L’ancien ministre algérien Djamel Ould Abbes réclame sa libération
Âgé de 89 ans, malade, celui qui fut ministre et secrétaire général du FLN sous Bouteflika demande aujourd’hui à bénéficier d’un aménagement de peine.
En détention depuis juillet 2019, l’ancien ministre de la Solidarité nationale (de 1999 à 2010) et ex-secrétaire général du FLN, 89 ans, vient d’introduire une demande de liberté pour raisons de santé. Sa défense a formulé une requête similaire à plusieurs reprises, sans obtenir gain de cause. Mais cette fois-ci, la démarche a plus de chances d’aboutir, soutient son entourage, puisqu’il lui reste moins de deux ans d’incarcération.
Djamel Ould Abbes avait été condamné à six ans de prison dans le cadre de l’affaire du don koweitien de 5 millions de dollars remis à l’ex-chef de l’État Abdelaziz Bouteflika, au début de l’année 2000, au profit des familles de victimes du terrorisme. La présidence avait chargé à l’époque l’ancien ministre de la Solidarité de verser le chèque sur un compte spécial réservé aux familles, en vue de l’affecter à des projets de construction de logements.
L’argent a généré 450 000 dollars d’intérêts, que le détenu a rattaché à un compte appartenant à une association qu’il présidait avant sa nomination au poste de ministre. Ce qui lui valut des poursuites pour détournement de fonds et abus de fonction. Il a aussi été condamné en appel, en mai 2022, à quatre ans de prison pour marchandage de listes électorales des législatives de 2017.
« Sa peine doit être aménagée »
Les peines de prison n’étant pas cumulables en Algérie, c’est la sentence la plus lourde qui est appliquée. La justice lui a notifié ces jours-ci la décision d’application de cette disposition de la loi algérienne. Ce qui veut dire que même s’il n’est pas remis en liberté provisoire pour des raisons de santé, il lui reste environ vingt mois à purger.
« Il n’est pas de tradition de l’institution judiciaire de maintenir en détention un homme âgé, atteint de plusieurs pathologies. Sa peine doit être aménagée », plaident ses avocats dans leur recours auprès de la justice. Usé par la prison et la maladie, Djamel Ould Abbes, quand il n’est pas hospitalisé au pavillon carcéral de l’hôpital algérois Mustapha Bacha, est constamment détenu dans l’infirmerie de l’établissement pénitencier d’El Harrach.
Son état serait aujourd’hui, dit-on, proche de la sénilité. Plusieurs pontes de l’ancien régime, comme lui, ont vu leurs procès reportés, ces dernières années, à cause de leur hospitalisation. Le service de médecine pénitentiaire d’El Harrach, d’une capacité de 15 lits, a ainsi prodigué des soins à plusieurs reprises à l’ancien patron de la Centrale syndicale Abdelmadjid Sidi-Saïd, souffrant de leucémie chronique et de cardiopathie, ainsi qu’à l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh, à celui des Ressources en eau, Hocine Necib, et à l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia avant son transfert à la prison Abadla de Béchar.
La démarche entreprise par les avocats de Djamel Ould Abbes n’est pas inédite. En août 2022, la justice a répondu favorablement à la demande d’aménagement de peine introduite par la défense de l’ex-ministre du Travail Mohamed Ghazi, détenu depuis 2019, souffrant de démence et de la maladie de Parkinson. Face au magistrat qui le jugeait le 8 octobre 2020, Ghazi était pris de tremblements et éprouvait les plus grandes difficultés à s’exprimer. Il a quand même été condamné à dix ans de prison ferme, une peine assortie d’une amende d’un million de dinars dans le cadre de l’affaire « Madame Maya », la fille présumée de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika à laquelle, selon la justice, il a accordé de nombreux privilèges quand il était wali de Chlef. Mais contre toute attente, il a été remis en liberté le 3 août 2022 au bout de trois ans d’incarcération.
Djamel Ould Abbes espère bénéficier, lui aussi, de cette mesure exceptionnelle.
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