Mali : guerilla urbaine à Gao après un nouvel attentat suicide
Des combats opposant soldats maliens et islamistes ont éclaté dimanche après-midi dans le centre de Gao, la plus grande ville du Nord-Mali, récemment reprise par les militaires français et maliens aux groupes islamistes armés, frappée par deux attentats suicides en deux jours.
Des combats opposant soldats maliens et islamistes ont éclaté dimanche après-midi dans le centre de Gao, la plus grande ville du Nord du Mali, récemment reprise par les militaires français et maliens aux groupes islamistes armés, frappée par deux attentats suicides en deux jours.
Les échanges de tirs entre soldats et islamistes se déroulaient dans le coeur même de la ville de Gao, près du commissariat central, a constaté un journaliste de l’AFP présent sur place.
Ces affrontements surviennent après un attentat suicide visant dans la nuit de samedi à dimanche un poste de contrôle à l’entrée nord de Gao, le deuxième en deux jours. Aucun militaire malien n’a été atteint dans l’explosion, selon les soldats sur place. Mais la route menant vers le nord et les villes de Bourem et Kidal a été fermée et aucun véhicule n’était autorisé à l’emprunter.
Trois mines antipersonnel ont aussi été découvertes dans la zone, selon un militaire français, qui a précisé que l’armée allait les faire sauter dans une explosion contrôlée. L’attentat de vendredi avait été revendiqué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions, qui avait menacé d’attaquer des convois, de poser des mines, et d’utiliser des "kamikazes".
"Nous nous engageons à augmenter les attaques contre la France et ses alliés. Nous demandons à la population de se tenir loin des zones militaires pour éviter les explosions", a de nouveau mis en garde samedi le porte-parole du Mujao, Abou Walid Sahraoui.
Gao, la plus grande ville du Nord malien, située à 1.200 km de Bamako, avait été reprise le 26 janvier par les armées française et malienne aux groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, dont le Mujao.
Le Mali n’avait jamais été frappé par des attentats suicides jusqu’à ces derniers jours. Mais les islamistes, chassés des villes du nord qu’ils contrôlaient depuis des mois par les frappes aériennes françaises et la progression terrestre de militaires français et maliens, ont visiblement décidé de recourir à cette tactique, ainsi qu’à la pose de mines sur les routes.
"C’est un kamikaze qui s’est fait exploser", a déclaré dimanche un soldat malien sur les lieux de l’attentat, à proximité d’un poste de contrôle à l’entrée nord de Gao, déjà visé par un attentat suicide vendredi. La tête de l’auteur de l’attentat, un homme arabe ou touareg, gisait encore sur le sol dimanche matin, a constaté un journaliste de l’AFP. A côté, un lambeau de jambe était recouvert d’un pantalon de treillis, laissant supposer que l’assaillant avait revêtu un uniforme pour pouvoir s’approcher du poste de contrôle.
La sécurité du poste de contrôle avait été fortement renforcée depuis qu’un homme portant un uniforme de le gendarmerie malienne s’était fait exploser vendredi à proximité, blessant légèrement un militaire malien. Les effectifs ont été doublés et le poste est désormais protégé par deux murs de sacs de sable séparés de 300 mètres. Les arbres alentours ont été rasés pour améliorer la visibilité et des mitrailleuses lourdes placées en batterie.
Corps découverts dans le désert
En ville, soldats maliens et nigériens patrouillent continuellement dans leurs pick-up camouflés, traduisant l’inquiétude des militaires, qui prennent très au sérieux les menaces de nouvelles attaques. "Dès qu’on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c’est dangereux, on peut se faire tirer dessus", a confié à l’AFP un officier malien. Selon des sources militaires, française et maliennes, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes.
Deux jeunes portant des ceintures bourrées d’explosifs ont aussi été arrêtés samedi matin à 20 kilomètres au nord de Gao. Et des mines ont été posées sur les routes alentours: quatre civils maliens ont été tués mercredi par une mine au passage de leur véhicule entre Douentza (centre) et Gao. Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient déjà été tués dans une explosion similaire, sur la même route.
Les deux hommes qui se sont fait sauter, de même que les jeunes arrêtés avec leurs ceintures explosives, appartenaient aux communautés arabe et touareg, qui constituent la majorité des combattants des groupes islamistes. Ces deux communautés assurent être victimes d’exactions de la part de milices ou de soldats de l’armée malienne, les assimilant sans distinction aux jihadistes.
Près de la ville emblématique de Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako), les corps de plusieurs personnes, dont ceux de trois commerçants arabes récemment arrêtés par l’armée malienne, ont été découverts vendredi ensevelis dans le désert, selon l’agence d’informations en ligne mauritanienne ANI.
Tombouctou a été reprise le 28 janvier, sans combats, par les soldats français et maliens aux islamistes qui l’ont occupé pendant des mois, y commettant de nombreux crimes. L’aviation française a bombardé dimanche matin un bâtiment abritant des véhicules et des équipements d’un groupe islamiste à Gourma Rharours, à 165 km de Tombouctou, sur la route qui mène à Bourem, selon un élu de la région joint par l’AFP.
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