après avoir été enlevée par le Hamas le 7 octobre dans le kibboutz de Beeri, dans le sud d’Israël. Environ 240 otages, civils et militaires, ont été emmenés le même jour par le Hamas à Gaza, selon l’armée qui a également perdu 51 soldats au cours des combats dans le territoire depuis le 7 octobre.
Les bombardements israéliens menés en représailles dans la bande de Gaza ont fait 11 500 morts, majoritairement des civils, dont 4 710 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Situation humanitaire catastrophique
L’armée bombarde sans répit le petit territoire palestinien assiégé où la situation humanitaire devient catastrophique selon les ONG. « Avec l’hiver qui approche à grands pas, les abris précaires et surpeuplés, ainsi que le manque d’eau potable, les civils sont confrontés à un risque immédiat de famine », a averti jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.
Depuis plusieurs jours, Israël resserre son étau sur la ville de Gaza et plus particulièrement ses hôpitaux, accusant le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme des « boucliers humains ».
Un responsable de l’armée israélienne a annoncé que les soldats procédaient « à la fouille de chaque étage, bâtiment après bâtiment » de l’immense complexe de l’hôpital al-Chifa. Israël affirme que l’hôpital abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, notamment dans des tunnels creusés sous le complexe, ce que dément le mouvement islamiste. « Nous nous focalisons sur ce qu’il y a sous terre, y compris dans les hôpitaux. À ce titre, nos soldats ont découvert l’entrée d’un tunnel à l’hôpital Al-Chifa et des ingénieurs militaires sont actuellement en train de déterrer l’infrastructure sur place », a indiqué jeudi soir le porte-parole Daniel Hagari.
Des « images relatives aux otages » capturés par le Hamas ont été trouvées sur du matériel saisi au cours du raid, a ajouté l’armée. « Nous avions de fortes indications selon lesquelles les otages étaient détenus à l’hôpital Al-Chifa, et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous y sommes entrés. Si les otages étaient bien sur place, ils ont été transportés » ailleurs, a dit le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à la chaîne américaine CBS.
Le raid lancé sur l’hôpital, privé d’eau et d’électricité, abritant des malades, du personnel soignant et des civils qui espéraient fuir la guerre, a suscité des appels pressants de la communauté internationale à protéger la population. Selon l’ONU, 2 300 personnes se trouvent actuellement dans l’hôpital.
Refus de tout cessez-le-feu
Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un « siège complet » au territoire palestinien, coupant les livraisons d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments. L’aide internationale à Gaza arrive au compte-gouttes par camions depuis l’Égypte, et l’ONU réclame notamment la livraison de carburant pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux. Le directeur de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a affirmé jeudi à Genève que les communications étaient à nouveau « totalement coupées » avec la bande de Gaza, faute de carburant.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est entretenu avec Benny Gantz, ténor de l’opposition israélienne qui a rejoint le cabinet de guerre de M. Netanyahu, « à propos des efforts visant à augmenter et accélérer le passage de l’aide humanitaire indispensable vers Gaza », selon Washington.
En Israël, la pression s’accentue sur Benyamin Netanyahou sur la question des otages, alors que des pourparlers se tiennent via une médiation du Qatar. Une marche des proches des otages partis mardi de Tel-Aviv pour réclamer un accord sur leur libération, doit arriver vendredi à Jérusalem. Pour le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui se dit « en contact avec le Hamas, avec d’autres parties internationales concernées et avec Israël », les négociations sont « très délicates ».
Israël a jusqu’ici refusé tout cessez-le-feu sans libération préalable des otages. Mais pour le chef en exil du Hamas, Ismaïl Haniyeh, Israël « n’a atteint aucun de ses objectifs » et n’obtiendra « la libération de ses prisonniers qu’au prix que la résistance fixera ».
(Avec AFP)
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