Égypte : 30 tués à Port-Saïd, l’opposition fait monter la pression sur Morsi
L’Égypte a connu samedi une deuxième journée d’affrontements sanglants, avec la mort de 30 personnes à Port-Saïd (nord-est), les plus graves violences depuis l’élection du président islamiste Mohamed Morsi en juin dernier.
L’Égypte a connu samedi une deuxième journée d’affrontements sanglants, avec la mort de 30 personnes à Port-Saïd (nord-est), les plus graves violences depuis l’élection du président islamiste Mohamed Morsi en juin dernier. L’opposition a fait monter la pression sur le pouvoir en réclamant une solution politique "globale" avec un "gouvernement de salut national", faute de quoi elle pourrait boycotter les législatives prévues dans les tout prochains mois.
Les affrontements à Port-Saïd ont éclaté après l’annonce de la condamnation à mort de 21 Egyptiens pour leur implication dans les violences ayant suivi un match de football l’an dernier dans cette ville. Un bilan de sources médicales fait état de 26 morts et 277 blessés.
Ces heurts interviennent au lendemain du deuxième anniversaire du soulèvement qui fit chuter Hosni Moubarak début 2011, déjà marqué par des violences entre manifestants et policiers qui ont fait neuf morts et plus de 530 blessés à travers le pays.
A Port-Saïd, des proches des personnes condamnées ont tenté d’envahir la prison dans laquelle se trouvaient ces dernières. D’après des témoins, des assaillants inconnus ont ouvert le feu en direction de la police qui a riposté avec du gaz lacrymogène. Deux postes de police ont été pris d’assaut et des tirs nourris se faisaient entendre à travers la ville, selon un correspondant de l’AFP.
Le ministère de l’Intérieur a parlé "d’affrontements violents et sanglants". Un général de l’armée a annoncé le déploiement des militaires pour "rétablir le calme" et protéger les installations publiques.
Port-Saïd est située à l’entrée nord du canal de Suez, mais l’organisme de gestion de cette voie d’eau stratégique pour le commerce mondial a indiqué que le trafic n’était "pas affecté". Néanmoins, selon le ministère grec des Affaires étrangères, un ferry grec en provenance du port israélien de Haïfa a essuyé des tirs samedi matin alors qu’il était ancré à Port-Saïd. Le bateau, où personne n’a été blessé, a depuis repris la mer.
Au Caire, dans la salle d’audience, le verdict a été en revanche accueilli par les cris de joie et les youyous des membres des familles des victimes. Le président du tribunal a fixé au 9 mars le verdict pour le reste des accusés, dont 9 policiers.
Le deuxième anniversaire de la révolte endeuillé
En février 2012, 74 personnes étaient mortes à Port-Saïd après un match entre le grand club cairote d’Al-Ahly et une équipe locale, Al-Masry. Ce drame, le plus meurtrier du football égyptien, s’est produit après la victoire d’Al-Masry, dont des centaines de supporteurs avaient envahi le terrain et lancé des projectiles vers ceux d’Al-Ahly. Les accusés ont récusé toutes les charges.
Les "Ultras" d’Al-Ahly, des supporteurs fervents et organisés qui revendiquent la majorité des victimes, avaient menacé les autorités de "chaos" si le verdict n’était pas assez sévère.
Parallèlement, l’opposition aux islamistes, regroupée au sein du Front du salut national (FSN), a réclamé une "solution globale" à la crise politique incluant notamment la formation d’un "gouvernement de salut national". Faute de quoi, a-t-elle prévenu, elle boycotterait les législatives prévues en principe en mars ou avril, à une date encore à définir, et réclamerait une présidentielle anticipée alors que M. Morsi n’est en fonction que depuis sept mois.
L’opposition laïque et le pouvoir sont à couteaux tirés depuis novembre, date à laquelle M. Morsi s’est doté temporairement de pouvoirs exceptionnels afin d’accélérer un projet de Constitution rédigé par une commission dominée par les islamistes. Des manifestations tournant parfois à la violence avaient déjà eu lieu à l’époque.
Vendredi, les manifestations et heurts à l’occasion de la "Journée de la Révolution" se sont produits dans de nombreuses villes, notamment Le Caire, Alexandrie et Suez. Les manifestants accusent M. Morsi et les Frères musulmans dont il est issu de trahir la "révolution" qui leur a permis d’accéder au pouvoir grâce à une élection présidentielle pour la première fois démocratique.
M. Morsi, qui a appelé dans la nuit ses compatriotes à "rejeter la violence", a participé samedi à une réunion du Conseil national de défense consacrée à la sécurité publique.
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