Prise d’otages en Algérie : dénouement sanglant, 21 otages et 32 ravisseurs tués

Vingt-trois ressortissants étrangers et algériens ont été tués dans la spectaculaire prise d’otages sur un site gazier en Algérie, qui a pris fin samedi avec la mort des ravisseurs islamistes dans l’assaut final des forces spéciales de l’armée.

Capture d’écran d’une vidéo d’Ennahar TV montrant des otages du site gazier. © AFP

Capture d’écran d’une vidéo d’Ennahar TV montrant des otages du site gazier. © AFP

Publié le 20 janvier 2013 Lecture : 4 minutes.

Samedi, onze ravisseurs ont tué leurs sept derniers otages étrangers avant d’être abattus par l’armée algérienne sur le site d’In Aménas (1.300 km au sud-est d’Alger), où des centaines d’Algériens et des dizaines d’étrangers avaient été pris en otages mercredi, ont rapporté les médias officiels.

Selon un bilan provisoire du ministère de l’Intérieur, les forces spéciales qui avaient lancé jeudi leur opération ont pu "libérer 685 employés algériens et 107 étrangers". Elles ont aussi abattu 32 ravisseurs, membres du groupe "Signataires par le sang" de l’Algérien Moktar Belmokhtar.

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Le bilan risque d’être "revu à la hausse", a indiqué dimanche matin le ministre algérien de la Communication, Mohamed Said, sur la radio publique Chaîne 3.

Outre les 21 otages morts durant leur capture, deux personnes -un Algérien et un Britannique- ont été tuées dans une attaque menée contre un bus transportant des employés du site par ce même groupe juste avant le début de la prise d’otages.

La nationalité des 21 morts n’a pas été précisée par le ministère. Parmi les otages figuraient des Occidentaux et des Asiatiques.

Selon la télévision publique algérienne, citant de "hauts responsables militaires", les preneurs d’otages étaient de "nationalité libyenne, néerlandaise, tunisienne, syrienne, égyptienne, malienne, yéménite et canadienne".

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Alors que des pays occidentaux se sont inquiétés de l’opération algérienne, le président français François Hollande a estimé que l’Algérie avait eu "les réponses" les "plus adaptées" car "il ne pouvait y avoir de négociation" avec les preneurs d’otages.

Samedi, le président américain Barack Obama, s’exprimant pour la première fois depuis le début de cette crise, a estimé que les "terroristes" islamistes étaient les responsables de la mort des otages.

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"La responsabilité de cette tragédie revient aux terroristes qui en sont à l’origine, et les Etats-Unis condamnent leurs actions de la façon la plus forte", a estimé M. Obama.

Les ravisseurs avaient affirmé que leur prise d’otages avait été menée notamment en représailles à l’intervention militaire française au Mali qui a bénéficié d’un soutien logistique d’Alger.

L’assaut final, qui a mis fin à l’une des plus spectaculaires prises d’otages internationales des 10 dernières années, a été donné en milieu de matinée. "L’armée a abattu 11 terroristes et le groupe terroriste a assassiné sept otages étrangers", a précisé la télévision d’Etat.

Etrangers portés disparus

Parmi les otages confirmés morts jusqu’à vendredi par leurs pays figurent notamment des ressortissants de France, des Etats-Unis, de Roumanie et de Grande-Bretagne.

Londres a indiqué que six Britanniques étaient morts ou portés disparus, alors que le groupe pétrolier norvégien Statoil, qui gère le site d’In Amenas avec le Britannique BP et l’Algérien Sonatrach, a fait état de cinq Norvégiens manquants.

Dix Japonais étaient toujours portés manquants plusieurs heures après l’assaut final, a annoncé dimanche leur employeur nippon. La chaîne américaine NBC a indiqué que le sort de deux Américains restait inconnu.

Le photographe de l’AFP a vu passer samedi un camion à bord duquel se trouvaient cinq cercueils qui se dirigeait vers l’hôpital d’In Aménas, où sont soignés les blessés.

En fin d’après-midi, des diplomates britanniques à bord de 4X4 ont pénétré dans le bâtiment, suivis de journalistes de la télévision publique. Les rares autres, dont l’AFP, ont été interdits d’accès.

D’après des "sources jihadistes" citées par l’agence mauritanienne ANI, le commando était dirigé par Abdelrahmane, dit "le Nigérien", et était composé d’une quarantaine de personnes venues du Niger.

Selon ces sources, Belmokhtar proposait à Paris et Alger de négocier pour "l’arrêt de la guerre livrée par la France" au Mali. Il voulait aussi "échanger les otages américains" contre l’Egyptien Omar Abdel-Rahman et la Pakistanaise Aafia Siddiqui, emprisonnés aux Etats-Unis pour terrorisme.

Dans un message audio enregistré dès jeudi soir, et diffusé samedi par l’agence ANI, Abdelrahmane avait prévenu que les derniers otages seraient tués si l’armée algérienne s’approchait trop près du site.

"Certains otages sont encore vivants et ils sont retenus par certains de nos frères dans le site gazier", avait-il déclaré, selon une traduction du SITE, le centre américain de surveillance de sites islamistes. "Par Allah, on les fera exploser si l’armée algérienne se rapproche de nous".

"Enveloppés d’explosifs"

Plusieurs des rescapés ont raconté leur calvaire. Selon l’épouse d’un Philippin blessé, Ruben Andrada, les otages ont été enveloppés d’explosifs et installés dans des camions piégés.

"Ils lui ont mis une bombe sur lui, comme un collier", a dit Edelyn Andrada. "Heureusement, elle n’a pas fonctionné. Les bombes dans les autres véhicules ont été déclenchées et des gens sont morts".

Face aux critiques étrangères sur la façon dont a été mené l’assaut, une source gouvernementale algérienne a estimé qu’il avait été mené dans des conditions "extrêmement complexes", et avait évité un "véritable désastre".

Elle a expliqué que le groupe était doté d’un arsenal de guerre constitué de missiles, lance-roquettes, grenades, fusils-mitrailleurs et fusils d’assaut.

Une opération de déminage des installations de l’usine de gaz, où étaient retenus les derniers otages, est en cours, a annoncé Sonatrach. "L’usine a été minée dans le but de la faire exploser".

Le ministre algérien de l’Energie Youcef Yousfi a pour sa part affirmé que l’Algérie n’avait pas réduit ses exportations de gaz suite à la prise d’otages.

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