Nigeria : sept étrangers enlevés dans le nord
Sept employés d’une société de construction libanaise ont été enlevés à Jama, dans le nord du Nigeria, par des assaillants qui ont tué un garde, ont annoncé dimanche les autorités. Un groupe lié à Boko Haram a revendiqué le rapt.
Sept étrangers, employés d’une société de construction libanaise, ont été enlevés à Jama’are, dans le nord du Nigeria, par des assaillants qui ont tué un garde, ont annoncé dimanche les autorités. "Il y a en tout sept otages: quatre Libanais, un Italien, un Britannique et un Grec", a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police de l’Etat de Bauchi, Hassan Auyo.
Ces enlèvements n’ont pas été revendiqués. Un groupe islamiste, Ansaru, avait revendiqué l’enlèvement en décembre 2012 d’un Français dans l’Etat de Katsina (nord), frontalier du Niger. Des incertitudes demeurent concernant la nationalité de certains otages, Londres n’ayant pas confirmé l’enlèvement d’un Britannique et Beyrouth n’évoquant que deux Libanais enlevés.
"Nous sommes informés, nous en discutons avec les autorités locales", s’est borné à déclarer à l’AFP le Foreign Office. "Deux Libanais travaillant pour la société de construction Setraco ont été enlevés", a indiqué de son un responsable du gouvernement à Beyrouth sous couvert de l’anonymat.
"Nous confirmons que l’un des hommes kidnappés est un Italien. Notre unité de crise est en contact constant avec les autorités nigérianes", a déclaré de son côté un responsable du service de presse du ministère italien des Affaires étrangères. Il s’est refusé à donner l’identité de l’otage italien. Le ministère grec des Affaires étrangères a confirmé dimanche qu’un citoyen grec se trouvait parmi les employés enlevés.
Une fillette otage ?
"Il y a eu une attaque samedi soir sur le site de l’entreprise de construction Setraco dans le secteur de la ville de Jama’are (200 km de la ville de Bauchi) menée par des hommes armés non identifiés", a déclaré à l’AFP le chef de la police de l’Etat de Bauchi, Mohammed Ladan. "Les hommes en armes sont arrivés à bord de cinq véhicules tout terrain", a déclaré un habitant, Musa Balla, qui situe l’attaque entre 20H00 (19H00 GMT) et 22H00 locales.
Une Libanaise et sa fillette seraient parmi les otages, a indiqué à l’AFP un responsable du gouvernement local, Adamu Aliyu, ce qui n’a pas été confirmé par la police. Les assaillants avaient auparavant attaqué la prison et un poste de police dans la même ville de Jama’are mais ils ont été repoussés, a encore déclaré M. Ladan.
Une attaque semblable a eu lieu samedi contre un poste de police dans la ville de Kafin Madaki, à environ 40 km de Bauchi, capitale de l’Etat du même nom. Il y a "eu une fusillade entre la police et les criminels" qui sont partis sans faire de victimes, a également dit M. Ladan. Setraco Nigeria Limited, une compagnie de construction et d’ingénierie civile, est une filiale du groupe Setraco International, selon le site internet de la compagnie.
Setraco Nigeria Limited, installée au Nigeria depuis 1977, travaille en ce moment, entre autres, sur la réalisation d’une route de 600 km entre Kano et Maiduguri, dans le nord du Nigeria. Un responsable au siège de la compagnie à Abuja, Deepak Purswani, contacté par l’AFP, n’a pas voulu commenter les enlèvements.
Le Nigeria, pays le plus peuplé et premier producteur de pétrole d’Afrique, est secoué par des violences attribuées pour la plupart au groupe islamiste Boko Haram, actif dans le Nord et le centre en particulier. Un Français de 63 ans, Francis Collomp, a été enlevé le 19 décembre dernier par une trentaine d’hommes armés dans l’Etat de Katsina.
L’ombre de Boko Haram
L’enlèvement a été revendiqué par Ansaru, un groupe islamiste qui serait lié à Boko Haram et qui l’a justifié par l’intervention militaire au Mali alors en préparation. La France a débuté son opération au Mali le 11 janvier contre les groupes islamistes qui en occupaient le Nord. Selon un militant des droits de l’homme et spécialiste des conflits religieux dans le nord du Nigeria, Shehu Sani, il est possible que les islamistes actifs dans cette région aient eu recours à des enlèvements pour "attirer davantage l’attention au niveau international".
Les enlèvements sont courants au Nigeria mais surtout dans le Delta du Niger, région du Sud riche en pétrole, et les otages sont la plupart du temps relâchés contre rançon. Mais un Britannique et un Italien enlevés dans le Nord en 2011, ainsi qu’un Allemand kidnappé en 2012 dans la région de Kano ont été tués par leurs ravisseurs.
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