Un nouvel attentat suicide déjoué à Gao par des soldats maliens

L’explosion qui a secoué dans la nuit de samedi à dimanche la ville de Gao, dans le nord du Mali, a été provoquée par un nouvel attentat suicide, le second en deux jours, a-t-on appris dimanche de source militaire.

Des islamistes fait prisonniers par des soldats maliens le 8 février 2013 à Gao. © AFP

Des islamistes fait prisonniers par des soldats maliens le 8 février 2013 à Gao. © AFP

Publié le 10 février 2013 Lecture : 5 minutes.

Mis à jour le 10/02/13 à 11h00

Les forces maliennes ont déjoué une tentative d’attentat suicide tard samedi soir à Gao, dans le nord du Mali, ont indiqué dimanche des témoins et une source militaire. Des soldats l’ont intercepté à un poste de contrôle à la sortie nord de la ville avant que le kamikaze ne passe à l’acte. C’est la deuxième fois en deux jours qu’un kamikaze opère dans cette ville reprise aux islamistes par les forces françaises et maliennes.

la suite après cette publicité

Samedi vers 23h00 locales (et GMT), une puissante explosion lointaine a été entendue à Gao. Une source militaire française a précisé que l’explosion avait eu lieu "à 10 km du camp" de l’armée française, installée dans l’aéroport de Gao."C’est un kamikaze qui s’est fait exploser", a déclaré un soldat malien sur les lieux de l’attentat, à proximité d’un poste de contrôle à l’entrée nord de Gao. La tête de l’auteur de l’attentat, un homme arabe ou touareg, gisait encore sur le sol dimanche matin, a constaté un journaliste de l’AFP.

"C’était un nouvel attentat suicide. Les soldats l’ont vu approcher et ont tiré sur lui, il a explosé", a dit une source militaire malienne. La déflagration n’a pas fait de victime parmi les militaires maliens.

La route menant vers le nord et les villes de Bourem et Kidal a toutefois été fermée. Des témoins ont aussi fait état d’échanges de tirs entre les soldats maliens et des combattants islamistes après l’explosion. La sécurité du poste de contrôle avait été fortement renforcée depuis qu’un homme s’était fait exploser vendredi à proximité, blessant légèrement un militaire malien.

Corps découverts à Tombouctou ?

la suite après cette publicité

Dans la ville emblématique de Tombouctou (Nord), les corps de plusieurs personnes, dont ceux de trois commerçants arabes récemment arrêtés par l’armée malienne, ont été découverts ensevelis dans le désert, selon l’agence d’informations en ligne mauritanienne ANI. La découverte macabre a été faite vendredi, à moins de 2 km de l’entrée nord de Tombouctou, à 900 km au nord-est de Bamako, selon ANI, qui cite des témoins oculaires. Il n’était pas possible dans l’immédiat de confirmer cette information sur place, mais des habitants joints par l’AFP ont fait état de rumeurs sur des corps découverts dans le désert.

Tombouctou, ville emblématique du Nord du Mali, a été reprise le 28 janvier, sans combats, par les soldats français et maliens à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), qui ont occupé Tombouctou pendant des mois, y commettant de nombreuses exactions.

la suite après cette publicité

Les groupes islamistes armés, qui ont refusé le choc frontal avec les soldats français et maliens, semblent avoir opté pour un recours aux attentats suicides et à la pose de mines sur les routes. Deux jeunes portant des ceintures bourrées d’explosifs ont ainsi été arrêtés samedi matin à 20 kilomètres au nord de Gao, au lendemain du premier attentat suicide au Mali, survenu dans cette même ville située à 1.200 km au nord-est de Bamako et récemment reprise aux groupes islamistes armés.

"Nous avons arrêté tôt aujourd’hui deux jeunes, un Arabe et un Touareg. Ils avaient une ceinture d’explosifs et ils étaient sur le dos de deux ânes", a déclaré à l’AFP Oumar Maïga, le fils du chef du village local. Les deux jeunes ont été arrêtés sur la route menant à Bourem et à Kidal, à 20 km de l’entrée nord de Gao, où un homme s’est fait exploser vendredi dans un attentat suicide visant des militaires maliens, blessant légèrement l’un d’entre eux. L’attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions.

Jeudi, le Mujao avait dit avoir créé "une nouvelle zone de conflit", promettant d’attaquer des convois, de poser des mines et "d’organiser des kamikazes". Plus grande ville du nord du Mali, Gao a été reprise le 26 janvier par les soldats français et maliens aux islamistes. Mais depuis vendredi, la ville semble en état de siège: aussitôt après l’attentat suicide, soldats et gendarmes maliens se sont affairés à renforcer les postes aux entrées de la ville, a constaté un journaliste de l’AFP.

Sacs de sable empilés autour des postes de contrôle, arbres rasés pour améliorer la visibilité, mitrailleuses lourdes en batterie, patrouilles continuelles de soldats nigériens et maliens dans leurs pick-ups camouflés: les mesures traduisent l’inquiétude des militaires, qui prennent très au sérieux les menaces de nouvelles attaques.

"Dialogue et négociation"

"Dès qu’on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c’est dangereux, on peut se faire tirer dessus", a confié à l’AFP un officier malien. Selon des sources militaires, française et maliennes, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes. Des mines ont été découvertes sur les routes alentours: quatre civils maliens ont été tués mercredi par une mine au passage de leur véhicule entre Douentza (centre) et Gao. Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient déjà été tués dans une explosion similaire, sur la même route.

Dans la capitale malienne, le calme était revenu samedi après les affrontements survenus la veille dans l’attaque par des militaires du camp d’une ancienne unité d’élite de l’armée malienne, les Bérets rouges, qui ont fait deux morts, des adolescents, et 13 blessés, suscitant la colère du chef d’état malien.

Cette attaque, qui illustre les divisions au sein de l’armée malienne laminée par les groupes islamistes armés et les rebelles touareg en 2012, a été motivée par le refus des Bérets rouges de quitter leur camp à Bamako et d’être réaffectés dans d’autres unités pour aller combattre les islamistes dans le Nord. Les commandos parachutistes des Bérets rouges étaient un corps d’élite de l’armée malienne jusqu’au coup d’Etat ayant renversé, le 22 mars 2012, le président Amadou Toumani Touré, un ancien de cette unité.

Fin avril 2012, les Bérets rouges avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d’Etat mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d’un autre corps d’armée, les Bérets verts. Les islamistes dissidents du Mouvement Islamique de l’Azawad (MIA) ont "fermement condamné" samedi les mandats d’arrêts rendus publics la veille par le parquet de Bamako, qui visent 26 personnes, dont les principaux responsables des groupes islamistes armés et des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), accusés notamment de "terrorisme" et de "sédition".

"Bien sûr, nous continuons à privilégier le dialogue et la négociation mais encore faut-il avoir quelqu’un avec qui négocier", a souligné le mouvement, qui assure contrôler avec le MNLA la ville de Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, où des soldats français et tchadiens sont aussi déployés.
 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires