Égypte : 31 morts à Port-Saïd, heurts dans plusieurs villes
Des heurts se sont poursuivis jusque tôt dimanche matin dans plusieurs villes d’Égypte, après les violences de la veille à Port-Saïd où 31 personnes ont été tuées dans des affrontements déclenchés par des condamnations à mort dans un procès lié à un drame du football.
Des heurts se sont poursuivis jusque tôt dimanche matin dans plusieurs villes d’Égypte, après les violences de la veille à Port-Saïd où 31 personnes ont été tuées dans des affrontements déclenchés par des condamnations à mort dans un procès lié à un drame du football.
Les troubles de Port-Saïd (nord-est) ont débuté au lendemain du deuxième anniversaire du début du soulèvement ayant conduit au départ de Hosni Moubarak, vendredi, une journée elle-même marquée par des violences entre manifestants et policiers qui ont fait neuf morts et plus de 530 blessés à travers le pays.
Au Caire, des accrochages se sont poursuivis jusqu’à l’aube près de la place Tahrir entre groupes de manifestants hostiles au président Mohamed Morsi et forces de l’ordre, qui ont échangé des jets de pierres et des tirs de grenades lacrymogènes, selon des témoins. Des manifestants ont bloqué le grand pont du 6-Octobre, sur une autoroute urbaine reliant l’est et l’ouest de la capitale, et des heurts ont eu lieu sur la "corniche", un grand boulevard qui longe le Nil.
21 condamnés à mort
Des affrontements se sont également poursuivis dans la nuit à Port-Saïd, où un nouveau bilan provisoire du ministère de la Santé fait état de 31 morts depuis samedi matin. L’armée a pris position dans la ville pour protéger les bâtiments publics et les sites sensibles.
Les violences y avaient débuté quelques minutes après la condamnation à la peine capitale de 21 supporteurs du club local d’Al-Masry pour leur implication dans la mort de 74 personnes après un match en février 2012 contre le club cairote d’Al-Ahly.
Pour certains habitants de Port-Saïd, ces condamnations sont motivées par le souhait d’éviter des troubles avec les supporteurs nombreux et très organisés d’Al-Ahly, les "Ultras", qui avaient menacé de semer le "chaos" si le verdict n’était pas assez sévère. "C’est un verdict politique qui a sacrifié nos enfants pour éviter le chaos. Nos enfants sont des boucs émissaires", a affirmé à l’AFP un habitant, Achraf Sayyed.
Des heurts ont également été signalés dans la nuit à Suez, à l’entrée sud du canal du même nom, où un commissariat a été attaqué en fin de journée samedi.
Menaces de l’opposition
Parallèlement, l’opposition aux islamistes, regroupée au sein du Front du salut national (FSN), a réclamé une "solution globale" à la crise politique incluant notamment la formation d’un "gouvernement de salut national". Faute de quoi, a-t-elle prévenu, elle boycotterait les législatives prévues en principe en mars ou avril, à une date encore à définir, et réclamerait une présidentielle anticipée alors que M. Morsi n’est en fonction que depuis sept mois.
L’opposition laïque et le pouvoir sont à couteaux tirés depuis novembre, date à laquelle M. Morsi s’est doté temporairement de pouvoirs exceptionnels afin d’accélérer un projet de Constitution rédigé par une commission dominée par les islamistes. Des manifestations tournant parfois à la violence avaient déjà eu lieu à l’époque.
Vendredi, les manifestations et heurts à l’occasion de la "Journée de la Révolution" se sont produits dans de nombreuses villes, notamment Le Caire, Alexandrie et Suez. Les manifestants accusent M. Morsi et les Frères musulmans dont il est issu de trahir la "révolution" qui leur a permis d’accéder au pouvoir grâce à une élection présidentielle pour la première fois démocratique.
M. Morsi, qui a appelé dans la nuit ses compatriotes à "rejeter la violence", a participé samedi à une réunion du Conseil national de défense consacrée à la sécurité publique.
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