George Weah : le triomphe de la défaite
Dans une Afrique de l’Ouest où se multiplient les coups d’État, l’alternance qui se déroule au Liberia dans un climat pacifique a quelque chose de rassurant.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 20 novembre 2023 Lecture : 1 minute.
Si la démocratie est le pire système de gouvernement à l’exception de tous les autres, comme le disait le Premier ministre britannique Winston Churchill, peut-être sa santé se mesure-t-elle au spectacle d’un président battu aux élections. C’est avec célérité et fair-play que le président sortant du Liberia, George Weah, a concédé sa défaite à l’élection du 14 novembre, et ceci bien avant que la commission électorale ne publie les résultats définitifs.
Au terme d’un second tour au déroulement plutôt pacifique et transparent, le chef de l’État, élu en 2017, a ainsi déclaré, ce 17 novembre, à la radio publique : « Le CDC [Congress for Democratic Change, son parti] a perdu l’élection, mais le Liberia a gagné. C’est le moment de se montrer élégant dans la défaite ». Les félicitations de Weah au nouvel élu avaient tout d’un échange de maillots à la fin d’un de ces matchs de football qu’illumina le 40e Ballon d’or de l’Histoire.
Boakai promet un gouvernement « inclusif »
À 78 ans, Joseph Boakai devient donc, avec 50,64 % des voix, et pour six ans, le troisième président démocratiquement élu d’un pays d’environ 5 millions d’habitants traumatisés par une longue guerre civile, qui fit plus de 250 000 morts entre 1989 et 2003. Pour finir de donner des allures de civilité à un résultat qui sonne pourtant comme une revanche de 2017 (il avait alors été battu par Weah), celui qui fut le vice-président d’Ellen Johnson Sirleaf promet la formation d’un gouvernement « inclusif ». L’histoire dira si un excès de bons sentiments ne tue pas les bons sentiments.
L’alternance actuelle tranche non seulement avec les crises de triste mémoire que le Liberia a traversées, mais aussi avec les coups d’État survenus ces derniers mois en Guinée, au Mali, au Burkina Faso ou au Niger. De quoi rassurer les « démocratophiles », assaillis de doutes au sujet des prochaines élections sénégalaise et ivoirienne. À 57 ans, sommité du monde du sport, chanteur à ses heures et maintenant bon perdant, George Weah, lui, ne devrait pas tarder à rebondir.
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