Égypte : huit tués après 21 condamnations à mort pour le drame de Port-Saïd

Vingt et un Égyptiens ont été condamnés à mort samedi pour leur implication dans des violences l’an dernier à Port-Saïd après un match de football, un verdict très attendu qui a provoqué des affrontements ayant fait au moins huit morts dans cette ville du nord-est.

En février 2012, 74 personnes étaient mortes à Port-Saïd. © AFP

En février 2012, 74 personnes étaient mortes à Port-Saïd. © AFP

Publié le 26 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 26/01/13 à 11h45

Vingt et un Égyptiens ont été condamnés à mort samedi pour leur implication dans des violences l’an dernier à Port-Saïd après un match de football, un verdict très attendu qui a provoqué des affrontements ayant fait au moins huit morts dans cette ville du nord-est.

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Des sources médicales ont fait état de huit morts. Il n’était pas clair dans l’immédiat si ce bilan inclut les deux policiers tués par balle, dont la mort avait été annoncée un peu plus tôt par des sources de sécurité. Selon la télévision d’Etat, plus de 50 personnes ont aussi été blessées dans ces violences qui se sont produites après que des proches des personnes condamnées eurent tenté d’envahir la prison dans laquelle se trouvaient ces dernières.

Selon des témoins, des assaillants inconnus ont ouvert le feu en direction de la police qui a riposté avec du gaz lacrymogène. Des violences ont éclaté dans des rues proches de la prison, et les commerces ont fermé. L’armée a décidé de se déployer dans cette ville pour rétablir le calme et la stabilité, a indiqué Ahmed Wasfi, un général de l’armée cité par l’agence Mena.

Dans la salle d’audience au Caire, le verdict a en revanche été accueilli par les cris de joie et les youyous des membres des familles des victimes. La justice a dit avoir transmis son verdict au mufti d’Egypte, les condamnations à mort devant être autorisées par cette autorité religieuse musulmane.

Le président du tribunal a en outre fixé au 9 mars le verdict pour les 52 autres accusés, dont 9 policiers, jugés depuis avril pour leur responsabilité présumée dans les violences au stade de Port-Saïd.

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En février 2012, 74 personnes y étaient mortes après un match entre le grand club cairote d’Al-Ahly et une équipe locale, Al-Masry. Ce drame, le plus meurtrier du football égyptien, s’était déroulé au stade après qu’Al-Masry avait fait subir sa première défaite de la saison (3-1) à Al-Ahly.

Morsi appelle à rejeter la violence

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Le verdict de ce procès, qui était très attendu, intervient au lendemain du deuxième anniversaire du début du soulèvement ayant renversé Hosni Moubarak, qui a été marqué par des violences ayant fait sept morts et 450 blessés dans le pays, selon le ministère de la Santé. D’après le ministère de l’Intérieur, 95 policiers font partie des blessés. L’armée a déployé dans la nuit des hommes et des blindés légers pour protéger les bâtiments de la police et du gouvernorat local à Suez –où six personnes ont été tuées.

Manifestations et heurts se sont produits ailleurs dans le pays, notamment aux abords de la place Tahrir au Caire et à Alexandrie (nord). A Ismaïliya (nord-est), des manifestants ont mis le feu au siège local du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation politique des Frères musulmans, et envahi le siège du gouvernorat. Des bâtiments publics ont également été la cible des contestataires à Damiette (nord) et Kafr el-Cheikh (delta du Nil).

Le président islamiste Mohamed Morsi a appelé ses compatriotes à "rejeter la violence dans les paroles et dans les actes" et promis que les responsables de ces heurts meurtriers seraient "traduits en justice", dans des messages postés dans la nuit sur ses comptes Twitter et Facebook.

La colère des manifestants est dirigée contre le président Morsi et les Frères musulmans dont il est issu, accusés d’avoir failli à la "révolution" qui leur a permis d’accéder au pouvoir par le biais d’une élection présidentielle pour la première fois démocratique. L’opposition, qui avait appelé à défiler, accuse aussi les islamistes de perpétuer un système socialement injuste, et de privilégier l’idéologie islamiste sur l’intérêt général.

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