Tunisie : deux ans après la chute de Ben Ali, nouveaux heurts avec des policiers dans le Sud

De nouveaux heurts ont opposé des manifestants à la police samedi à Ben Guerdane, ville du sud tunisien près de la frontière libyenne, des violences nourries par les frustrations sociales en Tunisie qui fêtera lundi les deux ans de sa révolution.

Un fourgon de police stationne devant les locaux du parti Ennahada à Ben Guerdane. © AFP

Un fourgon de police stationne devant les locaux du parti Ennahada à Ben Guerdane. © AFP

Publié le 13 janvier 2013 Lecture : 2 minutes.

Une foule de jeunes, excédés par leurs conditions de vie et le chômage, se sont rassemblés dès la matinée face au commissariat qu’ils avaient incendié jeudi et ont lancé des pierres en nombre sur les policiers qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, selon un journaliste de l’AFP. En fin d’après-midi, les policiers ont quitté le poste pour se réfugier dans les locaux de la garde nationale, l’équivalent de la gendarmerie.

Quelques heures plus tard, des affrontements ont repris de plus belle et le commissariat a été incendié une seconde fois. Des manifestants ont dit avoir réagi ainsi pour protester contre des déclarations du Premier ministre, Hamadi Jebali. "L’Etat comprend les revendications sociales et respecte la liberté d’expression, mais ne tolère point les saccageurs, les trafiquants de drogue et les agresseurs", a dit M. Jebali, selon l’agence officielle TAP, au sujet de la situation à Ben Guerdane. Aucun bilan des affrontements, qui ont débuté il y a une semaine, n’a été fourni. Le ministère de l’Intérieur n’a fait aucun commentaire sur ces violences.

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Les slogans des émeutiers à Ben Guerdane visaient en particulier le parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement et dont le siège a aussi été saccagé et pillé cette semaine. "Ben Guerdane est libre, Jebali dehors!" scandaient les manifestants, masqués pour la plupart.

Échec de la conciliation

Une réunion de conciliation a échoué en milieu de journée, selon Amar Hamdi, le dirigeant de la branche locale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), principal syndicat du pays. "Les autorités présentent les évènements comme un problème sécuritaire alors que nous réclamons des projets de développement", a-t-il dit, dénonçant "qu’aucun membre du gouvernement n’est venu à Ben Guerdane pour essayer de résoudre le problème".

Les violences y ont éclaté le 6 janvier après une manifestation réclamant la réouverture de la frontière tuniso-libyenne, qui avait été fermée début décembre à l’initiative de la Libye et avait bloqué le commerce transfrontalier, une source de revenu importante pour la région.

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M. Jebali a obtenu sa réouverture jeudi, mais la contestation ne s’est pas pour autant essoufflée, entraînant une fermeture temporaire du poste-frontière de Ras Jdir ces deux derniers jours. "Nous ne voulons pas que la réouverture de Ras Jdir, nous voulons des projets de développement", a dit à l’AFP l’un des manifestants.

Les mouvements sociaux dégénérant en violences se sont multipliés ces derniers mois en Tunisie, compte tenu des espoirs socio-économiques déçus après la première des révolutions du Printemps arabe.

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