Victor Wembanyama, la biographie d’un prodige

Les sportifs de 19 ans ayant fait déjà l’objet d’un livre de près de 150 pages ne sont pas nombreux. Victor Wembanyama, qui fêtera son 20e anniversaire le 4 janvier prochain, à la veille d’un match de NBA qui opposera son équipe, les Spurs de San Antonio, aux Milwaukee Bucks, fait partie de ce cercle restreint.

Yann Ohnona, grand reporter au quotidien sportif français L’Équipe et spécialiste du basket-ball, a en effet écrit un livre – Victor Wembanyama : « Je veux juste être moi » – sur ce joueur français, premier à être sélectionné numéro 1 de la draft NBA et recruté par les Spurs de San Antonio (son contrat, de quatre ans,  prévoit un salaire annuel de 13 millions d’euros). Un club où Tony Parker, son illustre compatriote, brilla entre 2002 et 2018, remportant vingt titres collectifs et de multiples récompenses individuelles. Briller sera difficile cette saison puisque les Spurs effectuent un début de championnat catastrophique (3 victoires et 19 défaites au 13 décembre) en Conférence Ouest, mais le Français est globalement épargné par les critiques.

La RDC, une partie de son identité

Tony Parker avait quitté le Paris Basket Racing et avait été drafté – à 19 ans – le 27 juin 2001. Presque vingt-deux ans plus tard, le 22 juin 2023, Victor Wembanyama a vécu la même expérience. Avant de rejoindre le Texas, le jeune pivot comptait 68 matchs au niveau professionnel, répartis entre Nanterre, Lyon-Villeurbanne et le Metropolitans 92.

Pour Wembanyama, la pratique du sport de haut niveau était une quasi évidence, même s’il explique dans le livre que ses parents ne lui ont « jamais mis la pression ». Sa mère, Élodie de Fautereau, elle-même fille de basketteurs, a évolué au niveau professionnel. Son père, Félix, originaire de la province du Sankuru, en RDC, a également joué au basket au niveau amateur, mais s’est surtout fait connaître grâce à ses performances au saut en longueur et au triple saut. Sa sœur, Ève, a été sacrée championne d’Europe de basket des moins de 17 ans avec la France, en 2017. Avec son père, il a amélioré sa course et ses postures ; sa mère l’a entraîné en club, dans les catégories de jeunes.

Musique et arts graphiques

Le joueur ne s’est jamais exprimé publiquement sur ses origines africaines, mais Yann Ohnona a pu évoquer la question avec lui lors de discussions informelles. « Victor Wembanyama n’a jamais eu l’occasion d’aller en RD Congo, mais je pense qu’il le fera un jour, quand il le pourra. Il sait que ce pays fait partie de son identité. Il se souvenait de quelques rituels et traditions congolaises, quand la famille de son père passait à la maison. Il compte s’y intéresser vraiment, car c’est important pour lui. »

Le basket n’est pas la seule passion du jeune homme : c’est un fan de cinéma (et notamment de la saga Star Wars, qu’il a découvert grâce à son père), de musique et d’arts graphiques. Il s’intéresse aussi à d’autres sports, dont le football. « J’espère ne jamais rester sans m’instruire. J’aime apprendre et faire des choses », confie-t-il à l’auteur. Son agent n’est autre que Bouna N’Diaye, né en Gambie et élevé au Sénégal, qui compte dans son portefeuille plusieurs joueurs français évoluant en NBA.

Des points communs avec Kylian Mbappé

« Son intelligence est liée à sa précocité. Un joueur aussi jeune, de cette taille (2,23 m) et aussi performant, c’est très rare. Il comprend très bien ce qui lui arrive, les attentes qu’il suscite, la pression qu’il va subir, et qu’il lui sera très difficile de préserver sa vie privée. Ses prestations seront scrutées, car, dans son équipe, il n’y a pas de véritable star. On verra comment il s’adapte à la NBA, à son calendrier chargé, avec les Jeux olympiques à Paris, l’an prochain. À 19 ans, il n’est pas encore physiquement “fini”. Nous allons continuer de le découvrir lors de cette saison », explique Yann Ohnona, qui compare volontiers le cas de Wembanyama, suivi par des dizaines de millions de fans sur les réseaux sociaux, à celui d’un autre prodige français, le footballeur Kylian Mbappé. « Tous deux ont des origines africaines, des parents anciens sportifs. Ils sont intelligents, précoces, ont les pieds sur terre, sont bien entourés. Wembanyama a obtenu son bac avec un an d’avance, et avec mention, alors qu’il jouait déjà au niveau professionnel. Les deux hommes ont des points communs, se connaissent et s’apprécient. »

Victor Wembanyama : Je veux juste être moi, de Yann Ohnona, Éditions Solar/L’Équipe, 144 pages, 16,90 euros